François Delpla a écrit:O que oui !
Et nous allons de ce pas renvoyer le lecteur au lien
http://www.delpla.org/article.php3?id_article=117, non sans donner le titre de la sous-partie, que dans ta précipitation tu n'as pas dû lire : "Chronique d'un procès qui n'a pas eu lieu"
Navré, mais je ne vois rien qui démente ce que j'ai écrit.
Vous allez maintenant jusqu'à nier l'existence de ce procès, alors que vous écriviez vous même noir sur blanc que vous avez été assigné en justice et que le tribunal aurait cherché à terroriser les historiens dans les attendus de son verdict ?
Par ailleurs, toi qui n'as visiblement pas lu de très près (tu vois, je suis prudent, moi !) l'ouvrage en question signé Paul Reynaud, tu le diffames en le traitant de pro-allemand alors que ce n'est nullement le cas (l'expression "une thèse discrètement pro-allemande" étant du journaliste Sébastien Fontenelle, un type très bien au demeurant, mais à qui je n'ai jamais donné mon aval sur ce point). J'écris fort clairement de mon côté (à la même adresse; et, à l'origine, sur un forum, en 2000) :
"On a aussi écrit à tort que le document présentait Paul Reynaud comme "fasciste", "pro-allemand" ou "pro-hitlérien", alors que la seule conclusion que j’en tirais, concernant l’ardeur antinazie de Paul Reynaud, était qu’en janvier 1935 il "tardait à reconnaître le nouveau danger militaire allemand". En réécrivant ces pages, j’ai pu montrer, avec de nouveaux documents non utilisés lors de la première édition, que sa première expression publique sur le sujet datait non de janvier 35 (date du document erroné) mais de mars, date de son premier discours sur l’arme blindée, écrit par son conseiller militaire rencontré fin 34, un certain de Gaulle ! Ainsi, ceux, heureusement peu nombreux mais hélas parfois influents, qui ont pris parti contre moi dans cette affaire, se rendent exactement coupables de ce qu’ils me reprochent : traiter à tort de nazi un honorable citoyen nommé Paul Reynaud."
Blablabla...
Vous avez accusé Reynaud d'avoir été l'auteur d'une thèse pro-allemande. Et c'est là dessus que votre livre a été retiré des ventes. C'est là dessus que vous avez été jugé. Ne le niez pas.
J'ai aussi fait observer, lors d'un précédent échange avec Nicolas, qu'il n'y avait pas eu de ma part dans cette affaire une erreur de lecture. Il le répète néanmoins sans sourciller.
Vous avez accusé Paul Reynaud à tort, et vous niez avoir commis une erreur de lecture ? Après nier l'existence du procès ?
Concernant Yamamoto, c'est un peu différent.
Pas tellement, non.
Il y a bien dans un document un terme, "commandant en chef", que j'ai appliqué à l'amiral sans m'aviser qu'il pouvait peut-être aussi désigner, en l'occurrence, son subordonné Nagumo.
Il
désignait Nagumo, comme vous auriez peut-être pu vous en apercevoir en lisant la suite du bouquin, et en vous renseignant sur ce dernier.
Nicolas a eu tout à fait raison de le faire remarquer. Il est persuadé, lui, qu'il s'agit de Nagumo,
Mais la lecture du document est sans équivoque à cet égard : ce fameux "commandant en chef" était Nagumo ! C'est ainsi qu'il est désigné dans le document. Et même ailleurs.
je ne veux pas lui en donner quitus avant d'avoir trouvé le temps de revoir le dossier en détail -et c'est entièrement de sa faute : il n'avait qu'à pas aborder la chose de but en blanc sur un forum avec deux acolytes à une époque où nous correspondions en privé.
Vous travestissez une fois de plus la réalité.
Tout d'abord, je n'ai pas
"abordé la chose avec deux acolytes". Le débat est né sur un forum de discussion, tout simplement.
Enfin, lesdits
"acolytes" étaient des contributeurs qui ne faisaient pas partie d'un quelconque "complot".
L'un d'entre eux n'était autre que Christian-Jacques Ehrengardt, célèbre historien français de l'aviation, doté d'un solide bagage intellectuel sur la Guerre du Pacifique, et rédacteur en chef du magazine
Aéro-Journal.
Quant à l'autre, il s'agissait de Loïc Bonal, un spécialiste de l'Histoire militaire que certains membres de ce forum doivent connaître un peu. Loïc a déjà publié un certain nombre d'articles dans diverses revues, telles qu'
Histoire de Guerre.
Le débat en question a révélé :
1) votre erreur de lecture ;
2) votre ignorance réelle de la réalité militaire japonaise à la fin de 1941 ;
3) votre mauvaise foi lorsque, pris la main dans le sac, vous avez fini par nier avoir écrit ce que vous aviez écrit - comme vous le faites d'ailleurs ici.
Comme par hasard, ce débat fait partie de ceux qui n'ont pas été reproduits sur votre site.
Cependant :
-rapprocher cela de l'homonymie "Reynaud" est un amalgame qui ne tient pas la route : notamment parce que dans le cas de Reynaud il s'agissait d'un document marginal, sans lien avec la thèse générale, parfaitement étayée et incontestée, du livre (contrairement aux criailleries des plaignants, que Nicolas répercute comme vérités d'Evangile; c'est peut-être cela, choisir son camp ?) ;
Dans les deux cas, il y a erreur de lecture.
Cessez de prendre vos lecteurs pour des crétins.
-je répète que je n'ai jamais accusé Yamamoto de "trahison";
Ah ouais ? Vous revenez encore une fois sur vos propos ?
François Delpla avait écrit que Yamamoto avait sciemment cherché à saboter son plan d'attaque de Pearl Harbor. Ce pacifiste pragmatique tenait en effet à ce que sa force de frappe soit repérée sur le chemin des Hawaii par les Américains. Dans l'hypothèse, elle aurait eu à faire demi-tour, et la guerre était évitée.
François Delpla écrit ainsi, dans la conclusion de son ouvrage consacré à la bataille (jamais publié) :
Obligé de proposer quelque chose, il lance le défi le plus fou, espérant jusqu'au bout que le projet se brisera sur l'un des obstacles qui hérissent sa route.
Il allait beaucoup plus loin dans un article paru en 2001 dans la revue
Histoire de Guerre :
Cela, nous le savons depuis 1993, date de la publication des Pearl Harbor Papers par une équipe américaine qui avait déjà écrit de nombreux ouvrages sur Pearl Harbor... sans mentionner ce texte. Mais il comporte un passage plus révélateur encore, suivant lequel l’amiral Yamamoto, concepteur de l’opération, ayant à choisir entre la route du sud, moyennement encombrée, celle du milieu, très encombrée, et celle du nord, peu courue, avait choisi d’abord... celle du sud, et n’y a renoncé que tardivement, sous la pression de ses subalternes. Sur la route nord rien ne garantissait l’incognito, Tokyo ne maîtrisant ni la réaction de Staline en cas de rencontre de la « Task Force » avec un chalutier soviétique, ni la répartition, par les Américains, de leurs moyens de reconnaissance aérienne. Mais le choix longtemps maintenu de la route sud prouve que Yamamoto tenait à se faire repérer. Or, dans le débat sus-mentionné, il était pacifiste, et des plus résolus. C’était aussi un grand technicien, un patriote... et un joueur. Il avait résolu ses contradictions en jouant à qui perd gagne... et il a gagné, donc perdu.
Yamamoto aurait donc imposé à la Flotte, dans un premier temps, une route qui lui aurait immanquablement valu de se faire repérer, de manière à faire avorter son offensive aéronavale. François Delpla lui donne ainsi un rôle actif, un rôle de saboteur.
Mais après avoir eu accès à ma contre-argumentation, il est quelque peu revenu sur ses propos, niant avoir écrit ce qu'il avait écrit :
Ce que j’ai dit et dis toujours, c’est que, adversaire notoire d’une entrée en guerre du Japon en 1941, il propose en début d’année une agression contre Pearl Harbor à titre de démonstration par l’absurde, que les bellicistes lui disent "chiche" et qu’il assume la direction de la préparation du coup en espérant que tôt ou tard quelque chose se mettra en travers.
Il y a là ce que j'appelle une régression...
Car enfin, comment qualifier autrement l'action qu'il prête à Yamamoto ? Comment qualifierait-on Guderian s'efforçant de faire repérer ses troupes dans la région de Sedan au printemps 1940 pour éviter la guerre avec la France ? Comment qualifierait-on Eisenhower s'il avait tenu à ce que l'armada du 6 juin 1944 se fasse repérer avant le débarquement de Normandie ?
Pour une étude historique de la préparation japonaise qui tord le cou aux interprétations delplaïques, je renvoie à mon article précité, paru dans
Histoire de Guerre à l'été 2005.
-ce que je dis de son attitude tient parfaitement sans l'appoint de ce document, que j'ai été le premier à utiliser. Moralité : restez bien au chaud dans les sentiers battus ! Ca vous évitera de vous faire accuser à tout bout de champ, du moins par des contradicteurs en peine d'arguments, de chercher le scoop ou le sensationnel.
Et le voilà à présent qui m'injurie et nie l'existence de mes arguments... Pratique, ça évite de les discuter.
Beau sens du débat, François.