Post Numéro: 37 de Igor 02 Jan 2005, 13:24
L’ouvrage que je suis en train de lire donne des précisions intéressantes sur les effets des bombardements alliés. Tout d’abord, les répercussions sur l’économie apparaissent très limitées. Selon Albert Speer, la production d’armement du Reich est passée de l’indice 98 en 1941, à l’indice 322 en juillet 44. D’après des estimations faites après la guerre, les bombardements auraient entraîné une diminution de la production de l’ordre de 10 %. On pourrait donc conclure à leur inefficacité relative, surtout au regard des efforts des Alliés : 54 000 tonnes de bombes ont été larguées en 1942, 230 000 en 1943, contre 1 200 000 en 1944 et 480 000 en 1945. A la fin de 1944, le Bomber Command dispose de 1 600 appareils, la 8th Air Force de 3 800 (contre 1 800 au début de l’année) et la 15th Air Force de 1 500 (contre 800 au début de 1944). Même si en 1944, une part importante des bombardements a touché l’ouest du Rhin en raison de l’ouverture du second front. En fait, c’est seulement à partir de la fin 44 que le Reich fut vraiment écrasé sous les bombes. Dans les dernières semaines de la guerre, les communications en Allemagne étaient quasiment interrompues.
En revanche, d’un point de vue strictement militaire, les bombardements ont contraint les autorités du Reich à consacrer d’importants moyens à la défense aérienne :
- en 1943, la moitié de la production d’obus de 88 mm est destinée à la FLAK. La proportion est la même pour les canons lourds (entre 41 et 43)
- les effectifs de la FLAK passent de 600 000 à 900 000 hommes entre 1943 et 1944
- dès 1942, les ouvriers allemands de l’Organisation Todt sont rapatriés en Allemagne, afin de réparer les dégâts causés par les bombardements. Ainsi, suite à l’attaque contre les usines d’hydrogénation en mai-juin1944, 350 000 ouvriers sont nécessaires pour assurer leur remise en état
- il faut également tenir compte du coût des délocalisations d’usines vers l’Est
- à la fin de l’année 42, plus de 50 % des chasseurs de la Luftwaffe sont massés à l’Ouest. En 1943 ce pourcentage monte à 80 %
- enfin la totalité du matériel radar est réquisitionnée pour la défense contre les bombardements.
On voit donc que toutes ces ressources (en hommes et en matériels) ont cruellement manqué à l’Allemagne sur les autres fronts, Est et Ouest. Les bombardements ont donc été efficaces.
Enfin, un dernier mot sur les victimes civiles. Estimées à 600 000, il y a probablement eu beaucoup plus, au moins un million de morts. C’est ce qu’estime l’auteur, en se basant sur les comparaisons avec les bombardements sur la France et la Grande-Bretagne.
source: SCHNETZLER Bernard, Les erreurs stratégiques du IIIe Reich pendant la Deuxième Guerre mondiale, Economica, 2004