Narduccio a écrit:Voici une thèse séduisante, géniale. Mais, je ne peux m'empêcher depuis que j'ai lu le premier message et que j'en ressasse les tenats et aboutissants de ressentir une certaine frustation. Il y a quelque chose qui me choque, quelque chose au fond de moi qui crie et qui dis: "fais attention à l'imposture". Mais, voilà, j'arrive pas à trouver ce qui pêche dans cette thèse si séduisante et qui semble coller à la réalité. Et puis, aujourd'hui, la vérité me frappe et cela me semble tellement gros que je me dit que c'est pas possible.
Et pourtant. Si l'on relie ces 2 guerres en un seul évènement on efface en même temps la spécificité de la Seconde Guerre Mondiale. Et oui, ce n'est plus qu'une guerre civile entre européens. Le génocide, la Shoah, la barbarie nazie ne deviennent plus qu'une péripétie de cette guerre civile. Tout le monde sait que pendant une guerre civile les parties constituantes d'une nation s'élèvent les unes contre les autres et font, d'habitude, rarement fi des lois de la guerre. Alors, il ne s'agit plus que de barbarie entre les constituants de la nation européenne. A part que pour les combattants de 14/18, la nation européenne ne représente pas grand chose. La plupart n'arrivant suremement pas à imaginer que l'on puisse sérieusement prétendre que dans les différentes "races" (pour utiliser le langague de l'époque) qui sont parties prenantes du conflit on puisse prétendre en faire une seule et unique nation. A l'époque on parlait en France de la race teutonne et de la race anglaise et on parlait de même dans les divers pays. Les personnes qui vivaient en 14/18 voyaient éssentiellement les différences qui éxistaient entre les divers peuples constituants cette nation européenne qui presque 100 ans après n'éxiste toujours pas réellement (n'a-t-on pas voté contre l'un des pas menant à l'instauration de cette nation, il y a peu ?)
Donc, pour qu'il y ait guerre civile, il faudrait qu'il y ait nation, ou peuple, enfin suffisamment de choses communes pour que l'on puisse y voir une certaine unité antérieurement à l'explosion de cette "guerre civile".
Ensuite, c'est éffectivement bien pratique pour en amalgamant ces 2 tragédies en effacer les singularités. Effacer est encore plus efficace que nier, et moins risqué.
Bref, voilà donc les raisons qqui me font repousser cette théorie. Plus j'y réfléchi et plus elle me choque.
Ernst Nolte, qui, comme le rappelle Igor, a élaboré en premier cette théorie, pensait que le nazisme ne pouvait se comprendre sans faire référence au bolchévisme.
La Révolution de 1917 entraine en quelque sorte un déchainement idéologique, action-réaction, qui prend fin en 1945, selon lui.
Il n'atténuait pas la Shoah, mais la voyait comme précédée par le goulag.
Je ne me souviens plus exactement, mais il définissait 4 ou 5 étapes d'annihilation de l'autre, dans le cadre des régimes totalitaires.
A ses yeux Staline & Co n'avaient pas franchi la dernière étape, ce que Hitler a fait, lui.
La guerre civile européenne
Ouvrage paru en 1987
Je ne l'ai pas lu.
Il explique également que ces grandes idéologies trouvent leurs bases dans la révolution industrielle, les peurs qu'elle engendre.
Voilà.
Personnellement je ne sais trop que penser.
Je ferais remonter la naissance des idéologies non à 1917 mais à 1789, personnellement.
Auschwitz est bel et bien unique, point barre.
La réaction à la société industrielle comme l'une des causes de l'avènement des régimes totalitaires est interessante.
Le nazisme faisait référence à la forêt, origine à ses yeux du "peuple germanique". Il a tenté de la protéger, du reste.
Le communisme idéalisait les tribus antérieures au Tsar.
Le fascisme mussolinien adorait l'Empire romain.
Pétain et sa "France des milles villages"...
La référence à un état originel idéalisé pré-industrialisation est une constante des régimes totalitaires. Karl Popper y voyait l'influence de Platon.
Si vous voulez je pourrais essayer de retranscrire quelques interviews et articles de Nolte.
Cordialemnt.
PS:désolé si erreurs
Dernière édition par Chindit le 26 Déc 2005, 22:51, édité 1 fois.