Post Numéro: 265 de François Delpla 24 Sep 2016, 18:29
Ce n'est pas beau de modifier une citation : je n'emploie quasiment jamais de points de suspension en fin de phrase.
Ceux-ci, en revanche, trahissent peut-être vos gros sabots.
En tout cas, non, je ne veux pas dire que le meurtre des Juifs de France était prévu ou planifié en octobre 1940. Ne serait-ce que pour une raison : Hitler, qui a décidé Barbarossa en juillet, espère envers et contre tout que Londres signera la pais avant, ce qui signifierait l'évacuation de la France.
En revanche, la rage meurtrière de Hitler envers les Juifs est pleine et entière le 16 septembre 1919, dans son premier texte antisémite (et politique) connu. En effet, il y condamne absolument les pogroms, non pas parce qu'ils font des victimes, mais parce qu'ils les font dans la passion. Il s'agit de passer à un antisémitisme "rationnel".
Comme l'a bien vu Hilberg, cela commence par la mise en fiches.
Par le statut du 18 octobre, comme par diverses mesures de recensement dans les deux zones, Pétain donne au plus cruel antisémite de l'histoire de grandes facilités pour se saisir de la totalité de la population juive qu'il administre. Le reste est une question de moyens, d'occasions, de priorités.
Peut-être est-il utile de rappeler qu'à mon avis il n'agit pas par antisémitisme, mais par patriotisme, en fonction de la fin de la guerre telle qu'il la prévoit. En juin il est persuadé que l'Angleterre va dans le mur à brève échéance, en octobre il a enfin compris que la guerre durera mais ne croit toujours pas possible une libération de la France par les armes et pense que l'Allemagne a la main sur le continent, pour longtemps; dans ces conditions, il convient de ne pas la contrarier dans ses lubies et de feindre de les partager, au moins en partie.