une petite blague qui avait cours au vieux temps de l'Union Soviétique.
Pour planter le décor pour les plus jeunes: l'URSS vivait avec une "économie planifiée". C'était l'Etat qui fixait les quotas de production des usines et se chargeait de la répartition dans les magasins.
Cela avait plusieurs conséquences:
- Les dirigeants des usines avaient tendance à exagérer la production de leur usine (leur salaire en dépendait). Il y avait donc des productions "fantôme", qui, bien sûr, n'arrivaient jamais dans les magasins.
- Cela également au détriment de la qualité. On fabriquait même s'il manquait une pièce ou un ingrédient, quitte, par exemple, à ne fabriquer que des chaussures droites parce qu'on ne pouvait faire les gauches. On comptait le nombre de chaussures fabriquées, on divisait par deux et, hop, le quota était rempli!
- La répartition elle-même souffrait de l'incompétence et des moyens limités: on pouvait avoir une pléthore d'accordéons à Moscou, mais manquer de beurre, et l'inverse dans une autre ville. Un ami qui avait fait ses études là-bas me racontait qu'ils trouvaient de la bière à des coûts dérisoires. Non pasteurisée, elle ne se conservait pas et le stock était bradé.
- Devant ces carences, les habitants des villes faisaient comme ils pouvaient. Dès qu'un magasin recevait une marchandise, il se formait spontanément une queue. Le bouche à oreille fonctionnait, ou... on se rajoutait parfois à la queue sans même savoir ce qu'il y avait à vendre. Tout était bon à prendre.
Après cette présentation, la blague soviétique:
Une queue s'est formée devant le supermarché dès 6h du matin : ils doivent recevoir des cornichons en bocaux de RDA, les meilleurs!
Vers 7h, le gérant apostrophe la foule des gens qui attendent patiemment l'ouverture. "Y-a-t-il des Juifs dans la queue?". Quelques mains se lèvent. "Vous pouvez rentrer chez vous. Il n'y aura pas de cornichons pour vous." Les mains levées quittent la file.
Deux heures plus tard le même gérant revient "Y-a-t-il des gens qui ne sont pas du Parti dans la queue?". Même réaction, les mains, "pas de cornichons", les gens qui partent.
Deux heures après, le gérant revient une dernière fois "Tout le monde est bien affilié au Parti?" "Oui, Oui,..."
"Bien, Camarades, je peux vous l'avouez à vous car vous, qui êtes des bons et fidèles Communistes, pourrez le comprendre: les cornichons ne viendrons pas.". Les Camarades quittent la queue en maugréant ayant perdu leur matinée pour rien. L'un d'eux murmure alors "Ces sales Juifs, toujours favorisés!"