Daniel Laurent a écrit:Une citation de ce livre , page 226Robert Aron fait certes quelques erreurs de dates et de chiffres, mais dans l'ensemble rien n'est caché de l'action de Vichy et de la police française. Vu la date à laquelle son livre parait (1955), il est même remarquable par la précision de sa description à une période où on s'intéresse très peu au sort des Juifs pendant l'Occupation. Alors, Klarsfeld parle-t-il d'Aron sans l'avoir, ou bien l'a-t-il lu avec de tels a priori qu'il en a transformé complètement le sens ? Toujours est-il que si, sur un texte si peu ambigu, il se produit de telles déformations, on comprend ce qui peut se passer sur des textes d'archives pas toujours clairs, ni complets
Aron ! Dont on sait depuis des lustres que ses ouvrages sont vivement sympathiques envers Vichy...
Et qu'un historien pas plus mauvais qu'un autre a pris en flagrant délit de falsification :
http://www.delpla.org/article.php3?id_article=510
Robert Aron ne fait pas uniquement quelques erreurs de dates et de chiffres, il lui arrive fréquemment de "manipuler" des textes ou des citations soigneusement choisis en les tronquant de phrases ou de mots qui iraient à l'encontre de ses affirmations.
Outre les falsifications décrites dans l'article de François Delpla - http://www.delpla.org/article.php3?id_article=510 - proposons un autre exemple relevé par Marc Ferro dans sa biographie de Pétain :
Au lendemain de Mers el-Kébir, l'Allemagne aurait demandé au gouvernement français son appui "pour poursuivre d'une manière efficace sa lutte contre l'Angleterre" en mettant notamment à sa disposition les terrains d'aviation du Maroc et le chemin de fer de Tunis à Rabat.
Quelle fut la réponse de Vichy telle que reproduite par Robert Aron :
Je suis fondé de croire [écrit Pétain] que les demandes du gouvernement allemand placent le gouvernement français devant une situation entièrement nouvelle et posent des problèmes dont l'ampleur et la gravité dépassent la compétence de la commission de Wiesbaden. J'estime que seule une négociation peut apporter une solution à ces problèmes.
Et Robert Aron de conclure:
Décision révélatrice, elle montre que Vichy simultanément ne veut pas résister ouvertement au Reich et est décidé, coûte que coûte, à préserver l'empire d'une mainmise nazie.
Mais, Aron a omis de reproduire le dernier paragraphe du texte adressé à Hitler :
En exprimant cet avis, je pense que mon pays peut faire entendre utilement sa voix. J'ai le désir sincère qu'après tant de dissentiments nos pays parviennent à mieux se comprendre.
En coupant ainsi la citation, Aron fait croire à ses lecteurs que ce texte signifie la volonté de "ne pas résister ouvertement et de préserver l'empire" alors que la dernière phrase manifeste le désir d'ouvrir une négociation sur un terrain plus large, celui de la collaboration.
C'est d'ailleurs ainsi que les Allemands le comprennent.
Montoire n'est pas loin.
Francis.