Bonjour à tous,
L'on parle beaucoup sur la toile de ce nouveau film qui je crois n'est sorti qu'en DVD. Après visionnage il convient donc d'en faire la critique !
Inspiré du livre
First Light: The Story of the Boy Who Became a Man in the War-Torn Skies Above Britain sorti en 2002 par
Geoffrey Wellum (incarné dans ce film par le jeune
Sam Heughan), ce film donc est une transposition d’une partie de ses mémoires sur la période de la bataille d’Angleterre. Le film est d’ailleurs ponctué de
flash back où l’on retrouve Geoffrey Wellum qui se souvient près de 70 ans plus tard, de la guerre qu'il a vécu.
Avant de le visionner il ne faut donc pas s’attendre à voir un nouvel épisode de cet affrontement (qui ne saurait d’ailleurs égaler le
film de Guy Hamilton) mais bel et bien un témoignage porté à l’écran. La qualité de réalisation et de mise en scène se voit d’emblée d’ailleurs : une qualité de docu-fiction BBC, une qualité de film comme on la retrouve souvent dans les (trop) nombreux films qui sortent sur le second conflit mondial ces derniers temps et qui renouvellent le genre sans l’égaler.
Ce film est donc axé sur le vécu des pilotes à qui il est dédié, je cite le générique de fin :
« Ce film est dédié aux pilotes qui ont défendu la liberté pendant la 2e Guerre » et il faut le prendre comme tel. Le film commence donc en mai 1940, la bataille de France fait rage, les pertes se voient au mess et la RAF commence à avoir besoin de pilotes, parfois avec peu ou pas d’expérience, c’est le cas du héros. Nous avons donc déjà, dès le début, une vision de l’univers de la base, la déconsidération ou du moins le bizutage gentillet exercé par les « anciens » sur les « gamins », les « bleus » qui arrivent pour remplacer les camarades morts. On observe déjà le dualisme entre ces deux catégories et une sorte d’admiration et de respect craintif envers ceux qui vont au feu, c’est ce que ressent le héros qui a l’air de bien représenter les petits jeunes qui durent débuter sur Spitfire sans formation. (Il faut dire que l’acteur qui l’interprète ne réussit que trop bien à camper le personnage, l’on dirait qu’il a même un balai dans le … tellement il est rigide et timide)
L’on découvre par ailleurs une vision de la vie dans les baraquements tels que ne le montrait pas toujours la Bataille d’Angleterre. Celle du repos du soir, de la beuverie nécessaire, pour oublier, pour tenir jusqu’au lendemain. On retrouve aussi l’ambiance pesante dans la chambrée, le héros la partageant avec un ancien visiblement déjà en étant de stress post-traumatique. Aussi ceux qui ont apprécié cette atmosphère du soir dans
Un homme de fer ou encore
Opération V2 la retrouveront un peu dans ce film. Mais comme ici il s’agit de chasseurs on retrouve aussi cette atmosphère très tendue près ou dans le bâtiment de dispersion et l’angoisse de la sonnerie du téléphone avant le départ, comme dans
la Bataille d'Angleterre.
Sur l’herbe, de beaux spit, même si quelques erreurs sont visibles entre tripales et quadripales (voir avec Marc pour plus de détails
), des distances un peu longues entre les bâtiments et les appareils tout de même un peu bizarre aussi (enfin je ne suis pas expert). Le rôle de l’équipe technique est très bien mis en avant, ce qui est peu commun, et le personnage bourru campé par Paul Kynman ne fait que renforcer ce respect et cette admiration pour les rampants. On retrouve même l’évocation de la 1e GM avec l’ancien qui dirige la base, qui évoque ses souvenirs et est toujours prêt à soutenir moralement ses pilotes (incarné par
Gary Lewis que l’on a déjà vu dans le rôle du pasteur dans
Joyeux Noël)
L’on voit bien évidemment des séquences de vol, le héros apprenant à maîtriser son Spitfire qu’il n’a jamais piloté (séquences en biplace j’imagine) et ses impressions durant ce premier vol. Puis ce sont les combats auxquels il est confronté : alors bien évidemment refaire des simulations de combats dignes de ce nom serait quasi impossible à faire de nos jours. Il ne faut donc pas leur en vouloir d’avoir réutilisé des images de la Bataille d’Angleterre cité plus haut et qui fait référence en la matière pour sa qualité de réalisation des combats aériens. L’œil averti les descelle mais étrangement ces séquences, restaurées, sont bien intégrées au film au point qu’elles passent tout seul, le montage du film ayant sans doute égalisé la qualité de l’image pour la rendre uniforme (qualité de 1969 et d’aujourd’hui)
Avec l’usure des combats le stress s’accroit et le moral ne s’améliore pas. On observe que les pilotes sont de plus en plus tendus et seule la personnalité de leur chef d’escadron, Kingcome (
Ben Aldridge), permet de garder de la cohésion dans le groupe. Sa disparition est donc vécue comme un véritable drame mais son retour de France est vu comme rassurant. Même les permissions chez ses parents, rapporte Wellum à travers ce film, ne sont pas agréables. En effet le seul endroit où l’on se sent en sécurité c’est à la base, avec ses amis pilotes, qui sont les seuls à savoir, à comprendre ce qu’il endure.
Au bout du rouleau, son ami pilote ayant été descendu, Wellum est retiré des missions pour être affecté comme instructeur. Le film met particulièrement l’accent sur le fait qu’il a de la chance de s’en être sorti, alors que pour ses camarades rien ne présageait au début qu’il le serait. De ce point de vue psychologique on perçoit bien l’ambigüité à la fois du reproche et du soulagement de voir un pilote s’en sortir quand beaucoup d’autres sont morts. On apprend à la fin que le héros du film retourna au combat par la suite mais du à nouveau s’arrêter de voler en 1942 après le siège de Malte, suite à une dépression nerveuse, a seulement 20 ans. On comprend alors encore une fois toute l’importance de la force psychologique nécessaire aux pilotes pour tenir dans une période aussi dure.
Seul petit hic (qui n’en est en fait pas un vous allez voir) : Comme d’habitude pour
Pearl Harbor et d’autres films dans ce genre : l’histoire d’amour ! Vous allez sans doute dire « bon sang de bois quelle idée de mettre une histoire d’amour dans un film pareil ! » (bon cela dit la fille n’est pas mal) Alors je sais mais il faut bien montrer la place des membres du beau sexe (je vais encore faire sauter le record de fréquentation du forum mince…
) qui ont rendu l’univers des pilotes plus humain, moins dramatique, tout au long de la guerre. Je me permets d’ailleurs une petite parenthèse, car d’une certaine manière les
WAAF (même si là ce n’en est pas une) mériteraient un film à elle-seules, elles qui ont non seulement participé à l’effort de guerre d’une manière remarquable, mais qui en plus ont tenu compagnie à tout ces pilotes traumatisés le soir venu. (fin de la parenthèse). Bref, de manière ironique la seule conclusion qui s’impose est sans doute que ce doit être le seul moyen pour persuader nos dames de regarder ce genre de film avec nous.
Pour résumer : un bon film qui n’égale absolument pas les références en terme d’histoire des pilotes. Les moyens n’ont surement pas été gigantesques et l’on perçoit la jeunesse des acteurs, leur manque d’expérience, ce qui pour une fois est nécessaire pour un film montrant des jeunes inexpérimentés un peu perdus. C’est en fait un film à prendre comme un docu-fiction avec ses éléments plus ou moins bien réalisés de réflexion et d’action tels que la BBC nous en propose régulièrement (en gros un docu-fiction sans le coté documentaire avec images d’archives). Il ne faut pas le voir comme un film à pur divertissement mais au contraire l’analyser à chaque instant pour comprendre ce qu’à voulu montrer le réalisateur Matthew Whiteman sur tout le vécu très dur des pilotes et sur l’évolution de leur moral, parfois jusqu’à la dépression. Bref un univers bien reconstitué avec de petits moyens.
Amicalement