Merci à tous de vos contributions toutes très intéressantes ! Soyez sympas de bien vouloir rester dans le sujet (il y a parfois dans vos réponses quelques chemins de traverse vers d'autres thèmes !!!)
Revenons à la question initiale:
carnoy123 a écrit:"Le sort des Juifs français a été RELATIVEMENT privilégié par rapport à celui de tous les juifs résidant dans l'ensemble des territoires occupés par les nazis pendant la guerre"
A ceux qui seraient d'accord avec cette formulation, je pose la question qui me taraude depuis longtemps: comment l'expliquez-vous ?
A l'exception d'Audie Murphy, qui a clairement manifesté son désaccord, je présuppose, à la lecture de vos commentaires, que vous êtes d'accord avec cette formulation; En tant qu'initiateur de ce fil, Je vais tenter de faire une brève analyse personnelle de vos avis (en fait, de ce que j'ai compris !).
Par ordre chronologique d'apparition à l'écran (!):
- Bréhon écrit:
Elle (la France) n'était pas administrée directement par le Reich mais avait son propre gouvernement.Si je comprends bien Bréhon, c'est parce que la France avait son propre gouvernement que le sort des juifs français a été adouci. On peut dire qu'on rentre immédiatement dans la controverse! C'est une thèse largement répandue, et attaquée par la plupart des autres contributeurs à ce fil.
- Alberto écrit:
si le régime de l’État Français s'était montré moins antisémite, beaucoup plus de vie auraient pu être épargnées Je pense que si l'Etat Français a été antisémite, les gens en charge de traiter les questions juives (Vallat et Darquier de Pellepoix notamment) n'ont pas vraiment pu mettre en oeuvre les mesures qu'ils souhaitaient imposer car, heureusement, à la fois dans les rouages administratifs et au coeur même de la population, ils se sont heurtés à des manoeuvres de retardement ou de pourrissement
- marc207 écrit:
La grande majorité de la population française de tradition Judéo- chrétienne Je serais assez d'accord avec cette affirmation si elle sous-entend qu'il y a eu peu d'antisémitisme "féroce" en France (si on compare par exemple à la Pologne); mais, au fait, la Pologne n'est-elle pas elle aussi de tradition judéo-chrétienne ?
- Daniel Laurent écrit (et David Jardin dit qu'il est d'accord avec lui):
Si Hitler l'avait voulu, tous les Juifs de France auraient été déportés et ce malgré l'admirable dévouement de ces Français qui ont cache et protégé des Juifs pendant l'occupation. Un claquement de doigt, 2 ou 3 divisions de police SS et c’était fait. Mais cela aurait eu pour conséquence de grossir les rangs de la Résistance qui, grace a cette mesure dont je parle plus haut, n'a jamais eu le développement qu'a eu a l'Est le phénomène "Partisans".Ceci est une thèse intéressante, mais je n'y adhère pas. J'ai la conviction que la haine des juifs de Hitler et des nazis ne souffrait aucune exception nulle part. Lui prêter l'intention de mettre "la pédale douce" en France pour ne pas grossir les rangs de la Résistance, j'avoue que ça me "scie les pattes" ! Avez-vous des sources qui démontreraient la validité de cette hypothèse ?
- David Jardin demande:
pourquoi le sort des juifs français fut aussi "avantageux" par rapport à celui des Belges ou des Hollandais ? Il a effectivement bien raison de se poser cette question ! Un petit exemple à méditer: dans son livre "IBM et l'holocauste", E. Black compare la situation du recensement des juifs aux Pays-Bas et en France: Aux pays-Bas, c'est un triste sire (J. Lenz) qui est aux commandes (et qui est aux ordres des nazis); en France, c'est quelqu'un qui travaillait en secret pour la Résistance (R. Carmille)
- Lebel écrit:
Il est souvent prétendu par ses défenseurs que Vichy aurait protégé les juifs français ......il n'en est rien si l'on note que plus du tiers des déportés juifs étaient français , à savoir les enfants de juifs étrangers , nés en France, les juifs étrangers naturalisés et , sans la moindre protestation , des juifs français de vieille souche, de tous milieux , parmi lesquels d'éminents citoyens. En vérité , au départ , Vichy voulait dissocier les juifs français de leurs coreligionnaires étrangers , non par sollicitude , mais pour affirmer sa souveraineté sur ses nationaux , et éviter de créer un précédent ou donner un prétexte aux allemands pour déporter d'autres catégories de français La distinction faite par Lebel entre juifs nationaux et juifs étrangers est fondamentale! J'adhère totalement
- Tagnon écrit:
(Il y a deux raisons). L'une est simple: c'est les Français, qui très nombreux au sein d'une population dont une minorité odieuse était collaborationniste active et profiteuse, alors qu'une grande majorité silencieuse, soumise et patiente subissait l'occupation en tentant de survivre, la quasi totalité étant empreinte d'antisémitisme "historique" mais non virulent, ont entrepris, indépendament de leurs options philosophico-politiques propres, de sauver des juifs, en temps que simples êtres humains (très) injustement menacés. C'est l'histoire des Justes, reconnus ou non, en France, en Belgique, en Hollande, au Danemark et ailleurs.
L'autre est la volonté perfide d'AH de subjuguer la France, occupée mais restée en apparence souveraine, dont il ne voulait pas l'annexion, dont l'apport de sang latin aurait "contaminé" la "race Aryenne", mais bien la purification du bacille juif, danger éternel à ses yeux. Cette subjugation impliquait pour la puissance occupante de rester "les mains propres" tout en arrivant à ses fins par chantage politique/manipulation interposée, en ménageant carotte et bâton. Donc pas de sévices Allemands identifiables, mais la sale besogne par les Français eux-mêmes. Pas tous furent dupes, et beaucoup firent le contrairePour la première raison, j'adhère volontiers à cette notion d'"antisémitisme "historique" mais non virulent"
Pour la seconde raison, comme je l'ai déjà dit, j'ai du mal à adhérer !
A suivre ...Encore merci à tous !