Petit_Pas a écrit: Shrapnels a écrit:...[le Strutthof]... On dit camp de concentration mais c'est plutot comme on l'a dit plus un camp d'extermination par le travail.
...Ce qui fonde le camp d'extermination (aujourd'hui appelé centre de mise à mort pour éviter les amalgames) c'est la fonction même du camp et le fait que ces camps étaient tous pourvus de chambres à gaz (au monoxyde de carbone ou au zyklon B) et n'avaient pour seul but que de tuer, dès leur arrivée, tous ceux, ou presque, qui y étaient envoyés...Or, à ce jour, les plus grands spécialistes de la question persistent à affirmer qu'il n'y avait
que 6 centres de mise à mort (appelés communément camp d'extermination) :
Chelmno, Belzec, Sobibor, Treblinka, Birkenau et Majdanek...Mon but ici n'est pas d'ignorer le martyr des uns par rapport à celui des autres mais bien de rappeler que confondre les deux c'est nier le fait que des hommes ont délibérement envoyé à une mort certaine, dans des centres spécifiquement prévus à cet effet, des êtres humains qu'ils jugeaient indignes de vivre
Bravo Petit-pas, et Signal aussi. C'est exactement ce qu'il fallait dire.
Mais un petit rectificatif quand-même: les "camps d'extermination" n'ont été que 4 (et non pas 6): c'étaient Chelmno, le 1er, puis Belzec, Sobibor et Treblinka. Ils ont été créés exclusivement pour la mise à mort immédiate des déportés, en extrême majorité des Juifs. Le terme de "camps" est impropre: il n'y avait aucun but ni structure d'hébergement: les déportés n'y étaient pas envoyés pour y travailler ni même seulement séjourner, mais pour être gazés dés leur descente de train, puis incinérés. Le processus (débarquement, déshabillage, gazage, rassemblement des cadavres, incinération, enfouissement des cendres) ne prenait que quelques heures, souvent pour 5000 déportés par convoi. Hormis les locaux d'entreposage des effets des victimes, les chambres à gaz et les fours crématoires, il n'y avait comme installation que les logements pour les gardes, et des bâtiments administratifs. Plutôt que "camps d'extermination", il vaut mieux dire "sites d'extermination", ou encore "usines de la mort".
Par contre, Auschwitz et Majdanek étaient des camps "mixtes", destinés à la fois au travail forcé pour ceux qui étaient jugés aptes, et à la mort immédiate pour les autres. La répartition se faisait au travers d'1 "sélection" plus que sommaire, à la descente du train, souvent dans la neige, dans la nuit noire. Les aptes au travail étaient logés, combien misérablement, et nourris - à peine à peine - et mis au travail d'esclaves. Comme les gazés immédiats, ils étaient destinés à une mort certaine, mais par le travail, les privations, et les mauvais traitements: donc 1 mort différée. Le but, càd la déjudéisation par l'extermination, était identique pour les 2 groupes, mais le cheminement était différent. C'est pourquoi R. Hillberg (je crois) invoque "
the essential ambiguity of Auschwitz", ce qui ne nécessite pas de traduction. Et de fait, il y eu à Auschwitz et Majdanek (au Strutthof aussi) plusieurs dizaines de milliers de survivants. Des usines de la mort, presqu'aucun, sauf 1 poignée, principalement des échappés de Sobibor, la plupart repris ensuite. Les sites d'extermination totalisent à eux 4 plus de victimes que les 1,5 millions de morts d'Auschwitz.
Je l'ai déjà dit, et je le répèterai encore: il est capital de reconnaître cette distinction pas du tout seulement sémantique, entre les camps de concentration, y compris les pires comme Auschwitz, et les 4 sites d'extermination, qui n'ont pas leur égal dans la volonté réfléchie et appliquée d'exterminer, au sens littéral.
Bien amicalement,
Alain