Post Numéro: 165 de juin1944 01 Sep 2010, 19:30
Bonjour Roger, l'atmosphère que j'ai dépeinte est celle du rideau de fer avant et après son démantèlement, l'ennemi avoué avait changé de camp, ce qui cachait je crois une certaine crainte face à un adversaire potentiel surpuissant. Pour ma part, je me situais surtout en observateur et non en acteur engagé dans des convictions auxquelles j'étais déjà allergique. Pourquoi Wittman plutot que Guderian ? tout simplement parce ce que Wittman était perçu comme un homme de terrain et Guderian comme un stratège, plus éloigné du terrain donc.
Ma conviction concernant Oradour tient sa source de l'examen du procès et des ratés d'après guerre. L'affaire Oradour s'est retrouvée coincée entre la justice et la raison d'état ce qui a largement contribué à ce que tous les responsables ne fussent pas jugés et condamnés. Je pense qu'aujourd'hui les enjeux sont différents et nous sommes plus réceptifs mais malheureusement bon nombre de témoins ont disparu et je doute que la vérité totale soit connue un jour, notamment sur le rôle de la milice de Limoges, ce qui me parait un point essentiel.
Pour comprendre l'histoire et surtout un fait historique précis, par exemple le massacre d'Oradour, il faut s'astreindre à une mise en perspective dans un contexte politique et social global et ce dans une démarche complémentaire proche du sujet. En France, l'unité nationale prévalait, il convenait donc de faire avec une population divisée, morcelée où la haine n'était jamais éloignée : communistes des FTP, Gaullistes, fonctionnaires de Vichy, prisonniers de guerre, déportés, collabos, anciens d'action francaise et de la cagoule encore vivantes, etc devaient marcher d'un même pas pour redresser la France. Le challenge était de taille et se posait alors une question cruciale : comment châtier sans décapiter le pays de ses futurs cadres ? vaste problème. La France devait à la fois juger ses criminels tout en préservant son potentiel et surtout en recomposant son armée. L'exercice est bien plus compliqué qu'il n'y parait, ce qui donna lieu à des ratés retentissants, comme le procès de Bordeaux qui loin de calmer les esprits et punir les criminels dont les chefs SS entraina une rupture qui allait durer trente ans entre le Limousin et l'Alsace.
La perception des choses est différente suivant les individus et ce qu'ils ont vécu. DAns un autre post sur la collaboration horizontale, nous sommes quelques uns à penser que l'amour n'a pas de frontières, même si entre une Française et un allemand les choses étaient bien compliquées au regard du contexte. Germaine (Titzef29) donne un avis tranché et catégorique. Est elle pour autant intolérante et obtue ? Non, elle juge autrement des évènements qu'elle a vécus et les a perçus très différemment. Comment un "enfant de Boche" né de cette union a t'il perçu le contexte qui l'a conduit sur Terre ? D'une manière encore différente. L'allemand s'est ainsi retrouvé dans la représentation symbolique du mal et sa progéniture avec. Les Italiens furent les alliés d'Hitler, mais leur en tient on rigueur de la même manière ? non, parce ce que certains symboles se sont ancrés dans la mémoire collective. Une francaise qui aurait eu une liaison avec un soldat Italien aurait elle été percue de la même facon ? pas certain du tout.
Tout cela pour dire qu'il faut faire attention à la perception des choses et ne pas oublier de mettre en superposition les faits et le contexte qui les accompagne ou les suit. Concernant Oradour, la situation géopolotique d'après guerre peut aider à comprendre pourquoi beaucoup de choses sont allées de travers.
Je connaissais cette interview filmée de Heinz Barth, il était chef de section à la 3ème compagnie du Régiment Der Fuhrer, je le qualifierais d'archétype de l'officier SS : sans aucun sentiment humain ni compassion, absolument convaincu de sa supériorité raciale et jamais soucieux du sang versé. Il oublie de dire qu'il se trouvait aussi à Lidice en 1942 avec la Das Reich. Il est hélas mort trop sereinement.
L'exemple fourni par Pierre concernant Oberg est excellent : Oberg est condamné à mort en 1954 pour crimes contre l'humanité, puis gracié en 1958 par De Gaulle et enfin libéré en toute discrétion de la prison de Mulhouse en 1962, peu de temps avant la signature d'un accord franco allemand. Quelles raisons ont entrainé sa libération ? bonne question.