Post Numéro: 144 de norodom 26 Aoû 2010, 13:33
Bonjour,
Ces trois citations sont à la base de mon intervention
juin1944
<<A la lecture du verdict, un véritable tollé monte en Alsace. Il s'en suit l'amnistie des alsaciens par souci d'apaisement (sauf pour le seul volontaire, le sergent Landsdorf , me semble t'il, condamné à mort , chose à vérifier) , ce qui en retour fait monter un vent de colère du Limousin : Oradour rend sa légion d'honneur, les politiques nationaux sont interdits de séjour, toute relation avec l'Alsace est rompue.>>
Les réactions qu'à provoquées le dénouement du procès de Bordeaux. sont très justement relatée par Stéphane
lavella
<<J'ai du mal à admettre ou comprendre ce " tollé "
Il ne s'est pas agi , à l'époque , de stigmatiser les " Malgré Nous " dont la plupart ont eu à souffrir de leur enrolement de force ..............mais de condamner des alsaciens de la Das Reich - certains , volontaires - qui ont participé à ce massacre
Fallait il , sous pretexte qu'ils etaient alsaciens , exonerer de toute culpabilité des criminels ?>>
Cette réaction n'est nullement impertinente, par le fait que la culpabilité des accusés est évidente.... mais elle appelle quelques explications...
Audie Murphy
<<La question qui se pose est de savoir si les Alsaciens volontaires étaient bel et bien volontaires dans le sens où on l'entend. S'agissait-il d'un volontariat forcé ? Mais je comprends cette indignation car je suis d'accord qu'un criminel demeure un criminel peu importe les circonstances.>>
Audie met en avant la responsabilité dans l'implication au massacre, en tant que volontariat librement consenti ou volontariat forcé...
Dans ce dernier cas, se pose la question du bénéfice de circonstances atténuantes....
Il est très difficile, pour ne pas écrire impossible, de résumer en quelques lignes, le contexte dans lequel a été décidé et s'est déroulé ce proçès.
En premier lieu il convient de préciser que s'il est admis qu'il fût une mascarade, ce n'est pas en raison des verdicts qui fûrent prononçés et des amnisties qui s'ensuivirent.
L'immense "bourde" c'est d'avoir traduit au banc des accusés quatorze alsaciens et seulement sept allemands.
C'est aussi de s'en être tenu à une sentence sommaire envers les "coutumaces"
Car les responsables du massacre étaient connus, beaucoup, et non des moindres étaient apréhendables... mais ils ne le fûrent pas...
Alors que le vrai coupable était la 3ème compagnie de la division "der Führer", une unité de la division SS "das Reich", c'était une majorité d'alsaciens que l'on jugeait !... et ce constat a eu un effet désastreux sur les esprits.
Le procès qui s'ouvrait le 12 janvier 1953 à Bordeaux, n'apparaissait plus comme "Le procès d'Oradour-sur-Glane" mais comme le procès de l'Alsace.
Avant le procès, l'avocat Richard Lux avait averti les responsables politiques sur le fait qu'un tel procès était un procès à hauts risques.
En Limousin, une erreur grossière a été l'oeuvre néfaste des journaux locaux, qui dans leur majorité, n'ont pas soutenu l'appel publié par voie de presse par le général de Gaulle.
Ce dernier avait très opportunément recentré les responsabilités, dénonçant l'absence des chefs assassins, pricipaux criminels. Il avait expliqué la "douleur irritée de l'Alsace".
De Gaulle fût même accusé de prise de position en faveur des bourreaux SS...
Cette méprise des médias eût pour effet d'enfonçer le clou, d'aviver une soif de vengeance de la part des Limousins, accentuant ainsi le déchirement entre deux communautés françaises.
Une intervention politique de l'Etat, s'imposait donc afin de rétablir l'Unité Nationale... ce qui conduisit à l'amnistie pour la majorité des accusés alsaciens.
J'ai quelques souvenirs sur l'irresponsabilité de quelques journalistes pour qui l'Unité Nationale était le dernier des soucis... je ne citerai ici ni les auteurs ni le contenu de leurs écrits... mais l'opinion publique, celle que je connais bien, entre-autre celle de ma région, avait un grand besoin d'être remise sur la bonne voie... celle du respect.
Il est nécessaire que je vous livre une anecdote, qui ne relève heureusement pas d'une généralité...
En 1954 ou 1955, j'ai eu un différend sérieux, qui aurait pû mal tourner, avec un groupe d'exaltés dont l'un d'eux a tenu devant moi des propos insultants à l'égard des alsaciens.
Ce n'était pas à moi qu'il fallait s'adresser... En octobre 1944, aux portes de l'Alsace, j'avais mesuré la sincérité de la joie des populations de cette région, d'être débarrassées du joug allemand... et en sus, mon meilleur ami, un sous-off qui m'a peut être sauvé la vie par ses conseils, était un alsacien !.
Je l'ai écrit tout au début, j'ai pris trois citations comme référence, mais au moment de poster, je découvre les deux dernières, celle d'Yvonnick qui trouvera peut-être tout ou partie de la réponse dans ce qui précède et celle de Sébastien "tranchante" mais pertinente et qui peut faire débat "à part" sans être HS.
Cordialement,
Norodum