Post Numéro: 85 de Kristian Hamon 21 Aoû 2010, 19:16
Désolé pour Saint-Vran David mais cela ne me dit rien pour l'instant.
Pour votre demande de précisions sur les milices en France, je m’en tiendrais au sujet qui nous intéresse : les groupes de répression en Bretagne. Le problème étant que les témoins de l’époque regroupaient un peu tout le monde sous le terme de « miliciens ».
- La Milice française de Joseph Darnand, créée par une loi du 30 janvier 1943. Implantée en zone Sud, elle va s’étendre en zone Nord à partir de janvier 1944. Ses membres arborent l’insigne Gamma. Effectifs relativement faibles en Bretagne. La Milice dispose d’une « armée » régulière, créée le 2 juin 1943 au camp de Calabres : la Franc-Garde permanente, encasernée et touchant une solde. A peu près 5 000 hommes pour toute la France. Ces jeunes gens portent un uniforme français : pantalon bleu foncé, blouson de même couleur, chemise beige, cravate noire et le fameux béret basque.
Une centaine, la « Deuxième unité de marche » arrive à Rennes début juin pour des opérations contre la Résistance. Ses membres arborent un écusson herminé sur le bras gauche.
- Le Sicherheitsdienst (SD), Service de sécurité de la SS, installé à Rennes en 1942 à la place de la GFP. Plusieurs antennes dans les préfectures bretonnes. Ce service de police est d’une redoutable efficacité. S’appuie sur de nombreux indicateurs et agents français, dont plusieurs membres du PNB (Parti National Breton). Toujours confondus avec la Gestapo, ses membres agissent en civil, sauf pour les opérations contre la Résistance où ils revêtent l’uniforme feldgrau.
- La Selbstschutzpolizei (SSP), police d’autoprotection, composée de jeunes français portant l’uniforme bleu ciel de chasseur alpin et calot de même couleur. Lors de leurs opérations, ses membres arborent un brassard jaune avec le sigle SSP sur le bras gauche. Souvent confondus avec la Franc-Garde. Ces jeunes français ont été formés à l’école de police allemande de Taverny, dirigée par le SS Herman Bickler, une vieille connaissance du PNB d’avant-guerre. La SSP est installée Bd de la Duchesse Anne à Rennes. Une douzaine de membres. Ce sont eux qui sont à Bourbriac. De véritables voyous côtoyant des jeunes gens de bonne famille bretonne.
- L’Abwehr ou le SRA, service de renseignements et de contre-espionnage de l’armée allemande (la Herr). Basée à Angers pour la zone Ouest. Direction à Rennes, rue de Fougères, pour la Bretagne. Une Abwehrstelle dans chaque préfecture. Chaque Abwehrstelle est dirigée par un officier et un adjoint obligatoirement allemands. Une vingtaine d’agents français (hommes et femmes) par bureau, dont plusieurs PNB. Tous en civil. Recueillent les renseignements et infiltrent les réseaux de résistance ou les maquis. Ne participent jamais aux opérations de police pour ne pas être « grillés ». Transmettent leurs dossiers à la SD ou la Feldgendarmerie qui procèdent aux arrestations. Exception en juillet 1944, où on les retrouve avec le SD sur le terrain.
- La FAT 354 (Front Aufklärung Truppe) est basée à Pontivy. Chargée du dépistage des maquis, notamment des maquisards en fuite après la chute de Saint-Marcel. Créée début juillet 1944. Ce groupe, commandé par le capitaine Herr, uniforme d’infanterie de la Wehrmacht, alors qu’il est de l’Abwehr, est assez disparate : agents du SD, militaires de la Wehrmacht, et surtout le groupe de l’Abwehrstelle de Quimper qui était dirigé par « Henry Armand », de son vrai nom Huschtebrock, maîtrise plusieurs langues dont… le breton. Remplacé après sa mort (carbonisé par l’aviation alliée !) par Peter Herman, alias « Pierre Lyon ». C’est ce groupe, avec le sinistre Zeller, qui va faire la chasse aux SAS et abattre le lieutenant Marienne. Les agents sont logés dans une annexe de l’Hôtel de la Gare à Pontivy.
- Le Kommando de Landerneau. Voir le post sur ce forum. Nombreux membres du PNB parlant parfaitement le breton. Portent l’uniforme allemand lors des opérations. Agissent aussi sur la Morbihan, les Côtes-du-Nord : Bourbriac en juin 44, recherche de suspects sur l’exécution de l’abbé Perrot, arrestations. Le Kommando est également présent à Scrignac. Déclaration de Miniou « Braz » du Bezen : « Le 17 juillet 44, 3 officiers allemands et un interprète sont venus à Scrignac pour des réquisitions. Alors qu’ils sortent de la mairie, 2 officiers et l’interprète sont abattus par les résistants. Le troisième officier réussit à s’enfuir. Quelques jours plus tard, les Allemands et des miliciens occupent le bourg. Le 24 juillet, tous les gendarmes de la brigade du Huelgoat sont arrêtés. A Scrignac, 2 résistants sont tués le 28, puis 2 autres le 29. A l’appel des maquisards, la RAF bombarde le bourg le 29 juillet. On relève 23 victimes civiles et 2 militaires allemands. Etaient présents aux cotés des Allemands, la SSP, la Formation Perrot et le Kommando de Landerneau avec les Caouissin, Geffroy, Botros, Corre et Le Hir. »
- Groupe d’Action du PPF. Créé en juin 1944 à Rennes, installé rue d’Echange. Font la chasse aux réfractaire STO puis ensuite infiltrent les maquis. Tous en civil. Armés. Une vingtaine d’hommes originaires de la section PPF de Saint-Malo essentiellement. De vrais mercenaires, dangereux. N’ont pas dépassé les limites de l’Ille-et-Vilaine.
- Le Bezen Perrot ou Formation Perrot. La plus connue. J’ai relevé 72 noms. Mais ils étaient probablement plus. Certains sont passés au travers des mailles du filet à la Libération. Je viens d’en découvrir un, linguiste et celtisant reconnu, toujours en vie, qui faisait son STO en Allemagne comme… bibliothécaire à Marburg auprès du professeur Weisgerber. Pourquoi pas. Une femme le rencontre en Allemagne avec Weisgerber et Roparz Hemon en décembre 1944 et affirme qu’il était au Bezen. Totalement inconnu aux archives. Au début assurent des services de garde au SD de Rennes, puis vont progressivement participer aux opérations contre la Résistance. Il s’agit d’une unité militaire allemande, et non d’une milice. Ses membres ont signé un engagement et revêtent l’uniforme Waffen SS en opération. Agissent sous les ordres du SD, souvent avec la SSP.
Voilà succinctement ce que l'on peut dire. J’espère n’avoir oublié personne. Je ne m’étends pas plus au risque de squatter ce forum.