Ostheim, village martyre de la poche de Colmar

Photo prise début 1945

Bonjour
Pourrais-tu nous en dire plus sur ce village martyr car beaucoup d'entre nous connaissons en gros la terrible histoire d'Oradour sur glane mais d'autres villages martyrs comme celui-ci sont moins connus.

La plus grosse partie de la France a été libérée en 1944. Mais les Allemands ont fait de la résistance à certains endroits, comme la région de Colmar. Ostheim, comme d'autres villages proches de Colmar, étaient sur la ligne de bataille, disons, le front des combats, qui opposaient les Alliés et les Allemands. C'est pour cela que ce village a été sous le feu nourri des armes, et la plupart de ses maisons détruites.
Ostheim n'était pas visé en tant que tel, comme Oradour, mais il a été pendant une longue période au milieu des combats entres Alliés et Allemands, donc au milieu des canons et des bombes..

Bonjour tout le monde.
Je me permet de vous faire part de mes connaissances sur le front de la poche de Colmar et plus particulièrement sur Ostheim. J'y vit et y est grandit.
Au nord de l'Alsace Strasbourg est libérée le 23 novembre 1944. Donc toute l'Alsace l'a été?? Raccourci facile pour touriste à l'histoire en forme de gruyère.
De ce jour jusqu'à fin janvier 1945 les Alliés vont se battre dans la poche de Colmar. C'est d'ailleurs à ce moment que la 2ème DB est mise à disposition de la 1ère armée pour participer à la réduction de la poche.

Les Allemands en partie repliés des Vosges se sont organisés autour de Colmar dans une vaste poche qu'ils sont résolus à défendre jusqu'au bout. La 2e D.B. française (gl Leclerc) et la 36e D.I.US (gl Dalhquist), rejoignent l'armée de Lattre qui lance son attaque le 7 décembre sous une tempête de neige. Les forces allemandes sont évaluées à 18 000 hommes sous les ordres du Reichsführer Himmler en personne. Des troupes fraîches continuent à lui parvenir d'Allemagne et continueront jusqu'à la dernière minute.

Les innombrables pièges, destructions, mines empêchent la progression. De Monsabert doit attaquer le 6 décembre avec la 2e D.B. et la 36e D.I.US. Les Américains ont pris Sélestat après 3 jours de combats. La 2e D.B. a étendu ses lignes dans la plaine au delà d'Obenheim jusqu'à Rhinau. Le Corps d'Armée tient tout le flanc oriental des Vosges et une partie du massif. Ce sont les Allemands qui attaquent les Américains, le 6 décembre, sur Guémar, Ostheim, Zellenberg.
Le 11 décembre, les Allemands contre-attaquent sur Sigolsheim, le 12 sur Sélestat, le 13 sur Ostheim. A chaque fois les positions alliées sont maintenues au prix de durs efforts. Les renseignements obtenus des prisonniers montrent que des troupes allemandes fraîches, en infanterie et en blindés, arrivent tous les jours par le Rhin.
Le 5 décembre les troupes Américaines s'emparent de la rive gauche de la Fecht. Les Allemands font sauter le pont de la rivière et s'accrochent à la rive droite. Le front de la fameuse "Poche de Colmar" passe par OSTHEIM. Le martyre commence. Il durera près de 60 jours. Quartier par quartier, les maisons sont pilonnées par l'artillerie et brûlent. Terrés dans les caves souvent à la moitié ensevelis vivants ou asphyxiés, les habitants sont des morts en sursis.

Le village est coupé en deux, il est pilonné depuis les villages des coteaux: Ribeauvillé, Sigolsheim et Beblenheim. Les églises furent les premières victimes de l'artillerie car les observateurs allemands y voyaient tous les mouvements de troupes depuis les clochers.

Dans la forêt du village à l'Est se trouvait un pc allemand gardé par des nids de mitrailleuses (encore visibles aujourd'hui) dans la forêt.
Le 20 décembre enfin, les Allemands ordonnent l'évacuation de la population civile de leur secteur vers Colmar. Le 25 décembre les Américains font de même.

Les soldats allemands aux alentours de fin janvier, qui tenaient Guémar se replient sur Ostheim.
Après de durs combats, les Alliés libèrent Ostheim sur 3 jours et le 1er et 2 février ils se dirigent sur Colmar pour une attaque par le Nord.

OSTHEIM fut détruit à 98%, 553 bâtiments, dont 165 maisons d'habitations sont détruites à 100%, 27 immeubles sont sinistrés à 75%, 103 sont à moitié et 70 à 25%; la Mairie, les deux églises, une école, un moulin, deux scieries, une fromagerie industrielle et le domaine de Schoppenwihr ne sont pas compris dans ce triste tableau. 16 entreprsies commerciales et artisanales ne sont que ruines, 6 entreprises sont détruites à 50%.

Nos agriculteurs ont perdu 150 chevaux, 400 bovins, 270 porcs, 3500 à 4000 volailles, 90% de l'outillage et des installations agricoles, 2000 arbres fruitiers sont déracinés ou touchés à mort, la récolte de 1944 détruite, celle de 1945 insignifiante, par suite du minage de 80% de notre banlieue.

Enfin des pertes cruelles parmi la population sont venus s'ajouter au malheur de nos sinistrés pour rendre leur sort plus tragique encore: les combats de la Libération nous ont valu: 12 morts et 15 blessés civils.

En complément de ce que vient de vous narrer mon voisin d'Alsace méridionale , il faut rappeler que l'Alsace ne sera totalement libérée que le 18/19 mars 1945. Depuis le déclenchement de l'opération Nordwind, le 31 décembre 1944, puis Sonnenwende, le 5 janvier 1945, l'armée allemande occupe à nouveau l'Alsace du Nord. En janvier, elle va entrer dans La Wantzenau, à 10 km au nord de Strasbourg, tandis que, de leur côté, les unités de la Poche de Colmar vont remonter jusqu'à la hauteur de Benfeld (25 km au sud de Strasbourg). Dans la seconde quinzaine de janvier, en raison de l'offensive soviétique, la quasi-totalité des unités blindées opérant en Alsace sont transférées à l'Est, arrêtant toute tentative de progression allemande. Le front va se stabiliser le long de la rivière Moder, qui coule transversalement en Alsace du Nord. En gros, il va de Sarreguemines au Rhin, en passant par Bitche, Niederbronn et le nord d'Haguenau. Au déclenchement de l'offensive allemande, les Américains ont remballé vite fait - ils se maintiennent, par contre, en Lorraine -, mais De Gaulle a refusé d'abandonner (même provisoirement) l'Alsace et ce sont les troupes françaises qui font se taper tout le boulot. Quand le général De Lattre télégraphie, le 9 février, suite à la prise de la Poche de Colmar, que la Bataille d'Alsace vient de s'achever à 08H00 du matin, il sait parfaitement que ce n'est pas tout à fait le cas, vu que ce sont ses troupes qui combattent au nord, mais ce sont des "paroles politiques" que De Gaulle va, d'ailleurs, conforter, en se déplaçant en Alsace, dès le 11 février. Il séjournera à la Préfecture de Strasbourg, dans la nuit du 11 au 12. Au même moment, les troupes françaises livrent durement bataille à la 256.VGD, dans le village d'Oberhoffen s/Moder, à 30 km de là.

Merci à tous pour ces précisions importantes qui nous montrent que des villages ont pu être martyrisés de différentes façons mais grandement martyrisés quand même...

Bonjour,

Je me permet de vous faire part

Des postes comme celui-la, tu peux te "le permettre" quand tu veux...