Vous n'êtes pas sans savoir que nous avons ce Jeudi 24 juin 2010 à 21H00 un débat passionnant sur le Forum dans le cadre des Rendez-vous Mensuels de l'histoire sur le thème "Juin 1940, fallait-il continuer ?".
Afin de préparer ce sujet de discussion passionnant, je vous propose un petit texte d'introduction. Soyez indulgents, mais néanmoins critiques.
---------------
Continuer le combat ou le cesser ? Le président du conseil ne tranche pas ... il se retire. Pétain et Weygand ont le champ libre. Le 16 juin 1940, Reynaud démissionne, Pétain le remplace ...
La volonté de lutte des dirigeants français a connu de tragiques variations au fil des événements jusqu'à l'abandon final du 16 juin 1940.
Du 14 au 16 mai, à la nouvelle de l'effondrement du Front de la Meuse, c'est la panique, car il n'existe aucune unité entre Sedan et Paris, que l'on croît être l'objectif des Allemands. Reynaud déclare alors à Churchill : "Nous sommes vaincus!" Et Gamelin ajoute "L'armée Française est battue".
Le 17 Mai, lorsqu'il s'avère que les Panzers se dirigent vers la Manche, c'est le soulagement, l'idée d'une contre-attaque refait surface. Mais les lenteurs du commandement Français exaspèrent les Britanniques, qui doivent contre-attaquer seuls à Arras, puis ordonner l'évacuation par la mer. Il s'ensuit une grave crise entre Alliés, que Churchill calme en ordonnant l'envoi de nouveaux renforts terrestres et aériens.
Mais les changements que Paul Reynaud opère au sommet de l'état et de l'armée se révéleront fatals. En nommant Pétain vice-président du conseil et Weygand commandant en chef le 19 mai, il pense faire entrer en scène les vainqueurs de 1918 : ce seront en réalité les plus fermes partisans de l'entente avec l'ennemi, même s'il nomme aussi Georges mandel, disciple de Clemenceau, au ministère de l'intérieur. Les historiens insisteront sur le rôle joué par la maitresse de Reynaud, Hélène de Portes, proche de l'extrême droite, dans la désignation de personnages comme Paul Baudoin, secrétaire du cabinet de Guerre, Yves Bouthillier, ministre des finances, Raphaël Alibert, chef de cabinet de Pétain, qui deviendront tous ministres de Vichy.
Le 25 mai, Weygand affirme à Reynaud la nécessité de "cesser le combat" si le front de la Somme craque. Le 26 mai, le mot "armistice" est prononcé pour la première fois par Weygand à une réunion d'état-major. Mais le 31 mai, Churchill venu à Paris s'entend dire par Reynaud : "Nous ne déposerons pas les armes l'un sans l'autre". La confiance française, symbolisée par l'entrée de De Gaulle au gouvernement le 6 juin comme sous-secrétaire à la défense, remonte au fur et à mesure que les renforts arrivent sur la Somme. Mais une fois ce front enfoncé, se tient les 11 et 12 juin à Briare un conseil interallié au cours duquel Weygand réaffirme la nécessité d'un armistice, et se demande si "la France serait capable de continuer la Guerre", ce à quoi Reynaud lui répond encore vertement que cette question "relevait de la compétence du gouvernement". Nouveau conseil le 13 juin à Tours, où Weygand et Pétain annoncent leur refus de quitter la France, alors que le gouvernement, l'armée de l'air, la flotte et nombre d'officiers préparent l'évacuation, à partir du 16 juin, du maximum d'hommes et de matériels vers l'Afrique du Nord.
Le 16 juin parvient de Londres à Bordeaux, où s'est replié le gouvernement, un "projet d'union politique entre la France et la Grande Bretagne", ultime tentative pour inciter la France à poursuivre la lutte. Pétain affirme qu'il s'agirait d'un "mariage avec un cadavre". Reynaud, découragé, démissionne, laissant la place à Pétain. Son premier acte sera de demander l'armistice, puis d'appeler les troupes à cesser le combat et de bloquer le départ des navires chargés de troupes vers l'Afrique du Nord - près de 500 avions auront été transférés entre le 16 et le 25 juin, les moyens de transporter 100 000 soldats ont été réunis, leur rééquipement par du matériel américain a été planifié. Le 17 juin, Geroges Mandel est arrêté. le 18, l'état-major interdit aux unités de retraiter sans ordre, ce qui revient à les empêcher de rejoindre les ports et à les livrer aux Allemands qui, eux, avanceront jusqu'à l'entrée en vigueur de l'armistice.
Le 20 juin, Pétain interdit aux membres du gouvernement et du Parlement de gagner l'Afrique du Nord. Privée de tous moyens de pression pour discuter les conditions de l'armistice, la délégation Française signe celui-ci le 22 juin à Rethondes. Le texte n'entrera en vigueur que le 25 juin. Le temps de le signer avec les Italiens, le 24. Ce même jour, Laval entre au gouvernement Pétain comme ministre d'Etat. La République vit ses derniers jours ...