Post Numéro: 57 de tagnon 14 Mar 2010, 22:55
Bonjour à tous les intervenants,
A mon tour de répondre, mais sur 2 plans.
D'abord le film, vu hier soir, quelques jours à peine après l'excellent débat sur A2. Rarement un film m'a autant troublé, ébranlé même, malgré l'épisode qui m'était connu. Le parallèle se fait tout-de-suite avec la Liste de Schindler, mais ici c'est bien plus choquant: la cruauté des faits - et des gens - si près de nous, des personnages qui parlent notre lanque, des lieux qu'on connaît, des uniformes familiers. Une véritable identification avec le monde qui est dépeint. Alors qu'avec Schindler, même en se livrant complètement, en étant captivé par le récit, par sa sobriété, par sa dureté, il reste une distance entre le spectateur (belgo-français) et les vilains Nazis, entre Paris et la Pologne, et surtout entre un film dont le sujet est l'héroisme et l'espoir même parcellaire, et celui dont le sujet est la trahison, la turpitude et la mort inéluctable malgré 1 lueur, et elle tout son éclat, mais c'est bien peu de chose, d'héroisme. Un film de désespoir, et non de sauvetage.
Par contre, dans ce présent fil, il me semble que l'on se trompe de débat. Le sujet est la Rafle du Vel' d'Hiv', et c'est 1 sujet qui se suffit à lui-même. Il alimentera bientôt 1 débat en ligne. Mais les interventions que je lis concernent surtout la méthodologie de l'éducation des foules: docu ou fiction ? C'est 1 tout autre débat, hautement respectable d'ailleurs, mais pour moi 1 faux problème. Il y a de tout sur terre, et les docus, la science, les savants ne peuvent atteindre tout-le-monde. Beaucoup ne sont pas perméables à la réflexion élaborée. Pourtant, ils ont aussi le devoir, autant que le droit, de savoir. La fiction, livresque ou cinématographique, leur convient mieux. Elle atteint le plus grand nombre, parcequ'elle est plus facile. Moins rigoureuse aussi sans doute, mais un compromis raisonnable, à condition que les "savants" soient là pour établir et sauvegarder la vérité rigoureuse. Et à mon avis il y a place dans notre monde finalement peu instruit de ces faits pourtant capitaux pour toutes les formes de diffusion du savoir: docus, débats, fora, bibliothèques, centres de sensibilisation etc... et aussi filmographie, romans, récits, biographies, tourisme.
Celà étant, je ne voudrais censurer personne, mais je crois qu'il faut dissocier la critique d'un film qui a en tout cas le mérite d'exister - moi je le trouve excellent - et l'analyse comparative des différents média.
Bien amicalement,
Alain.