Je les trouve plus dans les motivations idéologiques que je citais (anticommunisme, pouvoir fort) et aussi l'anglophobie.
Ceux qui ont accompagné Pétain à son arrivée au pouvoir sont pour la plupart partisans d'un fascisme à la Française, courant politique particulier qui doit être analysé de manière indépendante et non en tentant de la comparer à d'autres idéologies totalitaires. Ce n'est ni du fascisme Italien,ni du Francisme, ni du national socialisme.
anti communiste ? oui, toutes les droites européennes le sont dans les années 30, c'est un des points de convergence de ceux qui font Vichy.
Anglophobie ? oui, et plus particulièrement après le 2 juillet 1940 (Mers El Kebir). A cela plusieurs raisons : l'ex allié anglais n'est pas en mesure de renverser la vapeur, le salut ne viendra pas de lui dans l'immédiat. La seule solution est celle d'un rapprochement avec l'Allemagne en vue de négocier et sauver ce qui peut encore l'être. Dès que le principe est intégré, les anglophobes de Vichy se livrent à une analyse perverse des faits de mai 1940 (Dynamo et le concept selon lequel les anglais ont fait embarquer leurs troupes et sacrifié les français et le retrait de la RAF du ciel de France). On ne peut "amadouer" Hitler et conserver l'Empire et la marine sans montrer ses sentiment anglophobes. L'un ne peut donc aller sans l'autre.
Quant à évoquer un "coup monté", si tel est le cas, on n'a aucune preuve de cette théorie. En cas de défaite allemande, le cabinet de Paul Reynaud n'avait aucune raison de sauter. Cela signifierait que la défaite Française était souhaitable pour ceux qui avaient pour projet de prendre le pouvoir, là encore, rien absolument rien ne permet d'étayer cette théorie. Je crois plutôt qu'un projet est depuis plusieurs années en gestation et que ce projet ne peut se réaliser qu'en profitant d'une crise grave ou d'une situation gravissime. Ceux qui ont fait Vichy attendaient leur heure, sans être absolument certains que cette heure arriverait un jour. L'appel à Pétain est cette occasion inespérée d'instaurer ce fascisme à la Française.
L'antisémitisme de Vichy était latent, mais ne s'inscrivait pas dans un processus inéluctable. En juillet 1940, la solution finale n'existe pas, l'erreur serait justement d'assimiler les premières lois antijuives à ce processus. Nous avons la faculté de voir l'histoire dans son intégralité, ce qui est aussi un piège si nous ne respectons pas une certaine méthodologie. Impossible en 1940 de deviner quel sort sera réserve aux juifs, il ne s'agit que de leur interdire l'accès à certains postes puis à certains commerces ou certaines professions. Dans l'esprit des gouvernants de Vichy, l'opinion publique Française restera plutôt passive, ce qui fut le cas jusqu'en 1942 avec les premiers convois de déportés. Jusque là, personne ne s'en inquiète ni ne s'en offusque. C'est extrêmement cynique, mais c'est ainsi.
Les objectifs de Pétain sont avant tout d'instaurer un pouvoir autoritaire sous l'égide de la révolution nationale, conserver l'Empire et un embryon d'armée. Si tout cela peut être obtenu en livrant quelques dizaines de milliers de juifs, peu importe après tout, surtout s'ils sont étrangers. La dérive constante observée surtout après Montoire suit ce raisonnement, jusqu'à constituer une unité de la Waffen SS francaise et faire combattre la milice aux cotés de la WH