Bonjour à tous,
J'ai lu hier soir avec un immense plaisir un article de John Keegan paru dans l'excellent (et très épais : 448 pages) livre What if ? The World's Foremost Military Historians Imagine What Might Have Been.
Le livre est un recueil d'articles de très haute qualité sur les possibilités d'histoire militaire alternative, chacun étant écrit par un universitaire. Intellectuellement stimulant, et éclairant sur un tas de choses ! L'événement le plus ancien remonte à 701 avant JC, le plus récent à 1983. On croise entre autres la bataille de Salamine (gagnée par les Perses), Cortès (sacrifié par les Aztèques en 1520), la guerre de Sécession (remportée politiquement par le Sud en 1862), et bien sûr les deux guerres mondiales (en particulier un excellent article qui montre que même si les Allemands remportent la victoire lors du D-Day, ils ne peuvent obtenir la victoire finale).
J'ai donc lu là dedans un article de John Keegan qui présente une idée brillante et inattendue : en 1941, Hitler aurait dû laisser passer une année de plus avant d'attaquer l'Union Soviétique pour... envahir le Moyen Orient ! Deux solutions principales : soit passer par la mer via Chypre (mais le manque de navires disponible rend la chose peu probable), soit passer par la Turquie, de gré ou de force. Avec à peine vingt divisions, qui auraient poursuivi sur leur lancée de la campagne de Grèce, l'Allemagne peut facilement s'adjuger le contrôle des puits de pétrole d'Irak et d'Iran, plus l'Arabie. Les forces anglaises d'Afrique du Nord sont prises à revers, la route de l'Inde est ouverte. Mais surtout, et c'est là que le plan est génial, l'Union Soviétique est prise à revers. Une invasion en 1942 se fait sur deux fronts, et les principaux approvisionnements de pétrole soviétiques sont coupés dès le début. Les Alliés sont échec et mat.
C'est inattendu, brillant et passionnant. Heureusement, avec son étroitesse d'esprit et son obsession de l'attaque à l'Est, Hitler n'a jamais pensé à un plan pareil, sinon en passant par le nord, via l'intérieur de l'Union Soviétique, ou via l'Egypte.
Je sais c'est encore une uchronie, mais elle permet de poser des questions intéressantes. Avec cette vision des choses, la clé de la guerre ne se situe plus du tout à l'Est du côté de Moscou, mais au beau milieu du Moyen Orient, là où personne ne pense jamais à la chercher.
Bonne journée,
Seb.