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Pourquoi Saint Vith tomba si vite.

Cette rubrique renferme tout ce qui concerne le front ouest du conflit, y compris la bataille des Ardennes ainsi que les sujets communs à tous les fronts tels, les enfants et les femmes dans la guerre, les services secrets, espionnage...
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Pourquoi Saint Vith tomba si vite.

Nouveau message Post Numéro: 1  Nouveau message de Focus  Nouveau message 14 Sep 2009, 14:08

La 106ème d’Infanterie à la dérive. – Deux éléments qui ont précipité la chute de Saint Vith.

Une analyse des faits de bataille dépassionalisée est absolument nécessaire. Seule une analyse de cette nature sera de nature à voir avec exactitude ce qui s’est passé et d’en tirer tous les enseignements.

Si seulement la 106ème Division d’infanterie avait été dirigée par un général aussi compétant que les Généraux, Gerrow, Lauwer, Robertson et Barton pour ne citer qu’eux. (Je me pose la question sur ce qu’a fait Cota, avec sa 28è Division d’Infanterie. Ca ne mériterait – il pas un examen plus soigné ?)
Je parie que l’offensive des Ardennes aurait semé bien moins de malheurs derrière elle.

Si EISENHOWER, mais aussi BRADLEY et HODGE, n’avait pas gardé ou dû garder ??? le Grand secret, peut-être y aurait – il eu une meilleure préparation et des dégâts plus limités.
Le 8ème Corps de Troy MIDDLETON avait donné des ordres de reprise, tel que, du dispositif de défense et d’artillerie de la 2ème Division. ROBERTSON lui aussi n’avait rien pu changer à ce que lui-même avait trouvé. Ca n’a pas empêché GERROW de n’en faire qu’à sa tête à son arrivée dans son secteur et d’assurer, le mieux possible, la sécurité de ses hommes.

Car, dénoncée par le Colonel BEM Alexandre MASSART, dans son ouvrage « Saint-Vith – Décembre 1944 – La Bataille d’Ardenne », la conduite de sa Division par le Général Alan JONES ne fut, c’est le moins qu’on puisse dire, un exemple ni de compétence, ni de sang froid et ni de respect pour ses hommes (sauf son fils mais qu’il a tout de même envoyé au casse pipe jusqu’aux « Of Lag » nazis avec deux régiments entiers – champion le général :( )

Car enfin, comme MASSART le dit p 100
« Dès le moment où les Américains se trouvaient derrière la ligne Siegfried, ils firent des prisonniers qui, pourtant l’informèrent à plusieurs reprises de l’imminence d’une offensive de grande envergure sur leur lignes. Hélas, les GI’s furent plus préoccupés par le confort de leur nouvelles installations de repos et de « combat » sur le front fantôme comme ils le répétaient sans cesse depuis maintenant plus d’un mois. Après la guerre les survivants allemands qui étaient présents devant les lignes américaines le diront
« Les Américains que nous avions devant nous (ils parlaient de la 106th) étaient bruyants, faisaient du feu la nuit, et ne respectaient pas même la plus élémentaire des consignes de sécurité.»

Ce qui démonte en tout cas un manque le plus élémentaire de prise de conscience de l’état de guerre dans lequel se trouvait le Corps VIII de l’armée US en ces temps là. C’était Club Med un peu militaire, mais Club Med tout de même, comme le dira le Général de Brigade Bruce CLARKE le 16 / 12 vers 19 h 00 <« Bastogne ! C’est pratiquement une zone de repos. Qu’allons – nous faire là-bas ? » » p 216

L’un de nos camarades de réflexion, dans un autre « topic » disait que les américains étaient sourds et aveugles. A la 106ème Division d’infanterie, il semble que la surdité ne fut pas que figurée. Ainsi, le Colonel BEM Alexandre MASSART, nous relate p 133
« La nuit du 14 décembre, lisons – nous dans un rapport de la 18ème V.G.D.
« … des éléments de la 2ème SS Panzer Division qui gagnaient une position de rassemblement à l’ouest de Gerolstrein firent un tel vacarme qu’on l’entendait à des kilomètres et nous ne doutions pas que l’ennemi l’ait entendu aussi. » »

Ce fut le cas pour le Général Alan JONES. Le colonel Georges L. DECHENEAU (422 RI) ou le colonel Charles C. CAVENDER (423 RI), avait le sommeil moins profond Il a demandé à aller y voir à 0430 hrs on lui a dit, à la Division, d’aller se recoucher, que c’était de la musique diffusée par hauts parleurs !!!!!. (J’ai lu ça quelque part mais je ne sais plus où)

Le Colonel Castor n’était pas le seul à faire remarquer que des précautions élémentaires n’avaient pas été prises : le minage des ponts. Massart aussi.
Nous pourrions titrer cet épisode de la saga de la 106ème d’infanterie « Autobahn pour l’encerclement de deux régiments. (et leur agonie ) » ainsi, p 191.
« Un second bataillon (en plus du bataillon mobile) de l’Infanterie Regiment 294 (de la 18 VgD qui progressait vers le sud en direction de l’Our) et l’Infanterie Regiment 295 poursuivirent à partir de l’Aube leurs attaques vers le sud mais sans grand succès. Sur l’aile sud de la Division l’Infanterie Regiment 293 après avoir pris Bleialf continua vers le nord le long de la Skyline Drive, atteignit Purple Heart Corner, vers 0630 hrs et balayant les arrières des 423ème et 422ème Régiments d’Infanterie, finit par arriver à Schönberg vers 0830 hrs
Toujours vers 0830 hrs, s’était produit un évènement particulièrement capital : les branches nord et sud de la 18 Vg D, s’étaient rejointes au village de Schönberg où elles s’étaient emparées du pont intact, ce qui était déjà une performance en soi. Mais il y avait mieux. Désormais les 422ème et 423ème Régiments d’Infanterie , ainsi que le 590ème Bataillon d’Artillerie de Campagne, trois unités organiques de la 106ème étaient encerclées. »
Ravitaillée en munitions, vivres, médicaments et carburant, et mieux coordonnées, comme l’ont fait de nombreuses unités, celles-ci auraient pu tenir et même briser l’encerclement. Il fut promis un ravitaillement mais rien ne vint. Il y eut même des tirs fratricides entre ces deux unités leur coûtant de nombreuses vies. Pire, cet ordre inconsidéré donné le 18 par la Division - p 311
Un repli préventif n’aurait – il pas été possible pour éviter cet encerclement ?

Il faut, en tous cas, avoir aussi une compassion pour ces pauvres unités : pour les 422ème et 423ème Régiments d’Infanterie, ainsi que le 590ème Bataillon d’Artillerie de Campagne et les trois unités organiques de la 106ème.
Nourri et ravitaillés seulement d’ordres inconsidérés comme celui du 18 à 0215 hrs du 18 donné par radio
P 231 « Un Groupement de Combat ennemi (se trouve) sur la route Emerscheid Schönberg – Saint Vith, tête vers Saint Vith. Votre mission est de (le) détruire à partir de positions à prendre au sud de la route Schönberg Saint Vith. Des Munitions, vivres et de l’eau vous seront parachutés. Dès la mission accomplie, faites mouvement vers la région Saint Vith – Wallerode – weppele, réorganisez vous et poursuivez vers l’ouest. »
Massart poursuit l’analyse comme suit. «On peut se demander à quoi rimait un tel ordre. En effet, il condamnait les deux régiments à effectuer une marche de dix Km en tout terrain, dans les conditions atmosphériques que l’on connait, en bousculant l’infanterie allemande ( la 18 Vg D) qui assurait l’encerclement de Schnée Eifel , puis à détruire avec leurs seules armes d’infanterie une colonne blindée ennemie , pour enfin par une nouvelle marche d’une dizaine de Km , se mettre à l’abri après avoir traversé l’Our à gué !
En outre, rien n’était dit au sujet d’une éventuelle participation de troupes amies à l’opération, et aucune mesure n’avait été prise pour coordonner l’action de deux régiments dont chacun, en l’absence d’un commandant en chef désigné, demeurait libre de ses mouvements »

p 311« … imposant aux encerclés d’attaquer Schönberg et de regagner par leur propres moyens les lignes américaines. Sans munitions en quantité suffisantes et sans appui de tanks, faire attaquer de l’infanterie à pied dans de telles conditions , c’était du suicide ! Le colonel Georges L. DECHENEAU – et il ne faut pas le taxer de défaitisme – le comprit quant à la réception de cet ordre il proféra ce douloureux commentaire : « - Oh ! mes pauvres soldats, ils vont se faire tailler en pièce. ! » Cet ordre d’attaque fut le facteur qui précipita la fin des deux régiments encerclés »

Que dire, plus au nord, de la mauvaise utilisation du 14ème Groupe de Cavalerie.
Le Colonel BEM Alexandre MASSART dit une chose importante
On sait (p 162) [font=Arial]à la décharge complète des cavaliers[/font] que
« Les directives générales d’emploi de la cavalerie mécanisée américaine mettaient l’accent sur les missions de reconnaissance qui étaient à exécuter en combinant infiltration, feu et mouvement ; aussi les unités étaient – elles organisées, équipées et entraînées dans ce but. Les mêmes directives spécifiaient que la cavalerie mécanisée ne devait engager le combat que dans la mesure strictement nécessaire à l’exécution de sa mission principale de reconnaissance. La cavalerie mécanisée n’était pas faite pour le combat. On n’allait pas tarder à s’en apercevoir dans la Trouée de Losheim
Il fut reconnu, après la guerre, que cette conception était erronée, et que les unités de cavalerie devaient au contraire rechercher le renseignement par le combat. Organiser et équiper de telles unités uniquement en vue de missions de reconnaissance fut également considéré comme une grave erreur. La cavalerie mécanisée aurait dû être capable d’exécuter toutes les missions traditionnelles dévolues à la cavalerie en supplément de celles relatives à la reconnaissance. Ce ‘était malheureusement pas le cas en 1944, et il devait en résulter que les unités présentait de graves lacunes au point de vue des effectifs et aussi de la puissance de feu. Faire jouer, dès l’or, à ces unités un rôle de fantassins et leur imposer une défensive ferme sur un grand front comme ce fut le cas dans la Trouée de Losheim fut une grave erreur dont on n’allait pas tarder à mesurer toutes les conséquences.»

« … les Hommes du 14th Cavalry Group, placés devant une mission impossible allaient se faire enfoncer puis pulvériser par les forces d’assaut allemandes. Ce fut avant tout la faute d’une doctrine . … »
A y réfléchir de plus prés, dans cette optique, je me demande si le Général Alan JONES n’aurait pas eu intérêt à répartir les « troops » des escadrons de cavalerie mécanisée dans les régiments et d’en faire un organe d’information et de coups de poing.
Vous avez dit professionnalisme !

Un exemple :
Le lieutenant Bob REPPA - Commandant de la Troop A du 32è Escadron du 14ème Groupe de Cavalerie avait obtenu de déplacer son unité vers Hondsfeld pour tenter de rétablir le contact perdu avec la 99ème Division d’Infanterie.
p 188
«Ainsi, il était de la sorte arrivé, le 16 vers 2100 hrs, dans cette localité où il n’avait trouvé qu’un ramassis d’isolés et où, en dépit des enseignements, pourtant chèrement payés de la journée, son unité s’était installée sans prendre les mesures les plus élémentaires de sûreté que la situation imposait cependant
Peiper a d’ailleurs relaté l’évènement en ces termes
« Quand aux premières lueurs, nous entrâmes à toute vitesse à Hondsfeld, nous réveillâmes un bataillon de reconnaissance américain. Les canons antitanks postés aux accès éraient laissés à l’abandon. Les rues, ruelles et cours étaient bourrées de véhicules blindés, de jeeps, de véhicules à roues, et aux fenêtres des centaines d’américains, mal réveillés et muets d’étonnement, écarquillaient les yeux à notre vue. Nous traversâmes en vitesse , envoyâmes quelques rafales dans les habitation et continuâmes en direction de Bulliungen.
Les Parachutistes devaient nettoyer le village tandis que la seule de leurs compagnies qui était transportée sur nos tanks de tête restait avec nous jusqu’à la fin de l’offensive »
»
Après un combat confus, la Troop A du 32è Escadron du 14ème Groupe de Cavalerie fut anéantie. Laissant 150 prisonniers et un butin de important de véhicules , d’armement lourd et de carburant.
L’Autorité est coupable : formation insuffisante du personnel.

Je me demande si la personnalité du Colonel DEVINE , que la littérature nous décrit comme un chef « exigent » faisant de fréquentes et détaillées inspections et très tatillon, ne se rapproche pas de celle du Capitaine SOBEL de la Compagnie E du 506ème PIR dont les hommes ont eu le réflexe , eux de se défaire à temps avant engagement. Son tatillonnisme ne traduit – il pas une instabilité caractérielle angoissée :sommet d’incompétence de Péter.
P 192 (17 / 12 / 1044) « Bien qu’il ait reçu l’ordre, à 1220 hrs, de la Division et la promesse qu’une contre-attaque n’allait pas tarer à déboucher, Devine, absolument dépassé par les évènements donna (sans en référer à la Division) à 1300 hrs l’ordre de repli général de son Cavalry Group sur Vielsalm !!! Seul le 275ème Bataillon d’Artillerie de Campagne demeura sur ses positions. Cette mesure intempestive de DEVINE, laissait sans défense tout le nord du secteur divisionnaire devant Saint Vith. »
Le 14ème Groupe de Cavalerie était comme à a dérive, sans chef, un peu comme un bateau ivre sans capitaine.

Cet ordre, de pure panique (p 233), provoqua aussi un reflux vers l’arrière de troupes à la dérive obstruant le passage du Combat Command B de la 7è Division Blindée. Laquelle avait reçu l’ordre de se mettre en position à l’ouest de Saint Vith pour se préparer à une contre attaque vers Schönberg, là où se trouvaient encerclés 422ème et 423ème Régiments d’Infanterie, ainsi que le 590ème Bataillon d’Artillerie de Campagne, trois unités organiques de la 106ème
Le retard que provoquèrent ces unités en déshérence fut tel qu’il fut impossible de pour le CCB du Général Clarke de se mettre en position à temps pour la contre attaque projetée.



Dans la 106ème D I le management était à la dérive, pas grave en temps de paix, mais en temps de guerre avec la perspective d’une controffensive, c’est tragique. Une troupe mal entrainée, mal encadrée.
Quel gaspillage de vies humaines :(
Dernière édition par Focus le 15 Sep 2009, 20:35, édité 1 fois.


 

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Re: Pourquoi Saint Vith tomba si vite.

Nouveau message Post Numéro: 2  Nouveau message de Focus  Nouveau message 14 Sep 2009, 20:03

Rectification à partir de la 20ème ligne
« Les Américains que nous avions devant nous (ils parlaient de la 106th) étaient bruyants, faisaient du feu la nuit, et ne respectaient pas même la plus élémentaire des consignes de sécurité.»
Ce qui démontre en tout cas un manque le plus élémentaire de prise de conscience de l’état de guerre dans lequel se trouvait le Corps VIII de l’armée US en ces temps là. C’était Club Med un peu militaire, mais Club Med tout de même, comme le dira le Général de Brigade Bruce CLARKE le 16 / 12 vers 19 h 00 <« Bastogne ! C’est pratiquement une zone de repos. Qu’allons – nous faire là-bas ? » »p 216


 

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Re: Pourquoi Saint Vith tomba si vite.

Nouveau message Post Numéro: 3  Nouveau message de Prosper Vandenbroucke  Nouveau message 14 Sep 2009, 20:17

Bonsoir Focus,
Lorsque tu constates que tu as oublié quelque chose ou une rectification à apporter, il suffit de cliquer sur le bouton Editer près de ton texte initial pour revenir à ce dernier
Amicalement
Prosper ;)
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