Hello !
... sur
http://dkepaves.free.fr/html/siroco.htm :
Le 30 mai, vers quinze heures, il appareillait du port britannique (Douvres) et gagnait Dunkerque après avoir emprunté la route du Nord. Arrivé à la hauteur des jetées de l'avant port le "Siroco" trouva en face de lui, bloquant le passage, un torpilleur britannique dont le rôle d'après le témoignage d'un artilleur du 16ème R.A.T, était manifestement d'interdire l'entrée du port aux bâtiments qui venaient à la recherche de leurs troupes. Devant cette situation intolérable, de Toulouse Lautrec, après avoir fortement mais en vain manifesté sa volonté de passer, s'apprêta à foncer, déterminé à éperonner le gêneur qui dégagea aux dernières secondes.
Parvenu à la jetée d'embecquetage de l'écluse Watier, il embarqua vers vingt heures sept cent cinquante soldats dont de nombreux artilleurs du 16ème R.A.T avec leur commandant Dietz, des fantassins du 92ème Régiment d'Infanterie avec leur drapeau gardé par le lieutenant Duchêne, des éléments de divers régiments ( 216ème RA 3ème génie), une partie des états majors de la 25ème DI et de l'armée du général Blanchard.
Une heure et demi plus tard, le navire quittait Dunkerque et prenait la direction de l'angleterre par la "route Y" (la plus longue) et par une nuit claire, avec parfois une brume basse et légère. Les hommes étaient serrés dans les cales, les coursives et sur les ponts.
Vers 2 heures du matin, parvenu à trois miles au sud-ouest du bateau feu WEST HINDER, le navire prît le tournant de la bouée Kwinte toujours éclairée, 2 torpilles foncent sur lui par l'avant. De Toulouse Lautrec, son commandant, fit manoeuvrer son navire et évita de peu les engins. Deux autres torpilles arrivèrent sur l'arrière bâbord et, malgré une nouvelle manoeuvre, l'une d'elles atteignit son but et explosa dans les compartiments arrière, entre les gardes hélices et la pièce 4, occasionnant une voie d'eau. Le navire perdit de la vitesse et s'immobilisa : les deux hélices avaient été arrachées.
C'est le lieutenant allemand Christiansen et sa "S 23 (Schnell Boot)", de la première flottille allemande basée en hollande, qui lui a porté ce coup (c'est également lui qui a torpillé le "Jaguar"). On a su plus tard que la "S 26 (Schnell Boot)" participa à l'attaque, commandée par le lieutenant allemand Fimmen.
De Toulouse Lautrec, auquel il convient de rendre hommage pour son sang froid et ses grandes qualités techniques et humaines, rassura ses passagers et demanda par radio un remorqueur qui ne vint pas. A ce moment, un avion "Stuka" ennemi qui rôdait dans les parages repéra le "Siroco" et piqua à trois cents mètres malgré le feu des mitrailleuses du bord et deux pièces de 37AA, le Stuka lâcha deux bombes : la soute à munitions des 130mm explosa et la moitié arrière du bâtiment fut emportée, entraînant dans la mort tous ceux qui s'y trouvaient.
Son étrave dressée vers le ciel, il s'enfonça, les hommes roulant les uns sur les autres, tombant à la mer, les blessés hurlant de terreur et de douleur.
De Toulouse Lautrec avait ordonné la mise à l'eau des embarcations et des radeaux ; lui-même assommé, bascula dans l'eau. Il fut sauvé par le courageux quartier-maître Habasque.
Le drame avait été consommé en deux minutes. D 'énormes quantités de mazout libérées rendirent le sauvetage particulièrement difficile et le bilan fut tragique : Six cent quatre vingt morts ou disparus.
Le "Widgeon", le contre-torpilleur polonais "Blyskavica" et le "Cyclone" vont au secours du navire en perdition. Ce dernier recevra une torpille à la proue avant d'arriver sur les lieux. Le paquebot "Royal Sovereign" se chargera des derniers rescapés.
Deux cent soixante dix survivants qui furent recueillis.