Merci pour le bisou virtuel
Bon, comme toi, je ne suis pas un "pro", un historien patenté de l'histoire du nazisme (titulaire d'un doctorat ès SS) ; prof de lettres et d'histoire, je ne m'intéresse pas qu'à la SGM et, dans ce cadre, je me suis même davantage intéressé à la Résistance en France (à cause de mon maquisard de père) qu'à l'Holocauste (la Shoah) et au négationnisme... Bref, ne connaissant pas très bien la question des Einsatzgruppen, en tout cas la connaissant moins bien que toi, je ne peux guère, pour l'instant, formuler de pertinentes critiques "constructives" sur le fond.
Cela dit, après une deuxième (je ne dis pas "seconde", car il y en aura peut-être une troisième !) lecture de ton article (que je persiste à trouver excellent), je peux tout de même faire quelques petites remarques de détail :
1) Peut-être pouvais-tu, d'emblée, expliquer brièvement ce qu'était le RSHA et donner des précisions sur la création des Einsatzgruppen : comment ont-ils pu participer à l'Anschluss et à l'invasion de la Tchécoslovaquie en mars 1939 s'ils ont été créés en juillet de la même année ?
En outre, Arno J. Mayer, in La « solution finale » dans l'histoire (La Découverte, Paris, 1990, p. 11), parle de CINQ Einsatzgruppen (+ deux créés ensuite) et non de quatre.
2) Au départ, leur mission était-elle, comme tu le dis, "essentiellement l'extermination en masse des Juifs" ? Il ne le semble pas.
En effet, selon l'article de Wikipédia, la décision d'exterminer les Juifs d'Europe orientale est prise en mars 1941, mais les Einsatzgruppen ne reçoivent l’ordre explicite de tuer tous les Juifs sans distinction qu'en août [1941] ; aussi n'exterminent-ils généralement que les seuls individus de sexe masculin pendant les premières semaines de l'invasion.
De plus, le 17 juin 1941, Heydrich, le chef du RSHA, établit la liste des personnes à assassiner par les Einsatzgruppen, les responsables communistes venant avant les Juifs occupant des fonctions au sein du parti communiste, les Juifs ordinaires n'étant pas mentionnés :
Tous les fonctionnaires du Komintern, la plupart de ceux-ci devant être des politiciens de carrière ; les fonctionnaires de haut rang et de rangs intermédiaires ainsi que les extrémistes du parti communiste, du comité central et des comités régionaux et locaux ; les commissaires du peuple ; les Juifs occupant des fonctions au sein du parti communiste ou du gouvernement, ainsi que tous les autres éléments extrémistes, saboteurs, propagandistes, francs-tireurs, assassins, agitateurs...
3) Dans l'"organisation générale", tu écris : L’effectif total [des Einsatzgruppen] se situe donc entre 4 et 5000 hommes. Sachant qu’au moins 30% d’entre eux ne participaient pas aux massacres et qu’ils ont assassiné environ 1,2 millions de Juifs, 400 meurtres ont été commis en moyenne par les membres «actifs».
En fait, ce calcul ne me paraît pas exact. En effet, loin de moi l'idée d'atténuer la responsabilité des "membres actifs" des EG, mais, apparemment, ils se contentèrent de superviser de nombreux massacres qu'ils firent commettre par des auxiliaires locaux (policiers, miliciens, etc.).
D'après Raul Hilberg, in La Destruction des Juifs d’Europe : Quelquefois, la férocité des collaborateurs locaux effraya jusqu’aux cadres des Einsatzgruppen eux-mêmes. C’est le cas, en particulier, des membres de l’Einsatzkommando 6 (de l’Einsatzgruppe C), « littéralement épouvantés par la soif de sang » que manifesta un groupe d’« Allemands ethniques » ukrainiens.
4) Il me semble que tu omets de préciser que les chefs des Einsatzgruppen étaient surtout des universitaires diplômés qui n'ont pourtant presque jamais exprimé le moindre regret de leurs crimes.
5) Peut-être pouvais-tu exposer succinctement, au sujet de la motivation des hommes des EG, la querelle entre Daniel Goldhagen et Richard Rhodes…
6) Peut-être pouvais-tu aussi mentionner l'élimination des handicapés mentaux et physiques, celle des Tziganes…