Post Numéro: 67 de Eric Denis 13 Mar 2009, 13:25
Bonjour,
Voici un fil d’un grand intérêt.
Tout d’abord, je prétends qu’un éditeur qui ne vérifie pas l’éventuelle existence d’ayants droit avant de publier ne fait pas correctement son travail. Je dirai même qu’il cherche visiblement à s’en affranchir, et il me semble difficile de prendre pour argent comptant le volume des ventes qu’il annonce, surtout en fonction du sujet, généralement assez « commercial ». S’il ne pensait vendre qu’une centaine d’exemplaires, il n’y aurait aucune rentabilité et l’ouvrage ne serait donc pas publié.
Ceci étant dit, passons au fond de l’affaire.
En préambule, je répète (je l’ai déjà dit) qu’il est bien facile de juger à postériori les faits et gestes de nos anciens, alors que de nos jours nous maitrisons les tenants et les aboutissants de la seconde guerre mondiale.
Lorsque l’on connait la pertinence de la propagande allemande durant ce conflit et que l’on cumule avec l’âge de l’auteur à l’époque de son engagement, il me semble bien simple de comprendre les raisons qui ont fondé ses décisions. A 17 ans, on est particulièrement influençable, et c’est toujours le cas de nos jours, malgré les innombrables médias mis à notre disposition pour obtenir des informations. Alors que dire de cette époque, ou seule la propagande et les médias soumis à la censure étatique étaient disponibles.
La fameuse « croisade contre le bolchevisme » a apporté aux forces allemandes de nombreuses recrues, qui sans doute n’avaient pas le recul nécessaire pour comprendre les causes réelles de cette propagande, à savoir incorporer le plus de troupes possible pour le front de l’Est. Cette idée, opposant l’Europe à l’URSS, n’est pas nouvelle, elle reposait à l’époque sur la crainte engendrée par le communisme au sein des démocraties, et ce, bien avant la seconde guerre mondiale.
Ensuite, il me semble judicieux de se replacer dans le contexte historique. N’oublions pas que jusqu’en 1943, bon nombre d’européens pensent, non sans raison, que l’Allemagne va probablement gagner la guerre. Cette idée reposait sur une certaine invincibilité de la Wehrmacht qui sera bien sur remise en cause par les échecs successifs de Stalingrad, de la Tunisie et de Koursk.
Or, à l’époque, et en fonction de la présence allemande dans la majeur partie de l’Europe de l’Ouest, il peut sembler logique que l’Armée Rouge, en cas de victoire, ne s’arrêtera pas aux frontières du Reich, et pourrait bien continuer jusqu’à Brest, et donc implanter un régime communiste sur tout le continent. Depuis la révolution russe de 1917, la crainte du communisme est exacerbée et exagérée en France, à tel point qu’en 1940, par exemple, de nombreux militaires français craignaient une révolution rouge en France en fonction de la débâcle du pouvoir et des armées. Mais nous savons aujourd’hui que rien n’était prévu dans ce sens par les communistes faute de moyen et de volonté, ce qui en dit long sur l’étendue de la perception de « la menace rouge ».
Il faut aussi mentionner le fait qu’en France, nul ne savait exactement ce qui se passait du coté des Alliés, sinon au travers des propagandes allemandes et anglo-américaines diffusées par les radios. Il était donc bien difficile de faire la part des choses !
Mes paroles ne sont ni un soutient ni une critique des volontaire français pour le front de l’Est. Je me borne à rappeler quelques éléments contextuels à mon sens incontournables pour une bonne compréhension de ce type d’ouvrage. De plus, je ne pense pas que ce livre ait été écrit pour donner une leçon d’Histoire, il faut le prendre comme un témoignage humain, d’un homme pris dans une tourmente dont il ne maitrise finalement rien.
Je peux également comprendre l’attitude de rejet des Français pour ces hommes, engagées volontaires dans les troupes allemandes. Mais n’oublions pas qu’à cette époque, les hommes subissaient plus qu’ils n’agissaient. Certains, dans un camp comme dans l’autre, ont pu croire à leur idéal, mais la guerre à vite fait de leur rappeler son inhumanité en les marquant profondément et à jamais.
Heureusement, de nos jours, notre regard sur ce type d’expérience peut s’effectuer dans le calme et en dehors du contexte.
Cordialement
Eric DENIS
Dernière édition par Eric Denis le 13 Mar 2009, 15:03, édité 2 fois.