Post Numéro: 12 de Tom 06 Mar 2009, 13:31
Une longue discussion a déjà eu lieu à ce sujet sur ce forum en septembre 2007. Nicolas Bernard écrivait :
Dickmann a agi sur ordre. Un ordre qui ne pouvait émaner que de Lammerding lui-même. Or, ce dernier n'a pas davantage pu agir de sa propre initiative, car son programme du 5 juin 1944 ne prévoyait nullement une telle Aktion. C'est donc que l'ordre venait de bien plus haut. La radicale nouveauté de l'opération, le fait que Lammerding lui-même n'y ait pas songé la veille du Débarquement, le sens de la discipline de Dickmann, l'absence totale de directive écrite enfin, autant d'éléments prouvant incontestablement que c'est bel et bien Adolf Hitler qui a donné l'ordre de ausrotten un village français pour frapper la France de terreur.
Je rapportais alors une explication trouvée sur Wikipédia :
Deux thèses françaises existent quant à la prise de la décision (d’anéantir Oradour) :
1) La première avance simplement que le général Lammerding a ordonné d'anéantir un village de la région pour l'exemple. Le choix, concerté avec la Milice, s'est porté sur Oradour, un bourg paisible et nullement impliqué dans la résistance armée, même s'il s'y trouvait une dizaine de sympathisants communistes en liaison avec les FTP.
Nicolas Bernard répondait : L'explication n'explique pas grand chose. Pourquoi Oradour a-t-il été choisi ? Et Lammerding n'aurait jamais songé à un seul instant à aller bien au-delà des consignes officielles. C'est un bureaucrate, pas un audacieux.
A quoi l'on peut rétorquer que les "consignes officielles" (cf. supra ordre du commandant en chef Ouest) n'excluaient pas un tel massacre : Pour le rétablissement de l’ordre et de la sécurité, les mesures les plus énergiques devront être prises afin d’effrayer les habitants de cette région infestée, à qui il faudra faire passer le goût d’accueillir les groupes de résistance et de se laisser gouverner par eux. Cela servira en outre d’avertissement à toute la population.
Wikipédia : 2) La seconde admet que les Allemands ont obtenu des informations selon lesquelles Oradour abritait un poste de commandement des maquis et un dépôt de munitions, le village d'Oradour-sur-Glane ayant pu être confondu avec celui d'Oradour-sur-Vayres, situé aussi à une trentaine de kilomètres de Limoges et connu pour abriter des résistants actifs.
Nicolas Bernard répondait : Si les S.S. s'attendaient à tomber sur un nid de maquisards, ils se seraient déplacés bien plus nombreux, auraient apporté avec eux un minimum d'armement lourd, et n'auraient pas approché le village d'une manière si "imprudente", sans réelle reconnaissance ni infiltration.
Wikipédia : Selon les déclarations et témoignages des officiers allemands, les journaux de campagne (dont celui du général Brodowsky) et les ouvrages publiés, l'expédition contre Oradour a été improvisée en fin de matinée du 10 juin à la suite d'une conjonction d'informations :
1) Le 9 au soir, le Sipo-SD de Limoges, utilisant peut-être des renseignements fournis par la Milice, signalait qu'Oradour abritait un PC du maquis.
2) Le lendemain à l'aube, le lieutenant SS Gerlach, capturé la veille près d'Oradour, mais ayant réussi à échapper à ses ravisseurs, rapportait qu'il y avait été conduit et molesté, et qu'il y avait vu de nombreux maquisards.
3) Dans la matinée, le chef de bataillon SS Adolf Diekmann, commandant le 1er bataillon du SS-Panzergrenadier-Regiment 4 Der Führer, arrivait au PC du régiment. Deux informateurs français, a-t-il rapporté, étaient venus lui confier qu'un officier était détenu à Oradour-sur-Glane et qu'il serait exécuté dans la soirée devant une population complice des maquisards. Or, son meilleur ami, le chef de bataillon SS Helmut Kämpfe, commandant le SS-Aufklärungs-Abteilung 2, avait été enlevé la veille à l'est de Limoges. Des papiers d'identité lui appartenant venaient d'être retrouvés dans une rue de la ville, établissant qu'il y avait transité durant la nuit.
Diekmann a alors proposé à son supérieur de monter une expédition dans l'espoir de récupérer Kämpfe. Le colonel Stahler, commandant le régiment, a accepté et lui a donné l'ordre de détruire le PC du maquis et de prendre quarante otages, si possible des chefs des "bandes de partisans", comme monnaie d'échange au cas où Kämpfe ne serait pas retrouvé. Dans cette perspective, Stahler avait fait libérer par le Sipo-SD un maquisard capturé afin de prendre contact avec les ravisseurs de Kämpfe pour leur proposer un échange.
Nicolas Bernard répondait : Dickmann ne s'attendait certainement pas à libérer Kämpfe, pas plus qu'il ne voulait s'attaquer à un maquis, pour cette simple et excellente raison qu'il ne réunira que 200 hommes dépourvus de matériel lourd et qui débarqueront dans le village comme à la parade.
Quant à l'échange Stadler-Dickmann, il résulte de la version propagée par les S.S. eux-mêmes. Impossible d'en vérifier l'authenticité. Il est certes confirmé qu'une tentative d'approche a été effectuée auprès du maquis pour libérer Kämpfe, mais il est absolument délirant de prétendre comme le fait Wikipedia que Stadler aurait ordonné la destruction d'un "maquis", ordre que Dickmann aurait interprété comme valant autorisation pour l'anéantissement d'un village qu'il savait innocent.
En ce qui me concerne, et même si je reconnais le caractère hypothétique de l'affirmation - mais nous raisonnons depuis le début sur des hypothèses -, le choix s'est porté sur Oradour pour une raison très simple : il s'agissait, précisément, d'un village qui n'avait rien à se reprocher, d'une part, et qui était relié à Limoges par une ligne de tram qui favoriserait la propagation de la nouvelle sans passer par la propagande - ce qui donnait à chacun la possibilité de couvrir ses arrières. Sinon, pour quelle raison avoir épargné la quasi-totalité des passagers des deux trams qui arriveront au village en plein massacre ? Est-ce un signe que les "militaires allemands" n'étaient pas si "furieux" ?
Bref, Hitler donne son instruction à Himmler, lequel prend directement contact avec Lammerding. Les prétextes sont presque immédiatement élaborés, en haut lieu ou sur place : l'action des maquisards, la disparition d'un officier S.S... La mort de Dickmann, quelques semaines plus tard, permettra d'en faire un utile bouc-émissaire, un officier fantasque qui, pour retrouver son ami Kämpfe, a malheureusement commis une bavure s'inscrivant dans le cadre d'une guerre impitoyable contre le terrorisme communiste. Lammerding ne prétendra pas autre chose après la guerre. Impossible pour lui d'invoquer l'obéissance aux ordres, car l'argument était irrecevable depuis le procès de Nuremberg.
Mais a-t-on des preuves de tout cela ?
Nicolas Bernard répondait : Lorsque la documentation manque, pour cause de nettoyage pratiqué par l'autorité, il faut recourir à des hypothèses. (...) Je me base pourtant sur les faits, rien que les faits, et la plus élémentaire logique.
A vous de vous faire une opinion entre ces différentes hypothèses en l'absence de toute trace écrite...