Post Numéro: 36 de Signal 23 Déc 2008, 14:30
Bon je débarque six mois (au moins) après la bataille et j'ajoute mon grain de se :
Avant toute chose, il est fondamental de ne regarder ce film qu'en allemand, il est stupide d'en faire un doublage. Hitler parlant français, anglais ou javanais, quelle stupidité ! Idem pour la plupart des fils de guerre (et pas seulement) dans lesquels les acteurs parlent la langue des protagonistes. Je cite une publicité très intelligente qui était celle de l'un des cinéma de Strasbourg à l'époque où le Soldat Ryan était sorti (c'était le seul cinéma qui propose le film en vo d'ailleurs...) : "à votre avis, quelle langue parlaient les GI qui ont débarqué en Normandie ?". On peut dire la même chose pour Hitler : quelle langue parlait le dictateur de l'Allemagne nazie à votre avis ? Les sous-titres c'est vrai c'est pas évident, mais avec un peu d'habitude on s'y fait.
Pour le film en lui-même, en effet ce n'est pas un documentaire. C'est la principale critique qui a été celle de nos bien-pensants français lors de sa sortie (outre le fait qu'on ne voyait pas Hitler en train d'égorger des Juifs) : les acteurs ne sont pas ressemblants (à part Bruno Ganz, magnifique), les scènes sont surjouées, on ne voit pas le suicide de Hitler, et j'en passe. La palme de la c.....rie à une journaliste de France Inter, spécialiste du cinéma (je terrai son nom mais ceux qui connaissent la reconnaitront), qui a déclaré : "le suicide des enfants Göbbels d'accord c'est horrible mais on ne va pas verser une larme, c'est quand même les enfants Göbbels, pensons à tous les enfants juifs morts dans les camps...". N'en déplaise à tout ce petit monde, ce film est une évocation de ce qu'ont été les derniers moments de la bataille de Berlin, dans toute son horreur.
En effet, les lieux sont un peu surdimensionnés, en fait c'est le couloir central qui est élargi. Pour le reste, la vie dans le bas-Bunker (le véritable Führerbunker) est assez calme quand on y regarde bien, à l'exception de deux-trois moments dramatiques. Là où c'est vraiment le bordel (au sens propre du terme) c'est dans le haut bunker, où on s'enivre copieusement en parlant de la meilleure façon de se suicider, sans parler des quelques maisons intactes où ça tourne à l'orgie généralisée. La fin du monde quoi...
A l'extérieur, l'ambiance est très bien rendue : civils livrés à eux-même, jeunes de la Hitlerjugend fanatisés, pendaisons de "traîtres"... tant pis si les chars ne sont pas exactement echt.
Pour les souvenirs, il s'agissait de voir l'événement par la petite porte : au lieu de s'attacher aux habituels hommes, on s'attache à une femme, secrétaire de surcroît. Ca change... D'autant que le film s'ouvre et se ferme sur son témoignage, très intéressant d'ailleurs sur le reniement-culpabilité de la population allemande. D'ailleurs un lien est fait entre ce personnage "intérieur" du régime et le reste de la population, par l'entremise du jeune garçon que l'on découvre au début du film avec ses camarades au 88. Lui est à l'extérieur, Traudle Junge à l'extérieur, et les deux finissent par se retrouver en quittant Berlin. Là encore la dernière scène a fait hurler nos bien-pensants sur le thème "la secrétaire de Hitler avec le Hitlerjugend s'en vont vers un avenir radieux, quelle horreur !" c'est vrai qu'il aurait fallu qu'elle se fasse violer par une vingtaine de soldats russes et que lui se fasse massacrer au combat, ça aurait fait plus vrai. Mais cette scène est symbolique : après six ans de guerre, douze ans de dictature, l'Allemagne peut enfin voler de ses propres ailes et aller vers l'avenir. Et tant pis si elle a trempé dans le nazisme, c'est à elle de faire son examen de conscience, comme le montre l'interview de Traudle Junge juste après, quand elle dit qu'elle est entrée chez Hitler au même moment que Sophie Sholl était exécutée...
Bonne journée,
Seb.