... et Ilya Ehrenbourg. Edition Solin, Actes Sud 1995. ISBN 2-7427-0623-2 pour l’édition française.
Textes et témoignages sur les exactions commises durant la guerre 39-45 par les troupes allemandes mais surtout par les einsatzgruppen, la SS, et la feldgendarmerie sur les territoires de l’est lors de l’invasion, pendant l’occupation et lors de la retraite et cela sur les populations juives en particulier.
Ce pavé de plus de 1000 pages ne laisse aucune ambiguïté quant à la responsabilité des soldats de l’Allemagne (différente nationalité) pour crimes de guerre sur des civils durant ce conflit.
Ce livre n’est pas facile à lire (j’en ai lu les trois quarts) tant les actes odieux deviennent répétitifs mais utile pour savoir quelle a pu être la vie des gens dans ces territoires occupés.
Une remarque tout de même, dans les différents courriers adressés et qui font part des crimes nazis, je n’ai pas ressenti beaucoup de compassion de la part de leur auteur pour les juifs… je serai tenté de dire qu’ils ont laissés faire même si les faits leur semblaient inhumains.
Ce livre très rare a une histoire, à savoir qu’il fut commencé en 1943 par les deux auteurs et un certain nombre d’écrivains et journalistes aux travers de récits, lettres comptes-rendus, journaux intimes, dépositions récupérés par les soldats russes ou adressé par les civils aux auteurs. Après bien des péripéties la 1ère partie fut publiée en Roumanie et aux USA en 1946. En 1947, Ehrenbourg confia au musée juif de Vilnius un document étant l’ébauche du futur Livre Noir pour conservation temporaire. En 1948, les châssis de composition furent détruits et les premières épreuves confisquées. En 1965, Ehrenbourg entama des discussions avec l’agence de presse Novosti pour publier le livre, peine perdue. Le manuscrit atterri à Jérusalem et en 1980 sa première publication fut Russe, mais le texte n’était que partiel. En janvier 1992, un jeu d’épreuves originales conservées secrètement depuis 1947 fut remis à Irina Ehrenbourg par un ami et la version intégrale a put être publiée en 1993 à Vilnius, 45 ans plus tard. Entre 1948 et 1953, mort de Staline, beaucoup de collaborateur de ce livre furent exécutés lors d’une campagne antisémite, sous l’accusation de nationalisme juif, avec le « livre noir » pour étayer l’instruction des procès.