Sources :
L’histoire n°219, mars 1998,
Les soldats perdus de la division Croatie Jean-Maurice de Montremy,
p 16-17.
Pour plus d'infos :
Un site serbe en anglais :
http://www.serbianna.com/columns/savich/065.shtml
Le site de l'ambassade Croatie en français:
http://www.amb-croatie.fr/actualites/villefranche2003.htm
Villefranche de Rouergue,
http://fr.wikipedia.org/wiki/Villefranche-de-Rouergue
le 17 septembre 1943, (…) la mutinerie d’une partie du
13e bataillon de la division de montagne des volontaires SS Croate de
Villefranche (environ1 000 hommes) tourne court.
(L'article parle du 13e Bataillon, wikipedia et l'article sur le site de l'Ambassade de Croatie, parlent, eux, du 13e bataillon de pionnier de la 13e division SS. En fait, la division Croatie est aussi appelée la division Handschar, équivalence qui n'est pas précisée dans l'article de Montremy.)
Les révoltés menés par le sous-lieutnant
Ferid Dzanic, arrivés un mois plus tôt, se sont heurtés à l’imam du Bataillon,
Halim Malkoc.
Mais déjà d’autres unités de la
Wehrmacht, venues à la rescousse de Mende, Millau et Rodez, bouclent la ville. Le général
Sauberzweig, commandant de la division
Croatie, suit sans tarder.
http://www.srpska-mreza.com/handzar/handzar.htm
Commence interrogatoires et torture des mutins survivants, immédiatement suivis des premières exécutions.
Sauberzweig promet à l’imam
Malkoc la croix de fer, le nomme capitaine, après quoi sa colère se porte sur les Villefranchois, tenus pour complices. On désarme les gendarmes, on convoque le maire,
Louis Fontanges , la loi martiale est décrétée. Mais Himmler prévenu, ordonne d’en rester là. Pas de publicité sur cette affaire. Une vidéo assez rare, sur l'inspection, par le
Reichsführer SS des troupes de la division
Handschar.
http://www.serbianna.com/columns/savich/065_files/himmler.wmv
Une violence semble à celle qui frappera les habitants d’
Oradour est évitée. Remis au pas, le
13e bataillon SS est immédiatement renvoyé en Allemagne. Plus tard, Radio Londres croit tout de même savoir que les« Tchécoslovaques » ont fait du grabugeà
Villefranche-sur -Rouergue .
Cette révolte, les aveyronnais s’en souviennent. Plusieurs d’entre eux ont caché, puis aidé à s’enfuir, ces étranges déserteurs au langage incompréhensible. Les autorités françaises dressèrent en octobre 1950 une stèle sur la place du charnier où furent jetés le corps des mutins. Elle est frappée d’une étoile rouge et rend hommage «
aux combattants yougoslaves qui tombèrent loin de leur patrie sous les balles de l’ennemi nazi. »
http://www.amb-croatie.fr/actualites/villefranche2003.htm
S’il n’était lui-même d’origine croate, adolescent durant la guerre, l’historien de la médecine,
Mirko Grmek n’aurait d’ailleurs sans doute pas eu l’idée de rouvrir ce dossier et de consulter, au-delà des archives françaises, les documents disponibles en Croatie, en Bosnie, aux USA et en Allemagne.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Mirko_Grmek
Il en a tiré, avec
http://www.bibliomonde.com/auteur/louise-lambrichs-163.html,
une étude sur
Les Révoltés de Villefranche.
Le face-à-face de l’imam et du sous-lieutenant est exemplaire. L’imam
Malkoc fait partie des musulmans croates exaspérés par les violences de l’armée royale yougoslave puis des
tchetniks, les résistants nationalistes serbes. Il a été convaincu par les thèses que diffusent dès 1942, le mufti de
Mostar et le mufti de
Jérusalem.
Seule la «
lutte contre l’impérialisme anglais, la judéité, la franc-maçonnerie et le bolchevisme, guidée par le peuple allemand sous la direction de son Führer » permettra d’obtenir l’autonomie politique et territoriale de son pays. Et seule une puissante force germano-musulmane saura défendre efficacement ceux qui ne croient plus aux promesses du dictateur nationaliste croate
Ante Pavelic.
L’idée séduit
Himmler, entiché de politique arabe, peu sûr de ses alliés fascistes de Croatie et toujours en quête de troupes fraîches. Il ordonne la création d’une division SS musulmane et fixe l’objectif de 26 000 volontaires. Mais tous les musulmans croates n’ont pas le zèle de
Halim Malkoc. On procède alors, à partir de juillet 1943, au recrutement forcé, y compris chez les non-musulmans. Les désertions commencent et Volontaires ou non, les SS de la division
Croatie veulent combattre dans leur pays et non en Russie ni en France, où 21 000 sont finalement transférés en août.
Quand éclate la mutinerie de
Villefranche, dans la nuit du 16 au 17 septembre, et quand les révoltés massacrent leurs cadres allemands, c’est bien l’imam qui, le premier, enraye le mouvement.
Ferid Dzanic, 25 ans, chef de la mutinerie, incarne un autre aspect de la confusion des temps. Ancien officier de l’armée régulière croate, il est passé dans des conditions bizarres du côté des partisans communistes, avant de réapparaître, de manière non moins bizarre, comme sous-officier SS dans la division
Croatie. Certains partisans ont suspecté ce musulman d’être un agent nazi.
Après la révolte, les services de renseignements SS estiment qu’il était, dès son départ de l’armée croate, sous l’influence de l’Angleterre, etqu’il aurait eu, à
Villefranche, des contacts avec la Résistance.
Mirko Grmek et
Louise L.Lambrichs préfèrent suspendre leur réponse. (…) Il aurait été convaincu de tenter l’aventure par d’anciens combattants royalistes serbes installés, depuis la fin de la Première Guerre Mondiale dans la région de
Toulouse. Mais les guides espérés par les mutins de
Villefranche ne sont pas présentés le 17, à l’aube, pour les conduire vers les montagnes. De cette défaillance fatale,
Grmek et
Lambrichs suggèrent une explication machiavélique : les Serbes de Toulouse, jouant triple jeu, auraient à dessein compromis la révolté qu’ils avaient attisé.
Une hypothèse à laquelle le lecteur n’est pas obligé d’adhérer.
Cette révolte d'un des bataillons de la Handschar souligne le peu de fiabilité de ce type de division, crée dans l'urgence, en 1943, pour pallier les énormes pertes sur le front russe. Cette dilatation du recrutement de la
Waffen SS à tous les pays sous occupation allemande correspondait à un besoin urgent de troupes fraîches.