Post Numéro: 32 de Tom 18 Fév 2008, 16:12
Joachim, la carte simplifiée que tu présentes semble très bien. Celle de Wikipédia que tu donnes en lien confirme que l'alsacien est bien un DIALECTE GERMANO-ALEMANIQUE et précise qu'il s'agit d'un dialecte spécifique : ALEMANIQUE DE L'OUEST...
Juste une remarque à propos du "franco-provençal", le bien mal nommé !
Selon Henriette Walter (Le français dans tous les sens, Robert Laffont, 1988) : [...] La spécificité de ce domaine n'a été reconnue que depuis un siècle et la graphie francoprovençal, en un seul mot, sans trait d'union, est un moyen pour les spécialistes de montrer l'unité d'un domaine qui n'est pas un mélange de français et de provençal .
Selon l'éminent linguiste André Martinet, le francoprovençal serait de façon plus adéquate nommé rhodanien (de "Rhône").
En effet, parmi les parlers romans, entre la zone des dialectes d'oc et celle des dialectes d'oïl, le francoprovençal s'étend sur trois pays européens :
- en France, dans le Lyonnais, la Savoie, le nord du Dauphiné et une partie du Forez et de la Franche-Comté ;
- en Suisse romande, c'est-à-dire dans les cantons de Neuchâtel, de Vaud, de Genève, de Fribourg et du Valais ;
- en Italie, dans le Val d'Aoste.
Henriette Walter : Le nombre des patoisants s'amenuise de jour en jour, mais les patois ne sont pas morts [...] Ainsi, en 1975, il y avait encore à Saint-Thurin, petite commune de trois cents habitants dans le département de la Loire, 96 pour cent des habitants qui comprenaient le francoprovençal et 73 pour cent qui le parlaient.
D'après l'Ethnologue Database, le francoprovençal est encore parlé par plus de soixante-dix mille locuteurs sur le versant italien des Alpes et l'on trouve une très curieuse petite enclave de francoprovençal en Italie du Sud !
N.B. Dialecte, patois ? Je ne suis pas linguiste, mais il me semble que le sens courant de ces mots est plutôt ambivalent.
En effet, "dialecte" désigne à la fois une langue à part entière qui n'a pas acquis le statut d'une "grande langue" (langue officielle ou nationale) et la forme régionale d'une langue.
Par exemple, le savoyard (dans ses différentes variétés !) peut être considéré comme un dialecte du système linguistique francoprovençal, lui-même considéré comme un dialecte par rapport au français (en France et en Suisse) et à l'italien (en Italie). En revanche, le français parlé dans le Val d'Aoste n'est évidemment pas considéré comme un dialecte puisqu'il est langue nationale en France, etc.
Toutefois, ce que l'on appelle français régional est souvent un mélange de français et de termes issus de l'ancien dialecte local. Gaston Tuaillon le définit ainsi : Ce qui reste du patois quand il a été oublié ! Le québécois apparaît comme une forme régionale très spécifique du français (avec des termes fixés au 17/18e s., des termes propres et sans doute aussi des termes dialectaux issus des régions d'origine des Canadiens français)...
Quant à "patois", c'est soit l'équivalent de "dialecte", soit une variété d'un dialecte, soit encore, plus souvent, un terme péjoratif pour dénigrer un parler local qu'on juge grossier et inférieur à la langue commune.
En fait, jusqu'au 20e siècle, jusqu'à ce que les effets du chemin de fer, du service militaire universel et de l'instruction publique obligatoire se fassent sentir dans nos campagnes, la plupart de nos aïeux parlaient surtout un patois (c'est-à-dire un dialecte local) et, éventuellement, plus ou moins bien le français (commun ou régional, c'est-à-dire mêlé de patois)...
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Tom le 19 Fév 2008, 09:46, édité 4 fois.