Aucun problème - d'autant que le
Dialogue est vraiment réjouissant à lire. A propos, je vous causais d'
Europa Universalis II sur un autre fil : il s'agit bel et bien d'un jeu informatique, très bien conçu, où vous pouvez rejouer l'Histoire du monde selon des "scénarii" débutant chacun en 1419, 1492, 1667, 1700, 1770, et 1795, ce jusqu'en 1820. Avec Napoléon Bonaparte (campagne de 1795-1820), j'ai "satellisé" l'Espagne (1795) et l'Autriche (1800), puis la Russie (en 1815), outre que j'ai démantelé la Prusse (1802), annexé l'Italie (1795-1806), et réussi à débarquer en Angleterre en 1810, ayant détruit les escadres de Nelson (à Trafalgar), de Keith (dans la Manche) et d'un troisième dont j'ai oublié le nom dans les Antilles. Bon, je vous cause là du record, après quelques précédentes tentatives dont l'une a fini à Sainte-Hélène. Dans le même genre, un autre jeu s'avère tout aussi intéressant,
Hearts of Iron II, puisqu'il porte sur la Deuxième Guerre Mondiale.
Pour revenir aux
Protocoles, il s'agit bel et bien d'un plagiat du
Dialogue... - voir les références citées. A titre d'exemple, je reproduis ici un extrait du premier "dialogue" que nous livre Maurice Joly :
Machiavel. - [...] Les hommes aspirent tous à la domination, et il n'en est point qui ne fût oppresseur, s'il le pouvait ; tous ou presque tous sont prêts à sacrifier les droits d'autrui à leurs intérêts.
Qui contient entre eux ces animaux dévorants qu'on appelle les hommes ? A l'origine des sociétés, c'est la force brutale et sans frein ; plus tard, c'est la loi, c'est-à-dire encore la force, réglée par des formes. Vous avez consulté toutes les sources de l'histoire ; partout la force apparaît avant le droit.
La liberté politique n'est qu'une idée relative ; [...]
Et voici un extrait du chapitre premier des
Protocoles :
Tout homme aspire au pouvoir ; il en est peu qui ne deviendraient pas dictateurs s'ils le pouvaient, et bien rares sont ceux qui ne seraient prêts à sacrifier le bien général à des avantages personnels.
Qu'est-ce qui a contenu et dirigé ces bêtes de proie qu'on appelle les hommes ? Aux premières époques de la vie sociale, ils se sont soumis à la force aveugle et brutale, ensuite à la loi qui, elle aussi, est une force, mais une force masquée. J'en conclus que, par la loi de la nature, le droit réside dans la force.
La liberté politique est une idée, mais non une réalité.
Autre exemple, pris complètement au hasard (
Dialogue aux Enfers, op. cit., 4e dialogue) :
Machiavel. - Quelles formes de gouvernement voulez vous appliquer à des sociétés où la corruption s'est glissée partout, où la fortune ne s'acquiert que par les surprises de la fraude, où la morale n'a plus de garantie que dans les lois répressives, où le sentiment de la patrie lui-même s'est éteint dans je ne sais quel cosmopolitisme universel ?
Je ne vois de salut pour ces sociétés, véritables colosses aux pieds d'argile, que dans l'institution d'une centralisation à outrance, qui mette toute la force publique à la disposition de ceux qui gouvernent ; dans une administration hiérarchique semblable à celle de l'empire romain, qui règle mécaniquement tous les mouvements des individus ; dans un vaste système de législation qui reprenne en détail toutes les libertés qui ont été imprudemment données ; dans un despotisme gigantesque, enfin, qui puisse frapper immédiatement et à toute heure, tout ce qui résiste, tout ce qui se plaint.
Et dans les
Protocoles (chapitre V) :
Quel genre de gouvernement peut-on donner aux sociétés pénétrées de toutes parts par la corruption, au milieu desquelles les richesses ne s'acquièrent que par les surprises que provoquent des tricheries astucieuses, où règne la licence des mœurs, où la moralité est maintenue par des châtiments et non par des principes acquis, où les sentiments patriotiques et religieux sont remplacés par des idées cosmopolites ? Quelle autre forme de gouvernement peut-on donner à de telles sociétés, si ce n'est la forme despotique que je vais vous décrire.
Il faut que nous créions une centralisation très ferme du gouvernement, de façon à tenir entre nos mains toutes les forces sociales. Ensuite nous réglerons automatiquement, par de nouvelles lois, toutes les fonctions. de la vie politique que de nos sujets. Ces lois aboliront les uns après les autres tous les privilèges et toutes les franchises, et notre règne sera marqué par un despotisme si majestueux qu'il sera en état d'écraser, en tout temps et en tout lieu, les récalcitrants et les mécontents.
Et il en est ainsi sur des pages et des pages... De toute évidence, le faussaire Mathieu Golovinski ne s'est guère compliqué la vie.