Daniel a écrit :
Il y avait, dans cette Milice honnie a juste titre, des jeunes francais, pour la plupart catholiques traditionnalistes, dont certains adolescents savoyard executes au Grand-Bornand, qui croyaient, eux aussi et tout autant sincerement, avoir ete engage pour la France.
Frappé en plein vol, tel le baron rouge, par le terme "savoyards", j'arrive seulement à l'instant dans ce fil "tendu"...
Juste une petite remarque. Lorsque j'étais jeune (chien fou écervelé), j'ai été, moi aussi, très virulent envers ceux qui osaient critiquer l'exécution de 76 miliciens au Grand-Bornand (Haute-Savoie) à la Libération.
Et puis, avec le temps, j'ai mis de l'eau (d'Evian ou de Thonon) dans mon vin (de Savoie).
Bien sûr, en historien, je comprends toujours les raisons de leur jugement expéditif (plus équitable que les exécutions sommaires courantes à l'époque) et de leur condamnation à mort quasi programmée (puisqu'on avait commandé à peu près le même nombre de cercueils que de condamnés). En effet, il fallait apaiser la fureur populaire dans la vallée et aussi satisfaire les F.T.P. qui criaient vengeance pour leurs martyrs : résistants, militants, otages, exécutés ou livrés aux cours martiales par une milice très anticommuniste...
Toutefois, je me suis rendu compte :
1) Qu'on avait empêché les francs-gardes de la centaine d'Annecy de partir avec les Allemands (ce qu'ils n'auraient d'ailleurs pas pu faire, puisque ces derniers se sont finalement rendus au maquis sur un coup de bluff) et qu'on les avait désarmés et faits prisonniers en
leur promettant la vie sauve ;
2) Qu'on les avait maltraités et qu'on en avait torturé certains dans leur prison de fortune ;
3) Qu'on les avait condamnés en bloc avec le seul choix entre l'acquittement ou la mort sans vraiment les entendre ni examiner leur cas personnel alors que beaucoup étaient très jeunes, entrés récemment dans la Milice et n'avaient pas de sang sur les mains ;
4) Que la plupart étaient morts très courageusement après avoir fait de très sincères professions de foi chrétiennes et patriotiques ;
5) Que, d'après ce que leur juge lui-même avait déclaré à Henri Amouroux en 1969, trente accusés, au maximum, auraient mérité la mort...
Cela dit, à mon humble avis, leur foi sincère ne les excuse pas. En effet, leur foi chrétienne devait être bien... "intégriste" pour intégrer un antisémitisme aussi virulent (même pour l'époque) ; leur foi patriotique devait être bien dévoyée pour croire que la lutte contre les bolcheviques primait celle contre les nazis tandis que ceux-ci occupaient le sol national...