Post Numéro: 1 de le pitaine 17 Avr 2007, 08:03
bonjour à tous,
voici quelques info sur le stalag VB de Villingen (Schwemmingen). Les documents sur ce camp sont assez rares, j'espère que ce récit pourra aider certain...
Ce stalag était installé dans la région du Bade-Wurtemberg allemand sur les pentes de la Forêt Noire, à 800 d’altitude.
Situé aux abords de Villingen et à 40km de Fribourg-en-Brisgau, il n’est distant que d’environ 40km de la frontière suisse. C’est pour cette raison qu’en 1941, il était réputé comme l’un des plus fertiles en évasions, en raison de la proximité de la poche de Schaffouse, qui réduisait considérablement la distance avec la frontière de la liberté. Le chiffre V signifie qu’il dépendait de la région militaire n°V (Sud-Ouest de l’Allemagne), ayant comme administration centrale : Stuttgart.
Avant son ouverture en avril 1940, il existait un camp pour une courte période à Zimmern, près de Rottweil. Tous les stalags ont été construits selon un plan uniforme avec des bâtisses en bois ; le VB possédait également des bâtisses en maçonnerie. Le camp hébergea environ 30 000 personnes durant son activité comprise entre le mois d’avril 1940 et janvier 1945. En 1941, il compte 15 000 prisonniers.
Les personnels composant la garde de ce camp, appartiennent à l’unité ‘‘Landesschützenbataillon ’’ de Rottweil ou au ‘‘Landesschützenregiment ’’ de Donaueschingen. Ces hommes de plus de 40 ans, étaient trop âgés pour être incorporés dans la Wehrmacht, ou présentaient une inaptitude au combat. Ils étaient assistés dans leur tâche par les habitants originaires du lieu, habitants les villages aux alentours. Les différents dirigeants du camp nous sont actuellement inconnus dans leur intégralité, les archives furent brûlées en 1945, lors de l’avance de la 1ère armée française du général de Lattre. Mais en se référant aux trois « avis contre les évasions » édités par le commandant de ce stalag et publiés dans le livre d’Yves Durand (« La captivité, histoire des prisonniers de guerre français 1939-1945 ». Yves Durant, éditions de la fédération nationale, combattants, prisonniers de guerre et combattants d’Algérie, Tunisie, Maroc, 1980. 542 pages) nous pouvons lire : Barten, major (commandant). Par contre, un de ces responsables est bien connu, il s’agit de l’hauptmann Goetz (capitaine) en poste au VB, de mai 1941 à avril 1945 et de son adjoint, le sous-officier Klein.
Ce stalag a accueilli des prisonniers de guerre, anglais, écossais, canadiens, serbes, polonais, ukrainiens, russes et effectivement des français, dont de nombreux corses. Beaucoup de prisonniers français sont libérés en 1942 grâce au S.T.O. instauré par le gouvernement de Vichy. Cette obligation de travailler en Allemagne concernait les civils à partir d’un certain âge. Ces derniers n’étaient pas placés dans des camps comme les militaires, mais vivaient chez l’habitant.
En 1945-46, le stalag est utilisé comme centre de rapatriement, puis centre d’accueil pour les réfugiés d’Allemagne de l’Est, ensuite il est en grande partie détruit. Le terrain appartenait à l’armée française, au moins jusqu’en 2000 (année des rétrocessions de terrain à l’Allemagne),
qu’elle utilisait en temps que caserne (Kaserne Richthofenstr, Waldkasern).
les emplois:
À peine arrivés au camp et après avoir reçu leur numéro d’immatriculation, les P.G. sont dirigés vers un lieu de travail en Arbeitskommandos, sans véritable critère de sélection, en début de captivité. L’emploi le plus répandu est certainement le travail agricole. Les P.G. se disent volontiers cultivateurs, afin de pouvoir sortir des barbelés et échapper aux affres de la faim. Ceci leur permettait également d’oublier ou d’échapper à la rumination quotidienne de leur malheur. S’intéresser à son travail pour ne plus penser à autre chose…
Jusqu’en 1942, les P.G. sont essentiellement employés dans des kommando d’agriculture. Les témoignages précisent qu’à l’automne 1941, les prisonniers effectuant ce travail dans les champs de pomme de terre, dormaient sur les exploitations. L’hiver, ils déblayaient des routes ; « des kommando se rendaient à Donaueschingen afin de réaliser le drainage des routes ». Plus tard, ils sont envoyés dans les usines des environs (l’usine SABA-RADIO n’est qu’a une centaine de mètres, du camp principal de Villingen), également sous forme de Kommando : les ‘‘Kommando d’allmendingen’’.
Ces usines d’horlogerie fabriquaient des instruments de précision pour la Luftwaffe et les U-Boot. Elles fabriquaient également des détonateurs et autres pièces de précision en métal. L’usine SABA-RADIO possédait, avant guerre, la Waldkasern, sorte de camp annexe situé à une centaine de mètre du camp principal. Grand bâtiment en pierre et en maçonnerie, elle héberge au début de la guerre les Hitlerjungend, puis en avril 1940 les premiers prisonniers de guerre (environ 500 personnes), le temps de la construction fin 1940-début 1941, du stalag VB. Elle possédait une infirmerie, des cellules, des chambres de préventionnaires pour les suspects et les évadés en attente de départ pour le camp disciplinaire de Heuberg. D’autres usines employaient les P.G. pour la fabrication de ciment, de textile (usine d’Onsettingen) ou de l’aluminium.
Ce sont les employeurs qui viennent parfois eux même au camp, choisir leur main-d’œuvre. Fin 1940, tous les P.G. sont répartis à travers la région, dans les villages et les fermes alentours. Au sein du camp, ne restent que les prisonniers destinés à assurer les services, souvent ce sont des sous-officiers réussissant à s’incruster sur place, ce sera le cas de Fernand. Ces ‘‘[i]Bau-Kommando[i]’’[/i] [/i]étaient chargés de la construction, de l’aménagement et de l’entretien du VB.
Répression:
Proche de Stetten, il existait un camp spécial : le camp disciplinaire de Heuberg. Il fut construit à 8000 m d’altitude sur un plateau rocailleux où les prisonniers de guerre pouvaient apercevoir la ligne des sommets enneigés suisses. Les prisonniers condamnés par le tribunal interne du stalag VB, y purgeaient une peine de deux à trois mois, voir dix huit mois dans des conditions que nous pouvons imaginer... Ce tribunal interne placé sous l’autorité du colonel commandant l’ensemble du stalag VB, faisait office de conseil de guerre. Certains noms des membres y siégeant, nous sont parvenus (« Histoire du temps perdu », collectif. Édition à compte d’auteur : ‘‘les captifs de la Forêt Noire’’, 68 rue de la chaussée d’Antin, Paris, 1950. 256 pp.) : Teufel, était chargé des enquêtes pour tenter de retrouver les fuyards. Fricke, officier de justice et avocat général, en fonction au camp après mars-avril 1942, était chargé d’instruire les affaires et d’établir les procès-verbaux qu’il transmettait au conseil de guerre. Pour cela, il était adjoint de deux secrétaires. Schandelmeyer, officier et avocat, était chargé de défendre les P.G. devant le conseil de guerre. Les inculpations concernaient principalement les tentatives d’évasions, mais également le refus de travail dans les usines d’armement, les agressions sur les sentinelles, les vols de denrées alimentaires (aux allemands)…etc.
cordialement
2° régiment de Dragons
"da materiam splendescam"
(condé-dragon 1635)