laverdure a écrit:L'argent aussi est un facteur à mon avis déterminant, si le Vatican avait trop ouvertement mis des bâtons dans les roues des nazis, nul doute que ceux-ci auraient profité de l'occasion pour écraser le Saint-Siège.
je ne suis pas d'accord avec cette analyse car si les nazis s'étaient attaqués au Saint-Siège ils se seraient mis à dos l'ensemble des catholiques et, sans parler d'une possible déclaration de guerre de pays fortement catholiques en dehors de l'Europe, ils auraient à tout le moins dû faire face à mon avis à
--> un retournement d'alliance de l'Italie, de la Hongrie et de l'Autriche où les populations majoritairement catholiques et très pratiquantes n'auraient certainement pas accepté une main mise quelqu'elle fut sur le Saint Siège ;
--> la fin de la neutralité bienveillante de l'Espagne franquiste où l'église catholique était un des piliers de la dictature ;
--> des mouvements insurrectionnels partout en Europe occupée de la part des nombreuses, et parfois importantes, communautés catholiques comme en France ou en Pologne ;
--> un renforcement de la résistance intérieure allemande par l'afflux de volontaires catholiques...
bref beaucoup trop de risques.
Je suis convaincue que le Saint Siège aurait pu dénoncer très clairement l'extermination des Juifs d'Europe et appeler à la résistance tous les catholiques d'Europe sans risquer autre chose qu'une rupture diplomatique et une déclaration de guerre qui de toute façon se déroulait déjà à ses portes et n'aurait pas conduit à l'invasion de son petit territoire. Mais pour cela, outre le courage, il aurait fallu que le Saint Siège, comme les Alliés, comme tous ceux qui ont entendu parler du Génocide dès 1942 et il y en eut (en octobre 42 des tracts des Jeunes Juifs Résistants distribués à Paris dénonçaient déjà la déportation des familles juives à l'Est et leur disparition corps et biens...) croient, à partir de rares et simples témoignages oraux relayés par la Résistance polonaise, qu'il était possible que des hommes organisent le massacre pur et simple d'hommes, de femmes et d'enfants au simple motif qu'ils étaient Juifs... Aujourd'hui encore, alors que l'on sait, alors que l'on a les preuves de cette ignominie, cela semble encore difficile à croire.
Alors peut être qe Pie XII, comme tous les dirigeants alliés de l'époque, n'a pas voulu croire l'indissible ou peut être qu'il n'a pas pu le croire.
C'est peut être là qu'il faut chercher l'origine non pas du silence mais du peu de dénonciation qui a entouré la Shoah avant la libération des premiers camps en 1945.
Pour ça et aussi, et je pense que tu as raison, pour des raisons purement financières : la spoliation des biens juifs a profité à beaucoup de monde et pas seulement en Europe et pour beaucoup de ceux qui profitaient de ces retombées financières, l'antisémitisme des nazis ne faisait que dépouiller des familles entières de leur patrimoine avant de les envoyer travailler dieu seul sait où, même si l'idée de faire travailler des enfants, de vieillards et des malades semblaient à tout le moins incongrüe.