Gildas83 a écrit:Bonsoir,
je voudrais répondre à Loïc qu'un autre témoin du départ des esclaves d'Afrique subsiste à Cape Coast au Ghana : une forteresse, des prisons. C'est assez vaste pour que le nombre de personnes qui y sont passés soit cohérent. Je l'ai visité en 2015, c'était parfaitement entretenu.
Il y avait tout le long de la côte du golfe de Guinée des places fortes d'où partaient les esclaves.
Certes, je n'en disconviens pas et, de surcroit, ne connaissais pas l'existence de cette installation ghanéenne, mais, en ce qui concerne le "site" de Gorée, même, avec la meilleure volonté du monde, quand on n'est pas obnubilé par la narration récitée par le guide, et qu'on s'intéresse aux diverses dimensions de la structure existante, plutôt en bon état, on constate, très vite, que les chiffres d'esclaves avancés ne peuvent pas coller pas avec la configuration des lieux.
De surcroit, les Français n'avaient eu que des occupations "temporaires" de Gorée et de la côte sénégalaise, entre 1668 et 1848. Par ailleurs, le commerce triangulaire français avait été essentiellement centré sur les Antilles (Dominique, Guadeloupe et Martinique), notamment dans la culture sucrière, or, dans ces contrées, vu leurs dimensions territoriales, la procréation au sein de la population esclaves avait, à elle seule, assez vite fourni, dans la seconde moitié du XVII
Ième siècle, le renouvellement nécessaire et suffisant de main-d’œuvre, en limitant drastiquement les coûteuses "importations" africaines - aussi bien en valeur d'achat qu'en qualités physiques et mentales.
Dans la seule Dominique française, en 1790-1791, il y avait 400 000 esclaves et "nègres marrons"! C'était de très loin la plus grosse concentration française d'esclaves, avec un très sérieux problème agricole à la clef, l'apparition des premiers dégâts (on pourrait dire "écologiques") de la culture intensive de la canne à sucre; la qualité des terres surexploitées, s'était cassée la gueule, ce que les colons et exploitants avaient, eux-mêmes, assez vite, constaté, en commençant, alors, à prendre des dispositions pour y remédier, mais cà impliquait, nécessairement, une sérieuse baisse de la production locale. Là-dessus, étaient survenus les "cafouillages" de la Constituante; la libération générale proclamée des esclaves avait, alors, généré des problèmes totalement "inattendus"... la production sucrière s'était, totalement, cassée la gueule, car les producteurs ne trouvaient quasiment plus de M.O., alors que le gros de la population d'esclaves, brutalement libérée, s'était soulevée, faute, désormais, de boulot et de ressources !
En Dominique, çà avait viré vinaigre, "grâce" aux Britanniques, puis, finalement, Haïti avait obtenu son indépendance, en 1804, sauf que, après le départ des "colons" français, la population locale avait poursuivi la culture "intensive" de la canne à sucre (pour le compte des britanniques, entre autres!), la seule richesse locale ou presque, et que, des années 1820-1830, les terres cultivables avaient été désespérément "rincées" . Depuis lors, de temps en temps, la gouvernance d'Haïti, "déterre" le vieux dossier français, en lui reprochant de les avoir abandonnés à leur sort, ce qui n'est pas totalement faux, sauf que, lors de leur proclamation d'indépendance et, même, longtemps après, ils ne voulaient plus entendre parler des français!
Du coup, de nos jours, les Antilles Françaises pètent plus ou moins la santé, en râlant, éventuellement, sur un excès de touristes, la grande partie espagnole de la Dominique, bénéficie également de la manne touristique, tandis que Haïti empile, depuis près de deux siècles, misère sur misère et est, globalement, à la ramasse grave, sur le seul plan touristique. Même Cuba, en dépit du "blocus" américain et de son régime locale, a très largement fait beaucoup mieux, même si la vague touristiques des années 1990-2000 s'est un peu calmée.