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Problèmes aux archives de Vincennes

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Re: Problèmes aux archives de Vincennes

Nouveau message Post Numéro: 21  Nouveau message de Tri martolod  Nouveau message 01 Juil 2013, 18:30

Bonjour,

Ces difficultés touchent-elles les antennes telles que Brest ou Lorient ?? Il y a pas mal de temps que je n'y suis pas allé mais, à ce moment là, l'accueil et la disponibilité était au top.


 

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Re: Problèmes aux archives de Vincennes

Nouveau message Post Numéro: 22  Nouveau message de dynamo  Nouveau message 01 Juil 2013, 21:45

Leurs problèmes de disponibilité, de personnel, d'égo, de travaux, de piratage, de superposition de gestion, etc, je suis tenté de dire qu'on s'en fout !
Nous sommes contribuables, utilisateurs et il est inconcevable qu'une rupture du service public se produise.
L'Etat sait bien cibler et privilégier ce qui doit fonctionner, rassurons nous, le racket des radars ne connaîtra aucune défaillance, ni manque de crédits.
Imaginez que demain, les communes et intercommunalités soient défaillantes au niveau du ramassage des ordures ménagères, c'est la révolution.
C'est une question de rapport de forces, si nous arrivons à fédérer la communauté historique et une partie des utilisateurs du SHD autour d'une pétition pour dénoncer les méthodes, peut être serons nous le poil à gratter ou le sparadrap qui contribuera à l'amélioration.
La dictature c'est "ferme ta gueule", et la démocratie c'est "cause toujours".
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Re: Problèmes aux archives de Vincennes

Nouveau message Post Numéro: 23  Nouveau message de Gretsch  Nouveau message 01 Juil 2013, 22:07

Fredobedo a écrit:Fort heureusement, au mois dans l'Oise (je ne sais pas ailleurs) beaucoup d'archives des petits villages se retrouvent au A.D.


Depuis une quarantaine d'années, la loi oblige les communes de moins de 2000 habitants à déposer leurs archives anciennes aux AD de leur département. Lorsqu'un service départemental constate qu'une mairie peut conserver ses documents dans des conditions convenables, une dérogation peut être octroyée. Mais la plupart du temps, le dépôt est effectif.

Reste qu'une petite mairie ne peut offrir un service digne d'une grande commune: les horaires d'accès sont restreints, et les archives sont souvent le parent pauvre de l'action communale. Beaucoup de mairies renvoient directement leurs demandeurs vers les AD, sans même prendre la peine de chercher... Mais ce n'est tout de même pas une généralité.

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Re: Problèmes aux archives de Vincennes

Nouveau message Post Numéro: 24  Nouveau message de Marc_91  Nouveau message 02 Juil 2013, 12:36

[iframe=820,800,1]http://theatrum-belli.org/libres-propos-mais-que-se-passe-t-il-a-vincennes-par-le-general-2s-andre-bach-ancien-chef-du-shd/[/iframe]
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Re: Problèmes aux archives de Vincennes

Nouveau message Post Numéro: 25  Nouveau message de dauriac  Nouveau message 02 Juil 2013, 17:25

Et encore vous n'avez rien vu : la salle de lecture est fermée en aout et septembre, et de nombreuses séries sont inaccessible pour plusieurs autres mois en raison dit-on d'un déménagement. Organisé à la va vite, qu'on en juge :

J'avais réservé courant avril des cartons série 10P pour fin juin. Il m'avais été répondu très officiellement d'accord. Une semaine avant de me pointer à Vincennes (je fais quand même 400 km pour y aller), et tout à fait par hasard je m’aperçois que ces cartons sont notés sur le site comme indisponibles.... renseignement pris, en avril, le déménagement n'était pas prévu. Croyez-vous que quelqu'un se serait donné la peine de m'avertir?


 

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Re: Problèmes aux archives de Vincennes

Nouveau message Post Numéro: 27  Nouveau message de fanavman  Nouveau message 04 Juil 2013, 14:57



 

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Crise au SHD ?

Nouveau message Post Numéro: 28  Nouveau message de Pigoreau  Nouveau message 17 Juil 2013, 15:55

Ne sachant pas bien où poster ce message, je le fais ici. Peut-être cela intéressera-t-il les usagers du SHD...

Une vision de l' "affaire" au travers de quelques contributions compilées par un historien féru d'archives (ils ne le sont pas tous, hélas !). Suite à un article très critiqué de Jean Guisnel, un certain nombre de militaires sont montés au créneau pour défendre le général Olivier Paulus, considéré dans le milieu militaire comme un officier de très grande valeur.

...................

Service historique de la Défense : le patron limogé, le site une nouvelle fois piraté

Sur le site généalogie

Catégorie : Archives, Val-de-Marne | le 28 Juin 2013 par Guillaume de Morant

Ça tangue sérieusement au Service Historique de la Défense : son patron, le général Paulus vient d'être limogé, le numéro deux du service, le conservateur du patrimoine François Gasnault vient d'être remercié, tout comme une autre "civile", Karine Leboucq, également conservatrice du patrimoine, chargée de la Marine. Pour couronner le tout, le site Internet de l'institution vient d'être une nouvelle fois piraté et se trouve actuellement indisponible pour une durée indéterminée. Par mesure de sécurité, l'ensemble des données a été désactivée et l'adresse Web renvoie provisoirement vers la page d'accueil du Ministère de la Défense.

Indiscutablement, le SHD traverse une belle tempête à laquelle les lecteurs, chercheurs, historiens et généalogistes ne comprennent strictement rien. Selon un article du Point qui a révélé l'affaire, l'origine de ce spectaculaire coup de balai serait à chercher dans une querelle de personnes, le numéro un ne s'entendant plus avec le numéro deux et vice-versa. Une sombre histoire de témoignages oraux accessibles à tous mais dont certains auraient du être classés Secret Défense aurait mis le feu aux poudres. Mais pour les bons connaisseurs des coulisses de la Défense, cette explication est un peu light.

La situation est devenue ingérable tout simplement parce qu'au sein même du SHD cohabitent deux conceptions des archives. Pour les "militaires", les archives devraient être avant tout des instruments au service des militaires et de l'enseignement de la guerre. Régulièrement, des plaidoyers contre "l'amnésie de la pensée militaire" et pour l'utilisation de l'histoire en appui des opérations" paraissent dans les revues spécialisées, illustrant ce courant de pensée de la "Grande Muette". Du côté des "civils", la vision est toute autre. Les archives ne doivent pas être au seul service des armées, mais devenir les archives des armées, au même titre que les Archives nationales sont celles de la Nation et celles des Affaires Étrangères sont celles de la diplomatie française.

Ces deux conceptions ne sont pas nouvelles, mais la réorganisation totale des archives militaires, illustrée par la création d'un SHD, unifiant les archives de toutes les armées (Terre, Air, Marine, Gendarmerie) a plutôt attisé le feu qui couvait. Imaginez de faire cohabiter des militaires aux cultures déjà forts différentes avec des civils. Ajoutez à cela une grande ambition d'ouverture vers le grand public, alors que rien n'est dimensionné pour l'accueil de telles foules (sauf la salle de lecture Louis XIV). Pimentez en éloignant les archives de leur lieu de consultation (elles se trouvent en dehors du fort de Vincennes, à plusieurs centaines de mètres), saupoudrez avec un manque de moyens financiers et conjuguez-le avec le manque de moyens humains -et il faut bien le dire, une certaine démobilisation des personnels- et vous obtenez une crise comme celle qui vient de s'ouvrir.

Les chercheurs fréquentant le SHD notamment à Vincennes vivent ce énième épisode en spectateurs impuissants. Ils ont également l'amer sentiment d'être les grands oubliés des archives militaires et pour lesquels on a bien peu de considération. "On a l'impression d'être les dindons de la farce", assure l'un d'eux. "Il faut désormais réserver nos documents 4 semaines à l'avance et il nous arrive souvent d'entendre une fois sur place : votre document est manquant. À quoi sert alors d'indiquer notre mail et notre téléphone, si personne ne nous avertit qu'il est inutile de venir ?"

Liens

 Le général Paulus et son adjoint exclus du SHD (Le Point)

 SHD, planifiez votre venue !

 Le général Paulus, nouveau patron du SHD

Cette affaire des archives du SHD a suscité de nombreux commentaires :

1/ Sur le site "Guerres & Conflits :

Garder à l'esprit les fondamentaux ...

Crise au SHD ?

Entre ignorance et mauvaise foi des commentateurs

J'ai été très étonné de lire, il y a trois jours, sur le site Lepoint.fr, l'article de Jean Guisnel titré "Le général Olivier Paulus et son adjoint exclus du Service historique de la Défense" (ici). Mélange de rumeurs et de sous-entendus, avec un soupçon de mauvaise foi pour faire passer le tout. Sagement, j'ai attendu quarante-huit heures pour voir si une réaction était publiée. Rien. Je passe quelques appels à différents camarades, membres du SHD ou non. Tous sont choqués, mais pour les uns (les militaires le plus souvent) le devoir de réserve interdit de réagir publiquement, tandis que pour les autres (historiens civils et universitaires) il faut y voir la partie visible d'un iceberg de lutte pour le pouvoir aux échelons supérieurs au SHD, ce qui impose d'abord de se faire discret. Bref, le "grand silence des espaces blancs", qui accrédite la thèse publiquement diffusée ! Au bilan, il est tellement facile de "charger" un militaire, sans apporter la moindre précision ou référence !

N'ayant jamais servi sous les ordres du général Paulus et n'étant l'obligé de personne, il me paraît normal de rétablir quelques vérités. Analysons donc ce texte, paragraphe par paragraphe, et décryptons-le :

- Le premier paragraphe est globalement exact. Oui, l'atmosphère se dégrade au SHD depuis des mois, oui différentes catégories de personnel travaillent sur le site, oui il y a un conflit d'autorité. Mais, immédiatement, une réserve : il ne s'agit pas d'une opposition (qui serait presque statutaire ou de principe selon l’article) sur les archives entre officiers et conservateurs. Il s'agit des conséquences d'une absence de politique claire, d'un "défaut de gouvernance", comme on dit aujourd'hui. Alors, pourquoi existe-t-il un SHD et à quoi doit servir cet organisme ? Nous y reviendrons à la fin de cet article.

- Le deuxième paragraphe est le plus perfide. Après avoir brossé en quelques lignes la belle carrière du général Paulus, Jean Guisnel "glisse" discrètement que celui-ci aime vraiment beaucoup les décorations "qu'il porte pourtant fort bien", d'ailleurs il n'y a qu'à regarder la photo officielle... Monsieur Guisnel est journaliste de défense depuis assez longtemps pour avoir croisé ces dernières années des dizaines (des centaines ?) d'officiers (et d'autres) portant cinq barrettes complètes ou plus, ce qui n'a rien d'anormal depuis que se multiplient les séjours à l'extérieur et les relèves. Certes, la plupart sont des "commémo" (il n'y a pas si longtemps, un séjour de 6 mois en ex-Yougoslavie donnait la possibilité de recevoir jusqu'à 3 médailles, une tous les deux mois), mais en quoi le général Paulus aurait-il à rougir ou à cacher ces témoignages extérieurs d'une longue carrière ? Jouer sur ce registre est petit et mesquin, j'en parle d'autant plus librement que ceux qui me connaissent savent que je ne porte jamais de décoration.

- Les troisième et quatrième paragraphes insistent sur un aspect très particulier, celui des archives "nucléaires", par nature extrêmement sensibles et protégées. Du croustillant donc ? Or il s'avère que le dossier Jupiter (I puis II) remonte à de longues années déjà et que son traitement exige, par définition, une grande précision ... mais aussi des moyens pour assurer la sécurité. Que le chef du service s'en préoccupe semble on ne peut plus naturel. Il n'y a pas là d'opposition entre des catégories de personnel qui souhaiteraient une ouverture plus ou moins large des archives, mais application de la loi et respect des règlements, et tout particulièrement celles et ceux relatifs à la protection du secret de la Défense nationale qui relève du SGDN sous l'autorité du Premier ministre. Faux problème donc, et surtout ce n'est pas sur ce dossier (dont la quasi-totalité des cadres du service ne connaissent au mieux que le nom) que "tout le personnel spécialisé détaché du ministère de la Culture s'indigne". Par contre, et il suffit pour s’en rendre compte de discuter sur place avec toute les catégories de personnel, à tous les niveaux hiérarchiques, le conservateur chef des archives de Vincennes a-t-il bien pris en compte les spécificités d'un Service relevant du ministère de la Défense et dont la collecte et la conservation des documents n'est qu'un aspect des savoir-faire, relevant de la mission archivistique à côté de celles attachées aux bibliothèques, à la symbolique et à l'histoire militaire ? Par nature et par fonction, le SHD n’est pas homothétique des Archives nationales. Qu'on le veuille ou non, le SHD n'est pas qu'un service d'archives. Il a, de surcroît, la mission de contribuer à l'écriture de l'histoire des armées et du ministère, et à l'exploiter pour apporter aux autorités et aux unités la connaissance et la compréhension de la chose militaire. Voilà ce qui différencie fondamentalement le SHD des autres services d'archives ministériels. Nous y reviendrons un peu plus loin.

- Le cinquième paragraphe, à partir du cas particulier de ces archives sensibles, généralise hâtivement le discours : les militaires soupçonneraient les conservateurs de "préparer un hold-up" sur leurs archives ! N..de D... ! Un hold-up ! Parlez-en à la poignée de militaires qu’il reste à Vincennes. Pour eux, ce mystérieux hold-up est inutile : ils sont peu-à-peu dépossédés non seulement de l’autorité mais même de leurs propres marges d’initiative.

- Les deux derniers paragraphes mettent en cause les autorités de tutelle, qui ont "négligé», "étouffé", "glissé sous le tapis pendant des mois" ce différend. Belle découverte. Qui a réagi lorsque le général Paulus a, à plusieurs reprises, « tiré la sonnette d’alarme » ? Qui a réagi lorsque le conservateur général qui lui était adjoint s’est adressé directement aux cabinets de la Culture et de la Défense pour critiquer et contester son chef (toute l’université parisienne a été au courant) ? Y a-t-il là quelque chose d'original ou d'atypique dans une haute administration où la règle de base est désormais celle du "Pas de vagues !" ? En résumé, un article qui multiplie les sous-entendus à partir des confidences, selon la formule consacrée, de "sources proches du SHD". Lesquelles ? Personne ne le sait ! Alors posons la question : qui a intérêt à déstabiliser le général chef de service ? Qui aimerait être "calife à la place du calife" ? Selon l'ancienne formule des enquêteurs : à qui profite le crime ?

Revenons donc sur le sujet laissé en suspens et qui constitue, au-delà des situations personnelles, le fond du dossier : pourquoi un Service HISTORIQUE de la Défense ?

La sémantique nous donne une première réponse : il ne s'agit pas du service des archives de la Défense, et l'emploi du mot Historique souligne bien qu'il n'est pas simplement question de collecter, conserver et communiquer des documents. Dès le Directoire, le Dépôt de la Guerre, "ancêtre" du SHD, reçoit la double mission de "conserver la mémoire de la nation en armes" ET de contribuer à la formation militaire des officiers en permettant l'étude des campagnes passées. Après 1870, c'est autour des officiers historiens qu'est créé le 2e bureau de l'état-major, c'est le général Lewal qui commande la jeune Ecole supérieure de guerre, ce sont les officiers de la section historique de l'état-major qui animent le renouveau doctrinal. Après 1918, Clemenceau affecte une cinquantaine d'officiers à la rédaction des AFGG (Armées Françaises dans la Grande Guerre), monumentale étude jamais égalée, rédigée à partir des archives primaires et des documents originaux, dont les quelques 110 volumes sont publiés au cours de l'entre-deux-guerres. Depuis toujours, les chercheurs du SHD (officiers et personnel civil) participent à la formation, enseignent dans les écoles, dirigent des études tactiques sur le terrain, rédigent des ouvrages de référence en puisant leurs informations à la meilleure source : les archives. Jusqu'en 2005, tant que chaque service d'armée relevait de son propre état-major, ce lien naturel n'a pas été remis en cause. Depuis la fusion de tous les services en un seul ensemble relevant de la chaîne SGA via la Direction de la mémoire, du patrimoine et des archives (et l'on observe ici que le mot "histoire" est absent), ce lien a été sinon rompu, du moins fortement distendu.

Au fur et à mesure du temps, des spécialistes civils des archives ont été affectés au service, leurs compétences reconnues leur permettant d'être des conseillers techniques écoutés du commandement. Peu à peu, la diminution de plus en plus sensible du nombre de militaires à Vincennes a fait son oeuvre : la nature a horreur du vide. Avec la quasi-disparition des officiers historiens qualifiés, le personnel détaché du ministère de la Culture a naturellement imprimé son style, sa marque, ses priorités, ses choix. Et il devient presque "anormal" ou "méprisable" de vouloir étudier les campagnes militaires, contribuer au RETEX, s'intéresser aux opérations passées, récentes, en cours. En clair, les armées ne sont bientôt plus chez elles dans leur propre service d'archives. Voilà l'origine de la crise. Lorsqu'un général souhaite rééquilibrer le dispositif, redonner à l'histoire une utilité et une visibilité, contribuer aux débats en cours, appuyer les opérations, il devient persona non grata dans son propre service, parce qu'il a été "lâché" par les autorités de tutelle qui l'on pourtant nommé. Ce n'est pas le général Paulus qui a fragilisé le SHD : ce sont ceux qui, depuis plusieurs années ont détourné le service de l'une de ses missions, qui ont poussé à la réduction dramatique d'une capacité de recherche, qui ont fermé les yeux sur l'abandon de l'une des richesses du ministère. Notons d'ailleurs que le même journaliste, il y a quelques jours, sous le titre "Exclusif : l'armée de terre dénonce une prise de pouvoir de l'administration sur l'opérationnel" (ici), rendait compte d'une réalité quotidiennement vécue. Le problème est du même ordre à Vincennes. Parmi bien d'autres points, le récent rapport de l'amiral Chomel de Jarnieu, inspecteur général des armées pour la Marine, pointe d'ailleurs cette "faiblesse" militaire de Vincennes. Chacun le sait. Personne n'en parle.

N’ayant, je le répète, aucun lien particulier avec le général Paulus, je m’indigne de la réputation, de la fin de carrière, du sort faits à un homme qui a eu le grave défaut de vouloir remettre le navire sur sa voie, et je m’inquiète d’une évolution qui annonce, si l’on n’y prend pas garde, de tristes lendemains. Alors que faire ? Continuer avec persévérance à défendre une capacité d'étude et d'enseignement au profit des armées. Et donc de recherche, car on ne peut pas admettre que les "officiers historiens du futur" se contentent de recopier et synthétiser plus ou moins bien deux ou trois livres pour dispenser de temps en temps quelques heures de cours. Tout enseignement implique, exige, une recherche. Tout travail au bénéfice d’un état-major nécessite de repartir des archives primaires. Ces officiers doivent non seulement être titulaires de toutes les qualifications universitaires mais aussi, c’est indispensable, s'investir dans les archives, manipuler les dossiers, consulter les documents originaux. C'est à cette indispensable condition qu'ils pourront être utiles à leur institution d'appartenance et que leurs successeurs pourront peut-être rédiger, dans quelques années, les "AFGG de l'an 2000". Encore faudrait-il que les missions soient clairement définies (un petit peu comme à l'armée, désolé !) et que les responsabilités des uns et des autres soient clairement fixées.

Nul doute que nous reparlerons dans l'avenir de ce vaste et important sujet.

N.B. : je n’ai pas abordé ici, du fait du sujet, la délicate question de la communication des archives au public. Tous les universitaires, enseignants-chercheurs, et étudiants parisiens ou provinciaux ont beaucoup à dire sur ce sujet, qui relève totalement du chef des archives de Vincennes A chacun ses responsabilités…

2/ texte d'André Bach (général 2S) sur le site theatrum belli : http://theatrum-belli.org/libres-propos ... ef-du-shd/

Libres propos : Mais que se passe-t-il à Vincennes ?, par le général (2s) André BACH (ancien chef du SHD)

30 juin 2013 dans DÉFENSE, HISTOIRE par Stéphane GAUDIN

Deux articles successifs sur le blog Défense ouverte de Jean Guisnel m’imposent de réagir. Professeur durant 3 ans à l’Ecole de Guerre dont une année comme chef du Cours Stratégie Histoire militaire, chef du Service Historique de l’Armée de Terre de 1997 à 2000, par ailleurs adjoint communication du Gouverneur militaire de Paris en 1990-1992 et n°2 du Service de Relations Publiques des Armées dans la période de fou que fut la compétition électorale Chirac-Balladur, je me dois de dire : Halte à la désinformation !

Résumons ces deux articles

Le Général chef du Service Historique de la Défense aurait par sa maladresse et son non-respect de la loi sur la communication des archives amené le service qu’il dirigeait au bord de l’explosion, une partie du personnel lui reprochant l’illégalité de son comportement.

L’article se veut sérieux car il serait issu de rencontres successives d’« un très bon connaisseur du dossier », d’historiens qui craquent, de gens qui lui ont dénoncé les liens très étroits liant au SHD les contrôleurs généraux des Armées Bodin et Lucas, respectivement SGA et directeur DMPA, d’un général cinq étoiles mécontent, d’une « source très proche du SHD » qui aurait dit de manière sibylline : qu’il fallait « traiter ces affaires de manière exactement inverse à ce qui s’est passé », etc. Bref, une enquête… Cette dernière source ne précise d’ailleurs pas ce qu’aurait été cette manière inverse, ce qui nous permet d’évoquer l’adage selon lequel le capitalisme est l’exploitation de l’homme par l’homme et le communisme exactement le contraire.

Dans le deuxième article concernant le massacre de Thiaroye une « autorité militaire du SHD associée à un directeur de cabinet ministériel » aurait pris une décision intempestive dénoncée heureusement par le civisme et la connaissance des lois des archivistes. C’est un vrai jeu de piste pour retrouver les personnes évoquées.

Pourquoi ces « sources » éprouvent-elles le besoin de rester à couvert ? Sont-elles des « gorges profondes » ou des personnels qui craignent pour leur vie ou leur carrière dans un milieu où semble régner une police politique militaire ? En journalisme comme en recherche historique le ba-ba est de citer ses sources sauf si cela les met en danger. Est-ce donc le cas ?

Le journaliste dans cet article a-t-il pris le soin de recueillir la version du général et du conservateur en chef, leur a t il téléphoné pour leur dire qu’il allait publier et leur accorder éventuellement droit de réponse ? Même si le droit de réserve lui était opposé, il pouvait éventuellement leur donner le statut de source anonyme après avoir échangé avec eux. A-t-il pris contact avec ceux qui connaissent bien le SHD ? Ceux qui y travaillent ? Nul ne le sait.

Donc je pèse mes mots : enquête bâclée, colportage de ragots avec, pour un professionnel, facilité de savoir au vu des rumeurs colportées qui a alimenté en « infos » Jean Guisnel. L’enquête est à refaire et je vais la faire ci-dessous en m’appuyant sur mon expérience de trois ans passés à Vincennes et de ce que j’en ai su depuis grâce aux liens que j’ai gardé avec le personnel civil de la défense encore en place au château, du fait du souvenir d’un travail en commun qui a été générateur de satisfactions. Aujourd’hui, ils sont démotivés.

Mon expérience à la tête du SHAT (1997-2000)

En 1997, prenant la tête du service en venant du cabinet du chef d’état-major des Armées, j’étais bien conscient des réformes à entreprendre dans le cadre de la refondation des armées et du passage à un modèle d’armée professionnelle le tout sur fond de réduction drastique du budget de la défense. Contrairement à d’autres, je prônais dès lors la fusion des différents services d’armée : Terre, Mer, Air, Gendarmerie et le rattachement à l’administration du Ministère de la Défense, compte tenu du fait que les Armées se retiraient sur leur capacité opérationnelle et n’avaient plus de budgets pour subvenir au fonctionnement de ces services.

J’ai donc vécu une période intermédiaire où je gardais un contact avec le Chef d’état-major de l’armée de Terre, et pour les affaires délicates, celui, soit du Secrétaire Général pour l’administration Jean-François Hebert, soit celui du cabinet du Ministre ou du Ministre lui-même, Alain Richard. Pourquoi ces contacts ? Parce que les archives conservées à Vincennes conservent la trace de la politique générale de l’état et que la publication trop hâtive de certaines de celles-ci peuvent, pour l’instant, parfois gêner la liberté d’action diplomatique, l’instrumentalisation par d’autres pays de documents savamment présentés traitant par exemple du nucléaire qui est un des rares domaines d’une politique indépendante, de la guerre d‘Algérie sous différentes facettes, du Maroc, plus près de nous du Rwanda, etc.. Tous sujets source de complications certaines. Il est sûr comme l’a dit Racine « qu’il n’est pas de secret que le temps ne révèle », et cela est l’exacte vérité si le secret a été correctement archivé et bien conservé. La tâche du SHD est justement de veiller à ce que ces documents sensibles entrent bien au SHD, qu’ils y soient conservés dans les conditions de sécurité requises jusqu’au moment où la loi sur les archives autorise leur libre accès à tout un chacun. Ce lien direct a d’ailleurs servi plus souvent à faire ouvrir des archives que la sous-direction du Cabinet, frileusement, empêchait, contrairement à mes propositions. Ainsi, avec l’appui d’une lettre du professeur Jauffret, on a pu débloquer auprès du Ministre la sortie d’un tome présentant des documents sur les débuts de l’insurrection algérienne, demande refusée préalablement par le cabinet. Il en a été de même pour débloquer 200 cartons de documents produits par les willayas, fermés normalement à la consultation, au bénéfice du professeur Gilbert Meynier en cours de recherche sur l’histoire du FLN. Le livre qui en est issu est devenu un classique, apprécié par les chercheurs tant en France qu’en Algérie. Naturellement, dès lors, ces cartons ont été mis en consultation libre. Les seules exceptions ont été pour les cartons dans lesquelles apparaissaient des noms de personnes qui, du fait de leur activité, non connue publiquement, au profit de l’armée française, risquaient, elles ou leurs descendants, d’être victimes de vengeances ou représailles. J’ai mis pendant plusieurs mois un officier à temps plein pour cet examen minutieux et délicat des cartons, pour assurer cette sécurité.

J’ai pris sur moi d’ouvrir à la consultation des dossiers de Justice Militaire au profit du chercheur Nicolas Offenstadt au vu de la qualité de ses travaux, alors que là aussi on faisait lanterner la décision d’autorisation sur de longs mois avec des arguties irrecevables.

En revanche, j’ai fait pilonner un inventaire sur les fonds du SGDN en observant que la loi n’était pas respectée, les documents à consultation retardée par la loi n’ayant pas été indiqués avec l’astérisque réglementaire. J’ai fait mettre en bastion protégé des dossiers laissés jusque-là à la portée de beaucoup.

Je me suis donc conduit comme le général Paulus et pourtant tout se passait bien. Tout au plus à mon arrivée, j’ai constaté que les conservateurs n’étaient pas utilisés au mieux de leur compétence. Soucieux de professionnalisation, j’ai donc mis à la tête de la salle de consultation un conservateur et j’ai recruté un autre jeune conservateur pour prendre la responsabilité de la bibliothèque tenue jusqu’alors par un personnel non issue de l’Ecole des Chartes. Pour la partie archives, j’avais affaire au conservateur en chef Philippe Schillinger, homme de haute culture historique, pour lequel mon estime s’est vite transformée en amitié. Au-delà des chartistes, je me suis démené pour conserver de talentueux contractuels, en situation précaire de ce fait. Je n’en cite qu’un, pour lequel j’ai du, pour le conserver, batailler ferme avec la direction des ressources humaines du Ministère : Hervé Lemoine. Le fait qu’il soit devenu Directeur des Archives au Ministère de la Culture montre que j’ai eu raison de m’impliquer dans sa titularisation.

Je me plais à rendre hommage à Jean-Pierre Hébert et à Alain Richard, homme de culture, doté d’un bagage historique impressionnant. Mon dernier contact avec Alain Richard a été, à mon départ en retraite, sa demande d’enquêter et de lui remettre un rapport- sur l’enseignement de l’histoire pour la formation des officiers à Saint-Cyr, Navale , Salon et dans les écoles militaires homologues allemandes et britanniques… Qu’a-t-il bien pu se passer pour que cette cohabitation harmonieuse d’historiens militaires et de conservateurs se soit transformée, apparemment, en un chaudron de sorcières avec crises de nerfs à l’appui.

Réponse de l’article : C’est la faute du Général Paulus. Là je réponds non et je l’expliciterai plus loin. Alors, quelles sont les causes profondes comme dirait un de mes maîtres intellectuels en histoire, Pierre Renouvin ?

Raison du gâchis

Pour moi la cause essentielle réside dans le ratage du rattachement du Service à l’administration de la Défense lors de la perte de tutelle des armées. Cette administration ne l’a pas accueillie en mère mais en marâtre. Tout le monde était d’accord pour regrouper les fonctions recherche historique et conservation des archives de chaque armée en un seul service, la division par armées étant archaïque et totalement obsolète. Il fallait l’autorité ministérielle pour enjoindre cette fusion qui heurtait les habitudes. Cela s’est fait, est derrière nous et a réussi, ce qui n’était pas évident, tellement cela bousculait les particularismes. Le ratage n’est pas à ce niveau et il est tout d’abord dû au manque de réflexion des enjeux, à une approche purement administrative d’une question qui méritait une approche fine au moment du passage à l’armée professionnelle.

Il est temps d’expliquer ce qu’est le SHD et d’où il vient. Il est le résultat d’un fort volontarisme des pères de la IIIe République. Pour créer le lien entre la Nation et son Armée, un des grands projets politiques du nouveau régime, et en parallèle, républicaniser l’armée, il a été donné à des chercheurs historiens militaires la mission de se plonger dans les archives militaires conservés depuis le XVIIe siècle, pour créer une filiation essentiellement avec la saga des armées révolutionnaires et impériales. Il s’agissait de gommer la période Restauration, Second Empire où l’Armée avait été au service de régimes réactionnaires, les mettant parfois en place par la violence. Mission a été accomplie. Valmy, la Patrie en danger ont été revisités. Une symbolique militaire en concordance avec ce nouvel apprentissage civique a été instituée. L’étude de la guerre de 1870 et l’effort du Gouvernement de Défense Nationale ont été mis en exergue à partir des archives. Rémy Porte a signalé le gigantesque effort qu’a constitué, entre les deux guerres la mise au clair de l’action des armées pendant la Grande Guerre, travail exceptionnel (110 volumes) car à côté du texte rédigé dont tout historien doit se méfier, il y a en regard l’intégralité des documents cités, qui permettent le recoupement.

C’est cet aspect, véritable raison d’être du SHD, qui a totalement été insuffisamment perçu. Le Service Historique a une fonction « politique » au sens noble du terme, développer le lien entre la nation et son armée. Or, à l’échelle historique, la rétraction en armée professionnelle est toute récente et c’est actuellement, justement, qu’il y a un besoin accru d’accompagner par la recherche historique ce phénomène de rupture extraordinaire qu’a été la suspension de la conscription, afin de se projeter dans un nouveau modèle de relation armée-nation au moment où la présence physique de l’Armée ne subsiste plus que dans un nombre infime de garnisons.

En dehors de cela, l’histoire militaire, trop souvent absente de la recherche universitaire, est un outil de formation très important à condition de remettre sans arrêt en question la relation des événements. Toutes les armées qui ont encore un savoir-faire reconnu en Occident utilisent ce moyen de formation de leurs cadres. Citons les principales : américaine, britannique, allemande et française. Chef du Cours Stratégie Histoire militaire de l’Ecole de Guerre, j’ai été accueilli en 1993 à Fort Leavenworth, école ayant la même mission de formation, par mon homologue, colonel comme moi. S’étant enquis de mon effectif, j’avouais un adjoint. Il me montra alors le trombinoscope de ses collaborateurs, tous historiens : 50.

Le passage à l’armée professionnelle sous contrainte budgétaire a déjà vidé le vivier des enseignants chercheurs présents alors à Vincennes. Leur action était décuplée par la présence d’appelés du contingent de haut niveau intellectuel, précieux auxiliaires qui ont disparu. L’enseignement de l’histoire militaire à l’Ecole de Guerre a été confié au SHD, avec une poignée de chercheurs, le plus faible ratio, et de loin, de toutes les armées occidentales, dans un pays qui, paraît-il, aime l’histoire et ne jure que par elle.

Personne de bonne foi ne peut contester le fait qu’en dépit de la transformation accélérée des armées, les missions confiées à celles-ci ont été remplies par nos officiers avec succès et doigté durant ces dix dernières années. C’est dû, en particulier, à cette formation qui fournit un type de comportement à l’officier en lui montrant par des exemples historiques soigneusement « décortiqués » ce qu’il doit être, formation que viennent chercher en nombre nos stagiaires étrangers. Personne ne sait qu’un officier historien, à l’initiative du général Paulus suit l’opération du Mali au Centre opérationnel des armées, qu’il y a peu de temps il était sur le terrain pour examiner la bonne collecte des ordres donnés en vue des futures études d’histoire et qu’il a sur place donné aux officiers des conférences pour leur faire connaître par exemple la façon dont on s’était débarrassé des insurrections de 1916-1917 en ces lieux, à partir des comptes-rendus des acteurs de ces opérations. L’efficacité et l’excellence est à ce prix, autant sinon plus que dans l’efficacité de l’armement. Comprendre un pays, retrouver sa mémoire, qui dans ces milieux est essentiellement orale et perdure avec force, donne de la capacité à agir en faisant preuve d’intelligence de situation, en réfléchissant par exemple ici au comportement des Touaregs, hier et aujourd’hui, alors que les conditions de vie et de rapport entre populations différentes ont beaucoup à voir avec le temps passé.

Le dérapage

C’est cette dimension qui a été mal appréhendée. Dépendant, de mon temps, des services du SGA, je n’ai pas connu l’installation de la tutelle désormais en charge du SHD : La Direction de la Mémoire, du Patrimoine et des Archives. On aurait dû se méfier dès le choix de ce titre. L’historien que je suis devenu fronce toujours le sourcil au mot « Mémoire » qui non seulement n’est pas scientifique mais évoque quand même un peu, disons-le pudiquement, le « discours officiel ». Dans le même ordre d’idée, la découverte dans l’organigramme d’une fonction « produits culturels » éveille aussi un peu l’attention. Quand j’étais au SIRPA, on finançait aussi des « produits culturels » mais, là, il n’y avait pas de faux nez. On était là pour faire de la communication institutionnelle. Ensuite le mot qui apparaît fortement est Archives. Il est légitime que l’administration de la Défense s’y soit intéressée. Cela a été un progrès car la Défense a des dépôts dispersés dans toute la France et il était indispensable de professionnaliser toute la chaîne. A l’époque, quand j’échangeais avec mon homologue canadien, les courriers étaient estampillés « Service Histoire et Patrimoine ». Cela n’a pas été le cas en France. On a donc mis en place une tutelle pour gérer un service dont la fonction n’était pas inscrite dans l’intitulé générique.

De là, à mon avis, la dérive puisque dans le staff de direction il n’y aucun « référent histoire », avec le niveau de qualification et de compétences requis pour être l’interlocuteur valable à la fois du Général SHD et de sa Division Etudes en interne, et des autorités de tutelle en externe. J’ai pu assister avec consternation à des errements catastrophiques. Ainsi, à une époque, la Division Etudes composées d’enseignants chercheurs ayant évidemment besoin de conserver leur liberté de recherche, a été mise sous la tutelle de la fonction conservateurs pour servir de contributrice à la mise place de la « valorisation des archives » (en clair le montage d’expositions, ce qui est un contre-emploi évident). La logique des conservateurs est d’ouvrir à la consultation, au titre de service public, les archives, à toute personne qui se présente. La logique d’un centre de recherche, elle, est de conduire des recherches poussées et de favoriser les travaux des chercheurs de haute pointure, nationaux ou étrangers, qui viennent en toute confraternité historienne s’y investir. Pour ce faire, j’avais maintenu en place un centre de documentation qui permettait d’accueillir ceux qui étaient en train de travailler sur des aspects peu connus de notre histoire militaire, afin de faire progresser notre connaissance de l’action de nos propres armées. Il permettait accessoirement de répondre rapidement aux « questions à 20 centimes » posées par les cabinets pour nourrir les discours officiels. Cette salle a été fermée. Pourtant elle a facilité le travail de Pierre Péan sur Jean Moulin, celui remarquable de l’Américain Christopher Goscha sur la guerre d’Indochine et accueilli de nombreux chercheurs des pays d’Europe centrale, que l’on a aidé à retrouver leur passé après la chute du Bloc de l’Est. Les remerciements recueillis lors de missions dans ces pays ont montré quel effet de rayonnement a, pour notre pays, de telles actions.

Je peux ajouter les concours apportés pour mettre sur pied des musées d’armées étrangères : tunisienne, marocaine, sénégalaise, par exemple, au nom de notre passé commun lors des deux guerres mondiales.

Je n’attaque pas les hommes qui ont géré administrativement un service aux finalités certainement mal appréhendées par eux et qui n’ont recruté personne de la compétence suffisante pour que la mission du service ne soit pas pervertie. J’imagine bien que la complexité, qu’il ne faut pas cacher, de la gestion des archives les a incité à se cantonner à ce domaine qu’ils connaissaient mieux, prêtant naturellement l’oreille aux conservateurs, non directement impliqués pour la plupart d’entre eux dans ces autres missions de fond du SHD. Déclarer que la culture de ces deux entités n’est pas la même est enfoncer une porte ouverte…

Qui est responsable de ce ratage ?

Que l’on soit clair. Je ne l’impute pas à l’équipe ministérielle actuelle, qui ne peut que constater le blocage comme elle le fait dans l’échec du service de la solde Louvois. L’échec est dû aux négligences des ministères qui se sont succédé depuis la création de la DMPA et qui se sont désintéressés d’un service d’où, lorsque je le dirigeais, il était possible d’en appeler au ministre directement. En prenant mes précautions, je m’avance à dire que, s’il y a des rumeurs selon lesquelles les armées seraient en partie co-responsables du ratage Louvois le ratage SHD, lui, se circonscrit dans l’orbite SGA, car les armées se sont désintéressés de son fonctionnement. Il serait sain de voir comment les cabinets successifs, et au sein de ceux-là ceux qui auraient du veiller à la bonne marche de l’ensemble et au respect de la mission du SHD, n’ont pas rempli leur rôle de 2005 à nos jours.

Résultat : un limogeage de Général, au moment où le pays s’apprête à se remémorer la grande guerre et en particulier 1914 où ont fleuri fusillés et généraux limogés.

Spécialiste de cette période et de cette problématique (voir mes ouvrages), je peux dire que pour ces deux types de population, le traitement qui leur a été infligé a gravement attenté à l’honneur de beaucoup. Le cas du général Regnault, sur lequel je suis en train de travailler, en est un parfait exemple. Ce général, une des têtes de l’Etat-Major général en 1911, conseiller militaire de Jaurès pour ses études de « Vers l’Armée nouvelle », faisait partie du groupe des officiers hostiles à l’offensive à outrance. Dès le 5e jour de combat en août 14, il était limogé. Joffre le poursuivant de sa vindicte, exigeait du ministre Millerand qu’il le force à se déclarer démissionnaire pour raisons de santé. Sur le refus de l’intéressé il était mis disciplinairement à la retraite d’office alors qu’il n’avait pas démérité. Grâce à l’estime de Gallieni, devenu ministre et au fait que Joffre n’avait pas autorité sur l’Armée d’Orient, il y reprenait du service et ce général, mis en retraite d’office pour incapacité à commander une division, commandait fin 1917 une Armée : l’Armée Française d’Orient. Une fois la guerre terminée, en dépit des efforts du Ministère d’alors, le Conseil d’Etat le rétablissait dans ses grades et appellations. Des dossiers de fonds privé remplissent les cartons de Vincennes. Interdits de s’exprimer après-guerre, nombreux sont les officiers qui ont confiés à leurs carnets leur amertume, décrit les injustices subies puis déposé au Service historique leurs histoires encore jamais publiées.

J’avoue avoir réagi avec stupeur quand j’ai appris qu’il avait été enjoint au général Paulus dernièrement de dire à ses chercheurs de ne pas s’intéresser à cette Grande Guerre sans une autorisation supérieure, alors qu’un siècle après on en est toujours aux poncifs, aux images d’Epinal et que des centaines de cartons dont beaucoup jamais ouverts emplissent les rayonnages.

Comme alors, on a, en tout cas, un peu le sentiment qu’on fait payer à des « lampistes » les erreurs commises plus haut. Je ne peux manquer de faire l’analogie entre la façon dont ont été traité Regnault et Paulus. La carrière de Paulus plaide pour lui. Conscient des enjeux, dépendant d’une tutelle qui lui a parfois été hostile, il a fait ce qu’il croyait dans sa conscience d’officier devoir faire. Il paye un dysfonctionnement qui n’est pas de son fait. Le mal est fait.

Pourquoi s’exprimer publiquement ?

J’ai toujours eu pour règle de conduite dans toute ma carrière d’essayer de gérer les dossiers sensibles au plus bas bruit possible car, et cela n’a rien à voir avec l’indispensable liberté de la presse, poumon de la démocratie, il est patent que « les medias ne créent pas les problèmes, ils les révèlent et souvent les exacerbent ». Par la tournure de son article, Jean Guisnel ajoute à cette situation pénible des propos attentatoires à l’honneur de Paulus, insistant sur la sanction le privant de son attente légitime eu égard à toute sa carrière. Cela n’est pas supportable et l’attaque étant publique, il faut une réponse publique.

Devant cet échec, que faire ?

Le surmonter et le moyen de le faire est au sein du cabinet du ministre. Objectivement, et je n’engage que moi, je suis avec intérêt la gestion du ministère par celui qui est à sa tête actuellement. Lui et ses collaborateurs me semblent des personnalités solides, qui cherchent à réagir face à des pratiques qui ont montré leur dangerosité. C’est en crise que l’on peut le mieux réformer. Or, il faut remettre sur les rails une fonction « Histoire militaire scientifique » au sein du ministère de la Défense, que cette fonction soit suivie et défendue de près, car il en va de la formation de nos cadres et de la mise à la disposition du public d’ouvrages d’histoire militaire de qualité, qui ne sont plus produits par ailleurs. Jeune officier, j’ai servi dans un organisme proche du cabinet de Charles Hernu, le Groupe de planification et d’études stratégiques. (Groupe S) J’y ai connu des « hommes de cabinet » qui m’ont marqué, comme François Heisbourg ou le contrôleur général François Cailleteau. Ils m’ont impressionné par leur capacité de travail, leur intelligence, leur culture en sciences humaines et leur aptitude à mettre en chantier des réformes. François Cailleteau est resté pour moi un exemple de ce qu’est un haut fonctionnaire ayant le sens de l’Etat. Nul doute que leurs successeurs sont à l’œuvre. Que sans à priori, ils repensent l’ensemble. Que ce triste épisode qui rappelle les limogeages de 1914 serve au moins à remettre les choses en ordre.

Reste l’honneur du général Paulus, sali par une présentation déformée de la situation. On sait que Jean Guisnel est à l’origine de la relève d’un de mes prédécesseurs à la tête du SHAT en 1994. Il n’y a à cela rien à dire, car il y avait eu faute professionnelle. Chargé de fournir une fiche explicative sur l’affaire Dreyfus dans un service qui détient les pièces originales du dossier d’accusation, ce service avait répondu par une mauvaise fiche tirée de l’équivalent du Quid. Ce n’était pas ce qu’on devait attendre de ce service historique.

Reste qu’avec le Général Paulus, on n’est pas dans ce cas. Il va quitter, avec probablement une amertume compréhensible et un sentiment d’injustice profonde, une carrière où il a donné le meilleur de lui-même. Je suis sûr de traduire la pensée de tous nos camarades de la communauté militaire et de tous les historiens qui travaillent sur les archives en disant que, pour nous, il part la tête haute et fournit la plus belle réponse à ceux qui disent que les généraux ne sont que des courtisans, attentifs à plaire à leurs maîtres du moment.

Paulus, tu ne sors pas par la petite porte, tu sors avec honneur. Et l’on se retrouve en toi.

Général ( 2S) André Bach

Promotion de Saint-Cyr Lieutenant-Colonel Driant (1965-1967)

3/ de la part des archivistes de l’AAF :

L'Association des archivistes français publie un communiqué émanant de conservateurs du patrimoine au Service historique de la Défense et se déclare solidaire de leurs préoccupations qui devraient rencontrer celles de l'ensemble des archivistes, au ministère de la Défense et bien au-delà :

La mise en cause directe des conservateurs du patrimoine exerçant au sein du Service historique de la Défense, impose de rappeler certains éléments. Il ne s’agit en aucun cas de répondre ici aux allégations formulées ici et là, qui amèneraient à la publication d’informations relatives au fonctionnement du SHD et, par là même, à un non-respect du devoir de réserve de tout agent de l’État.

En premier lieu, les deux corps de conservateurs et conservateurs généraux du patrimoine sont des corps interministériels, gérés par le ministère de la culture et de la communication, dont les membres sont soit affectés dans l’un ou l’autre des trois ministères gestionnaires d’emploi « culture, défense, affaires étrangères » soit mis à disposition des conseils généraux des départements « soit détachés sur des emplois extérieurs ». L’affectation « car c’est bien la position administrative qui est la nôtre au ministère de la Défense » intervient après avis favorable de la commission administrative paritaire de notre corps. Quelle qu’elle soit, elle résulte d’un choix positif et n’a pas pour objectif de nuire à l’institution d’accueil.

Notre formation initiale est une formation historique et scientifique, longue et exigeante (la majeure partie des conservateurs est issue de l’École nationale des chartes ou a suivi des cursus de même niveau), qui rend inconvenante l’idée que la compréhension des questions de Défense ne serait accessible qu’au monde militaire. Elle est complétée par une formation administrative de 18 mois en école d’application (l’Institut national du patrimoine). Comme dans tout corps de l‚administration, une obligation de mobilité est aujourd’hui requise pour évoluer dans la carrière. Cette mobilité constitue une richesse pour les institutions que nous servons, apportant à chacune, outre des compétences professionnelles très spécialisées, une expérience sur laquelle capitaliser, dès lors que l’on admet que les apports de l’extérieur sont de fait source de richesse et non de destruction potentielle.

Nul n’est censé ignorer la loi, pas plus les conservateurs que les militaires, puisque c’est entre ces deux catégories de personnels que les débats en cours semblent vouloir dresser une frontière que nous récusons absolument. En tant que conservateurs, nous nous devons d’appliquer et de veiller au bon respect du code du patrimoine, mais aussi de tous les textes régissant les modalités de gestion et d’accès aux archives et aux documents. En cas de difficulté, la direction des affaires juridiques de notre institution d’exercice est là pour nous aider : elle intervient en tant que spécialiste du droit (administratif, civil, pénal, commercial, etc. selon le cas), et qui le lui conteste ? Nous intervenons en tant que spécialistes de l’archivage et avons à cœur de respecter la déontologie, l’éthique et les règles de notre métier au SHD, comme nous avons pu ou nous pourrons le faire dans une autre affectation. Nous demandons à pouvoir y exercer nos compétences sereinement et à ce que celles-ci soient reconnues et respectées.

La loi impose aux institutions et organismes publics de s‚occuper de leurs archives. Si cette mission devait échapper au Service historique de la Défense, à qui elle est réglementairement et légalement confiée, à qui incomberait-t-elle ? A l‚heure de coupes budgétaires importantes, le ministère de la Défense est-il encore si riche qu‚il puisse se doter de deux institutions pour la gestion et l‚exploitation ses archives ? L‚Histoire est une science humaine qui utilise un corpus documentaire, sur le fondement de problématiques scientifiques, et conduisant à des productions telles que publications, expositions, films, etc. Le corpus se construit au jour le jour, parce que les conservateurs et les personnels scientifiques, administratifs et militaires de tous statuts et de tous grades, qui coopèrent ensemble loyalement sur le terrain, œuvrent à le rassembler, à l‚identifier, à le décrire. Le premier usage qui en est fait est administratif, au service prioritaire des milliers de personnels militaires de la Défense qui chaque année se voient délivrer par le Service historique de la Défense les preuves et les attestations qui garantissent la défense de leurs droits et la reconstitution de leurs carrières.

Plus largement, ces sources doivent être mises à la disposition de tous les publics, militaires et civils, professionnels de la recherche, chercheurs amateurs ou simples citoyens, dans le respect des dispositions fixées par la loi. C’est le fondement de la démocratie que de garantir l’accès de tous à l‚information. Le renfermement sur « son » patrimoine, la volonté d‚une histoire à usage strictement interne, faite par les militaires au profit de la seule institution, conduirait ni plus ni moins à une confiscation de fonds d‚archives dont la richesse exceptionnelle est vantée par tous. Faut-il rappeler que l’article 12 de la déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 précise que leur garantie « nécessite une force publique : cette force est donc instituée pour l’avantage de tous et non pour l’utilité particulière de ceux auxquels elle est confiée » ?

Nous ne souhaitons pas prendre le pouvoir. Nous ne demandons nullement que le poste de chef de service ne soit plus confié à un militaire. Nous souhaitons seulement faire notre métier en respectant les règles de droit applicables aux archives, au bénéfice de la société dans toutes ses composantes, civile et militaire.

http://www.archivistes.org/La-parole-au ... vateurs-du

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Re: Problèmes aux archives de Vincennes

Nouveau message Post Numéro: 29  Nouveau message de fbonnus  Nouveau message 17 Juil 2013, 17:58

Merci pour toutes ces précisions cher Pigoreau

Amicalement
« Alors mon petit Robert, écoutez bien le conseil d'un père !
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Re: Problèmes aux archives de Vincennes

Nouveau message Post Numéro: 30  Nouveau message de Vincent Dupont  Nouveau message 17 Juil 2013, 19:08

Merci pour tout ces éclaircissements ! M'est avis qu'à la rentrée ça va encore être difficile d'y aller...
Vincent
"L'ignorance du passé ne se borne pas à nuire à la connaissance du présent ; elle compromet, dans le présent, l'action même."
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