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Pologne 2010: Retour sur le Terrain

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Pologne 2010: Retour sur le Terrain

Nouveau message Post Numéro: 1  Nouveau message de tagnon  Nouveau message 07 Nov 2010, 21:34

Bonjour à tous,

Voici le CR sommaire d'un voyage en Pologne, court mais intense, que j'ai eu le plaisir d'effectuer en (agréable) compagnie de 2 membres distingués de notre Forum. Dans l’intérêt de la cohésion géographique de notre périple, j’ai commis quelques entorses de détail par rapport à la chronologie réelle des visites.

J1 (juste pour la petite histoire): départ de Tournai en Belgique vers Charleroi, et décollage en low-cost (formalités et trajet impeccables, mais billet simple en promotion à 9€ et réellement payé 108€ AR...) pour atterrir en soirée à Krakow. Location de voiture et arrivée à l'hôtel, en ville, juste à temps pour dîner.

J2: Krakow : départ vers Kazimierz, qui est l'ancien (et encore actuel, mais ce n’est plus la même chose) quartier juif. Fondée au XIVième siècle par le roi du même nom, et colonisée par les Juifs dés le siècle suivant, c'était initialement une localité distincte de Krakow. En 1935, il s'y trouvait 64000 habitants juifs, soit le quart de la population totale de Krakow, principalement des Hassidim, très orthodoxes. Les autres, plus assimilés et plus prospères, s'étaient dispersés dans les autres quartiers de la ville et notamment à Podgorze, juste au sud.

Nous nous promenons longuement dans le dédale de ruelles, découvrant de vieilles maisons à cour intérieure, avec vaste cage d’escalier pour accéder par l'extérieur aux étages: tous celà vieux, assez délabré et sale, mais habité et actif. Partout des indices de la ré-appartenance juive, bien sur orientée tourisme, mais pas uniquement. On était samedi, et les synagogues étaient fermées, de même, et je le regrette, que les 2 cimetières juifs. Curieusement, celui qui s'appelle "Nowy Cmentarz" (Nouveau Cimetière), fondé au début du XIXième siècle en remplacement (d'où son nom) d'un site plus ancien, a lui même été abandonné faute de place vers 1900, et les inhumations juives ont été transférées à Plaszow, localité voisine, par la suite choisie par les nazis pour y implanter le tristement célèbre camp de concentration éponyme. Bien que la ville même de Krakow, capitale du Gouvernement Général sous la coupe du sinistre Hans Frank installé dans le Château Royal de Wawel, ait été épargnée de destructions, ici comme ailleurs, les cimetières juifs et autres lieux de culte ont été saccagés, les pierres tombales étant e.a. récupérées pour paver les routes. Tel a été le cas à Plaszow, où en 1945 plus rien ne subsistait, de sorte que le "Nowy Cmentarz" a du être remis en service: on y trouve donc maintenant des sépultures modernes au côté des pauvres restes de tombes et de monuments anciens.

La promenade se poursuit, (aidée par l’auto), vers le quartier de Podgorze, banlieue pauvre de Krakow, que nous atteignons en traversant la Vistule par le pont Pilsudski, l’1 des itinéraires qu’empruntèrent les juifs chassés de Kazimierz pour être enfermés dans le ghetto. On se rappellera les images de Spielberg, mais en observant bien les lieux (à ma 1ère visite en 1996) j’avais déjà constaté que la scène filmée de l’exode des juifs se déroulait dans le sens contraire (S->N) de la topographie réelle (N->S), ce qui est confirmé dans le livret touristique vendu sur place. Le 1er arrêt est à la place Zagody, à l’époque principal lieu de rassemblement des occupants du ghetto. Maintenant, sévèrement urbanisée, avec hauts immeubles et terminus d’autobus. La seule trace de 1941, mais elle est de qualité, superlative même, est la pharmacie de l’Aigle, tenue à l’époque par un certain Tadeusz Pankiewicz, seul non-juif autorisé à séjourner dans le ghetto. Située au coin SO de la place, elle n’était pas seulement 1 commerce de médicaments (les occupants allemands ne se souciaient aucunement de la santé des juifs bannis, mais craignaient comme la peste les épidémies), mais un lieu de rencontre et de communication avec l’extérieur. Le rôle de la pharmacie de l’Aigle et de son tenancier est inattendu et exceptionnel, bien décrit dans un livret explicatif. Sans entrer ici dans les détails, c’est de sa pharmacie que Pankiewicz a pu observer les diverses Aktionen d’évacuation du ghetto vers Plaszow, Belzec et Auschwitz. A l’intérieur, petit musée passionant et touchant, nombreux visiteurs et en particuliers de jeunes Israëliens, pas toujours calmes malgré leur encadrement scolaire…
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La Pharmacie de l’Aigle

Nous cheminons alors dans le ghetto. Occupé dés mars 1941, il regroupait 320 immeubles, hébergeant 12000 juifs officiellement expulsés de Kazimierz, auxquels se sont peu à peu ajoutés 1500 réfugiés clandestins et ensuite les juifs expulsés de 21 villages voisins. Cette population, entassée et victime de privations et de sévices, mais où curieusement aucune épidémie n’a sévi, devait progressivement se réduire suite aux déportations et massacres successifs, dont celui, très violent, du film de Spielberg, le 13 mars 1943, avec 1000 victimes. Il annonçait le démantèlement du ghetto, alors rendu à la population Cracovienne, et le transfert définitif des juifs vers le camp de Plaszow. Malgré ce démantèlement, et l’urbanisation moderne du quartier, il reste aujourd’hui, 67 ans plus tard, 2 secteurs de quelques mètres du mur d’origine, discrètement signalés par une plaque commémorative (et par les arrivées de cars et minibus, et par les groupes de visiteurs méditant et photographiant).
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Le Mur du Ghetto

Derrière, les mêmes immeubles désordonnés, balconneux, encore (ou plutôt à nouveau) occupés et tristes, à demi cachés par des arbres non taillés. Le tout silencieux et impressionnant.

Passage alors devant l’usine de Schindler : DEF, pour Deutsche Emalia Fabrik, dans la rue Lipowa. En 1996, l’usine fonctionnait toujours, reconvertie dans l’éléctronique, et rebaptisée « Telpod ». Bien que sans doute modernisée, elle était largement restée en l’état : j’y avais pénétré (sans autorisation) pour monter à l’étage où se trouvait le bureau d’Oskar Schindler, le « Herr Direktor ». Aujourd’hui, la facade est refaite et la grande entrée est bouclée, mais l’architecture générale est parfaitement reconnaissable.
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Deutsche Emalia Fabrik

Accès impossible sauf par la réception, au rez-de-chaussée, où a été installé 1 musée. Malheureusement, grande foule, « billets journaliers tous vendus, visite impossible… Une autre fois peut être. Sorry, gentlemen ». Dommage, dommage, mais ce musée n’était pas prévu, donc seulement demi-déception, et puis le temps presse pour la suite.

La suite, c’est Plaszow, initialement conçu comme camp de travail en fin 1942, puis rattaché au complexe de Majdanek, avant d’être finalement reconnu comme camp de concentration à part entière. Il était avant tout destiné à regrouper les juifs expulsés du ghetto de Krakow, avant leur ultime transfert « à l’est » mais il recevait également des déportés d’autres localités. Vaste étendue occupant 80 hectares au SO de Podgorze, maigrement signalisé, il se présente maintenant comme 1 immense terrain vague, où se succèdent bosquets, petites collines, prairies, et quelques marais, le tout silloné de chemins boueux, non balisés. Dans le site lui-même, essentiellement fréquenté par des promeneurs familiaux, il n’y a plus rien, mais avec le plan, on retrouve quelques repères, et en particulier des baraques ruinées ayant servi de logement pour les gardes ukrainiens. Superbe point-de-vue sur les carrières, et au loin, sur Nova Huta. Il y a 2 monuments : l’un gigantesque, érigé par le régime communiste, commémorant l’ensemble des victimes de la terreur nazie, l’autre plus récent et bien plus discret, mais désignant ces victimes comme juives. Un message…

Dernière étape, à la fin d’1 journée bien remplie, physiquement fatiguante, et émotionnellement éprouvante : la recherche et le repérage en bordure du site de la bâtisse hébergeant autrefois le staff SS du camp, et plus loin, de la villa du commandant, l’infâme Amon Goeth. Difficile à trouver, parce qu’incluse dans 1 petit clos d’habitations modernes, apparemment réoccupée, son approche n’est possible qu’en pénétrant dans 1 parking privé, où j’ai sonné pour demander l’autorisation de photographier. Pas de réponse, alors, « qui ne dit mot consent », et click-click-click.
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La Maison de Goeth
La maison est parfaitement reconnaissable, avec son balcon arrondi d’où pour se distraire entre 2 parties de jambes-en-l’air Goeth tirait au hasard sur les déportés. Sinistre vision, le soir tombant, et sinistre évocation dans ce coquet quartier suburbain, verdoyant et paisible.

J3 : Oswiecim/Auschwitz : Le 1er nom est celui de la localité Polonaise, autrefois (et peut être encore maintenant) site industriel sans grand intérêt, sinon sa situation en Silésie, avec de bons accès ferrovaires. Le 2ième, simple germanisation comme pour tant d’autres localités en Pologne occupée, est désormais d’une célébrité universelle. Depuis Krakow, trajet de 65 km au travers d’1 campagne sans relief, sans repères, puis brusquement, après 1 rond-point de banlieue, on longe une haute clôture barbelée gardant de grandes bâtisses en brique, et surmontée de lampadaires reconnaissables entre tous… Gigantesque parking, pas encore encombré à notre arrivée matinale, mais dans le bâtiment d’accueil, déjà la toute grande foule, foultitude dirais-je même, arrivée en voiture et en car, venue du monde entier.

Entrée déclarée gratuite, mais en réalité, d’avril à octobre inclus, pas de visites individuelles : seulement groupes avec préréservation, ou formés sur place en regroupant par langue 1 trentaine d’arrivants à la fois, avec affectation obligatoire et payante d’1 guide, et location d’un écouteur, hautement conseillée en raison du bruitage constant. Notre guide, polonaise et francophone, s’est révelée très bien informée, exposant dans le détail et avec exactitude, s’exprimant avec aisance et avec sensibilité, et répondant sans rechigner et sans hésiter aux questions tant simplistes (quelques unes) que pointues (la grande majorité). Rien à redire, tout du contraire.

La visite commence par Auschwitz I, installé dans un vaste casernement antérieurement polonais et même autrichien. Vocation initiale de « simple » camp de concentration, destiné à l’incarcération de prisonniers politiques polonais, mis en service le 14 juin 1940. Transformation progressive en lieu de déportation massive, avec arrivées depuis toutes les zones conquises et occupées par l’Etat Nazi. Cette expansion a d’abord entraîné l’ajout de 8 bâtiments nouveaux aux 20 d’origine, et puis l’adjonction d’étages supplémentaires, l’effectif passant de 13000 à un maximum de 20000 en 1943. Véritable antichambre de la Solution Finale, le KL Auschwitz I est à l’origine à la fois d’un vaste réseau de 40 sous-camps voués à l’exploitation extrème de la main-d’œuvre juive, et de 2 annexes toutes proches, que sont Auschwitz II, dit Auschwitz-Birkenau (3 km), et Auschwitz III, dit Monowice, à Buna (8 km), mis à la disposition de IG Farben et de l’industrie des carburants et du caoutchouc synthétiques. De ce dernier, non visitable, on parle peu ; il est dit qu’hormis le gazage/crémation, c’était le pire de tous. A lire dans Primo Levi.

La visite, au pas de course, et en se frayant un chemin au travers des innombrables groupes, polyglottes, dure 2h+ : on passe de bâtiment en bâtiment, visions d’épouvante, avec les salles d’expérimentation pseudo-médicale, les cachots disciplinaires, le bloc des condamnés à mort, la cour des exécutions avec son mur des fusillés, la potence sur la place d’armes, les containers de Zyklon, etc… Le plus difficile à supporter est l’exposition des objets arrachés aux détenus, ou récupérés sur les cadavres: des montagnes de lunettes, de prothèses d’estropiés, de valises – encore bien étiquetées ou marquées à la craie, - d’objets de toilette, de souliers, de manteaux, de poupées et jouets… Des montagnes. Et puis la vitrine des cheveux rasés (il y en aurait eu 7 tonnes) pour en faire des garnitures de U-Boote. Interdiction, combien justifiée, de photographier… d’ailleurs presqu’impossible tant les mains tremblent et les yeux sont embués. Tout cela est archi-connu, mais de le voir en vrai, et sur place, laisse sans parole.

De nombreux bâtiments abritent maintenant des expositions/mémoriaux nationaux, correspondant aux provenances des déportés : Belgique, France, et presque tous les pays d’Europe y passent. Je les avais vus lors de ma 1ère visite avec mon fils, en 1996, en individuel ; cette fois-çi, visite organisée oblige, on n’y passe pas. On termine par la chambre à gaz (la 1ère du complexe, et la seule : nous ne sommes encore qu’à Auschwitz I ) et le Crematorium I. Contemplation muette, quelques flashs indécents, sortie silencieuse, méditation solitaire.

En fin de parcours, rassemblement et transfert en bus-navette à Auschwitz-Birkenau. Ici, la partie guidée est plus courte, et les explications moins détaillées, mais ensuite les visiteurs peuvent poursuivre librement, et parcourir l’ensemble du site, qui recouvre 175 hectares, et qui comportait 300 bâtiments, principalement des baraquements. Installé en 1941, Auschwitz II représente une mutation fondamentale de la politique concentrationnaire de 3ième Reich : elle cesse d’être à vocation carcérale et devient ouvertement judéocidaire, càd génocidaire. C’est la dernière étape avant l’extermination industrielle, pour laquelle seront construits les 4 sites d’extermination. Mais ceux-ci seront pour demain…

Et à Auschwitz-Birkenau, que reste-t-il, que voit-on ? En arrivant, le célébrissime portique avec la voie de chemin de fer, image qui a fait le tour du monde. Tellement familière qu’on ne le remarque presque pas. Et à l’intérieur, tout d’abord les baraquements, 67 encore debout, les innombrables autres, brulés en 1945-6 (ou démantelés en partie par les habitants locaux très à court de combustible) seulement sous forme de fondations en maçonnerie, à même le sol. Une immense étendue de ruines, à perte de vue, alignées avec 1 rigueur toute teutonne. Ce qui m’a frappé aussi est les restes de hautes cheminées, 1 à 3 par baraque, correspondant à l’intérieur à ce qui devait être des foyers. Les nazis assuraient-ils le chauffage à leur prisonniers (vivants s’entend) ? Pas d’explication de notre guide ; la seule que je trouve est 1 chauffage minimal pour maintenir en vie ceux qui pouvaient encore travailler. Qu’en pensez-vous ? Autre explication possible : à l’origine certains baraquements auraient servi d’écuries, et auraient été chauffés pour les chevaux. Mais alors, pourquoi dans toutes ?
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Les Baraquements Ruinés

Bref, ces baraquements prévus pour 52 chevaux, ont contenu jusqu’à 1000 déportés. Au centre du site, la longue et sinistre voie ferrée, et son quai de débarquement et de sélection. Les fameuses sélections, l’1 des spécialités de l’éminent docteur (pas de majuscules : j’ai honte pour ce titre déshonoré) mengele. Au loin, le monument international, construit en 1967. Et tout au fond, les restes des 4 chambres-à-gaz et des crématoria, rasés, mais subsistant sous la forme d’amas de bricaillons et de poutrelles métalliques tordues. On distingue parfaitement les accès, par quelques marches menant en contrebas, et on imagine le reste. Tout autour, des creux marquant les fosses utilisées pour la crémation à l’air libre lorsque le rythme des gazages (notamment des juifs hongrois) dépassait la capacité des fours, des plaquettes signalant des lieux d’enfouissement de cendres, 1 petit étang ayant servi au même but. Quelques bougies sont posées à même le sol ou sur telle ou telle structure encore en place. Et ces installations ruinées, lourdes de maléfice, se contemplent dans 1 environnement verdoyant, arboré, comme paisible, silencieux, mais le silence de la mort…
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Un Crematorium
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Etang.

Dans cette partie du site, les visiteurs sont plus épars, au visage fermé, photographiant avec pudeur, souvent immobilisés, parfois murmurant des souvenirs, une incantation, une prière, que sais-je. Et toujours les groupes d’Israéliens ou d’Israélites, écoliers pour la plupart, encadrés, réunis autour du drapeau à l’étoile de David.
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Visiteurs Venus de Loin
Impossible de toucher de plus près la réalité et l’intimité de l’Holocauste. Et quel éclairage sur l’actu…

Retour à Krakow dans 1 bonne humeur forcée.

J4 et J5: Belzec et Sobibor, avec logement à Zamosc. Ici, CR plus succint, car ces lieux ne se décrivent pas, ils se « visitent » et se ressentent. La frontière est de la Pologne, le bout du monde que nous connaissons, même si peu, et le bout de l’incompréhension, et de l’inimaginable.

Le site de Belzec, à 290 km de Krakow par 1 route chargée et difficile, est en périphérie du village éponyme. Village de rien, sur le grand itinéraire routier et ferroviaire – ceci explique cela – vers ou venant de L’viv (Lwow, autrefois polonaise), avec juste au delà de la frontière ukrainienne, Rava-Rus’ka et son camp disciplinaire. Rien à voir dans le village, mais au sortir, brusquement surgit le site, à peine signalisé. Sorte de grand carré, à flanc-de-côteau, il se présente sous la forme d’1 étendue uniforme de rocaille et blocs de béton déchiquetés, pourvus en périphérie de fers tordus tels une barrière. Juste devant, l’épi de chemin de fer d’où partait un segment de voie vers l’intérieur. Au milieu, un passage en creux, menant à 1 monument, actuellement inaccessible pour cause de travaux (sécurisation ?). A l’entrée, petit musée plein d’intérêt, officiellement fermé (les lundi) mais où on nous a laissé entrer 1 petite heure (« l’heure de table des gardiens »). Nombreuses reliques, tableaux explicatifs, plaquettes. Très intéressant, très très prenant. Mais dehors, le choc : site d’1 laideur sévère, 1 vrai coup-de-poing dans l’oeil.
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Belzec
Très différent de ma 1ère visite, où rien n’était aménagé, tout laissé à l’abandon. Ici, presqu’un amoncèlement de gravats dans un environnement rural, une campagne vallonnée et paisible. Mais c’est sans doute voulu : ce site est celui des restes de 800000 juifs assassinés, puis réduits en cendres, et répandus sous nos pieds. Tout autour, la vie continue. Il n’y a rien d’autre à dire.

Logement à Zamosc, à quelques 45 km au nord, ville d’art et aussi de massacres.

De Zamosc vers Sobibor, on passe à Izbica, site de rassemblement, en plein air, de déportés attendant dans le dénuement le plus extrème la dernière étape de leur transport. Scènes d’une cruauté inimaginable rapportées par un visiteur clandestin, Jan Karski, y introduit par 1 garde Estonien. La suite de l’itinéraire arrive dans 1 zône forestière, qui finit par déboucher à Sobibor, de nouveau village de rien, apparemment voué à l’industrie du bois. Petit site, modestement signalisé, noyé dans les bois. Toujours l’épi ferroviaire, quelques bâtiments autrefois logements de SS ou du commandant, et dans l’enceinte, petit musée, dont il a fallu mobiliser la tenancière (assistance téléphonique efficace de la mairie juste en face). Excellent musée historico-commémoratif, méritant bien plus qu’1 petite heure.
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Maison du Commandant de Sobibor
Puis, chemin-découverte du site, où à nouveau plus rien ne subsiste. Mais nombreuses plaquettes signalétiques, discrètes mais éloquentes, tout-à-fait dans le ton. Et au fond, proche de ce qui était le crématoire, 1 monument fait de cendres humaines: celles de 250000 juifs. Une tentative de révolte, 300 échappés, 200 repris et tués d’emblée, quelques survivants dispersés parmis les maquis polonais et ukrainiens, l’un commémoré par 1 plaquette.
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Plaquette Commémorative.
A la différence de Belzec et de sa froideur brutale, mon impression de Sobibor – c’est très subjectif – est celle de deuil et de tristesse, presque d’acceptation de la fatalité, qui n’est ici que constat de la turpitude de l’homme.

Etape prévue à Wlodowa, sur le Bug, mais hôtel d’abord introuvable puis découvert fermé malgré notre réservation; logement improvisé à Lublin.

J6 : longue route vers Krakow, et retour en Belgique.

Voilà, je termine ici. Voyage qui n’est plus initiatique pour moi (2ième fois) mais qui reste profondément bouleversant. Heureusement que je ne deviens pas insensible. Une sorte de pélérinage que pour moi-même, je ressens comme un devoir, tant de découverte que d’ensuite faire connaître. Peut être d’autres commentaires plus tard, en fonction de vos réactions. Pour ceux qui le voudraient, je renouvelle ma proposition antérieure de retourner avec vous en Pologne, mais à moins de faire à la vite-vite comme nous qui avions peu de temps cette fois çi, il faut prévoir 1 semaine sur place, permettant un jour supplémentaire à Krakow, de voir Chelmno et Treblinka en plus, et quelques arrêts en route. Et il faut 1 budget.

Amitiés,

Alain.


 

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Re: Pologne 2010: Retour sur le Terrain

Nouveau message Post Numéro: 2  Nouveau message de Prosper Vandenbroucke  Nouveau message 07 Nov 2010, 21:41

Bonsoir et grand merci pour ce compte rendu très complet et surtout très émouvant mon cher Alain.
Amicalement et bonne soirée
Prosper ;)
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Re: Pologne 2010: Retour sur le Terrain

Nouveau message Post Numéro: 3  Nouveau message de dynamo  Nouveau message 07 Nov 2010, 23:26

Merci pour cet excellent CR.
Je suis tenté par cette visite.
On en parle de vive voix cette semaine.
A bientôt.
La dictature c'est "ferme ta gueule", et la démocratie c'est "cause toujours".
Woody Allen.

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Re: Pologne 2010: Retour sur le Terrain

Nouveau message Post Numéro: 4  Nouveau message de Audie Murphy  Nouveau message 08 Nov 2010, 03:23

Alain, je réitère mon désir de faire ce pélerinage un jour avec toi et d'autres membres du forum qui pourraient être intéressés. Ton compte-rendu est touchant, pertinent et très complet. Belles photographies pour illustrer le propos. Bref, tu prêches maintenant à un convaincu !


 

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Re: Pologne 2010: Retour sur le Terrain

Nouveau message Post Numéro: 5  Nouveau message de omega.067  Nouveau message 08 Nov 2010, 18:44

merci, Alain, d'avoir retranscrit nos émotions :bravo:
ce fut un plaisir de te convoyer, tu es un excellent navigateur ;)
de plus, tu a su me "supporter" pendant ± 1300 Km en voiture, et ce sans broncher :roll:


 

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Re: Pologne 2010: Retour sur le Terrain

Nouveau message Post Numéro: 6  Nouveau message de JARDIN DAVID  Nouveau message 08 Nov 2010, 19:43

Bravo pour le compte rendu !
Moi aussi, il faudra bien qu'un jour je fasse le voyage. Et dire que mon épouse (pas du tout, mais alors là pas du tout ww2 "tu es encore sur ton ordi avec les autres cinglés, tu as vu l'heure ?") a eu cette chance.
A quand les journées du Forum décentralisées ?
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Re: Pologne 2010: Retour sur le Terrain

Nouveau message Post Numéro: 7  Nouveau message de tagnon  Nouveau message 08 Nov 2010, 20:13

Bonjour,

Merci pour le compliment. Ca me fait grand plaisir de partager avec vous tous du Forum ces journées d'émotion.

JARDIN DAVID a écrit:...à quand les journées du Forum décentralisées ?


Mais là, attention: danger! Anathème !! Les "Journées du Forum" seront Normandes et printanières, ou ne seront pas. Du moins j'espère.

Par contre, une session d'automne (l'hiver en Europe centrale, gla-gla) pourrait intéresser l'1 ou l'autre. J'aimerais l'organiser, j'en ai déjà parlé, mais il faut 1 long délai de réflexion, et des préparatifs soignés. Amha, la 1ère étape, et le gros problème, c'est la disponibilité de ceux qui travaillent (j'en suis cô, mais plus pour tellement longtemps) et le budget. On en reparle, et chacun peut y réfléchir.

Mais, je l'ai déjà dit et je le répète, fait dans l'esprit où je l'ai fait, ce n'est pas 1 voyage d'agrément, on en revient anéanti. Seule comparaison, le Yad Vachem, sur le sol même d'Israël.

Bonne soirée et très amicalement,

Alain.


,


 

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Re: Pologne 2010: Retour sur le Terrain

Nouveau message Post Numéro: 8  Nouveau message de JARDIN DAVID  Nouveau message 08 Nov 2010, 20:21

tagnon a écrit:Seule comparaison, le Yad Vachem, sur le sol même d'Israël.

Ne remue pas le couteau, voilà encore un autre voyage à faire ! Et là je pourrais intéresser mon épouse, avec le chemin de croix pas loin, tu vois où je veux en venir.
"Laisse faire le temps, ta vaillance et ton roi" (Le Cid)

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Re: Pologne 2010: Retour sur le Terrain

Nouveau message Post Numéro: 9  Nouveau message de tagnon  Nouveau message 08 Nov 2010, 20:56

(Re)bonsoir,

Là je te réponds encore, car Israël, et pas seulement le Yad Vachem, c'est bien 1 voyage à faire. Cette terre ingrate, mais valorisée, pleine de contradictions, d'héroisme et d'attitudes plus sombres, qui porte 1 histoire à la fois millénaire et combien actuelle, cette rencontre de non pas 3 philosophies, mais 4, car Israël appartient autant aux non-croyants qu'aux religieux de toutes convictions, c'est à voir et à vivre. C'est comme Paris, New York, les cathédrales gothiques, sans doute les Pyramides, c'est un élément de l'universalité.

Voilà, je me laisse entraîner par mon enthousiasme, et je prends 1 glissade vers le HS. Stop. J'espère que les Admin ne vont pas sévir. Ce serait (1 peu) mérité. Mais je suis (un peu) pardonnable.

On pourrait continuer par MP.

Amitiès,

Alain.


 

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Re: Pologne 2010: Retour sur le Terrain

Nouveau message Post Numéro: 10  Nouveau message de hilarion  Nouveau message 08 Nov 2010, 20:58

Merci Alain de nous faire partager ces moments je vais voir à insérer dans le centre de documentation


 

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