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HM n°70

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MODERATEUR: affa1965, Jumbo

HM n°70

Nouveau message Post Numéro: 1  Nouveau message de Pierre.S  Nouveau message 27 Fév 2011, 09:13

Bonjour,

J'ai parcouru les articles concernant les fortifications.

J'ai quelques questions:
-Quid des réseaux de renseignements, de résistance et des opérations commandos dans la moindre efficacité des lignes de fortifications?
Par exemple: les SAS ont eu bien d'autres missions que de ramasser du sable sur les sites retenus pour le débarquement....
-Quid des lignes de fortifications qui ont résistés plus de 24h: ligne Gustav et ligne Gothique en Italie. Exemple pour la ligne Gothique: la 362 ID résiste aux Américains du 19 septembre au 20 octobre grâce à 14 lignes de défense et une politique d'économie de la vie des soldats.
La réponse est peut-être dans l'ampleur des moyens mis en oeuvre pour les faire tomber. Sur les plages de Normandie et à l'arrière, ces moyens étaient à la hauteur du défi, sans doute au détriment de ceux engagés ailleurs, mais n'ont-il pas permis de neutraliser l'effet retardateur des fortif's. De ce point de vue, ce ne sont pas les fortifications qui sont inéfficaces mais les moyens qui sont à la hauteur de l'enjeu.

-Dans un autre domaine: le Mont Valérien, j'ai trouvé une photo dans un bouquin édité en 46, voir ici:

viewtopic.php?f=31&t=24719&p=275793&hilit=asphyxie#p275793

J'ai adressé, depuis, un mail aux gestionnaires du site du Mont Valérien qui n'ont pas jugé utile de me répondre. Peut-être que les auteurs de l'article sauraient me renseigner.

A+,

Pierre


 

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Re: HM n°70

Nouveau message Post Numéro: 2  Nouveau message de Signal  Nouveau message 27 Fév 2011, 12:31

La réponse à la question des fortifications qui "tiennent" longtemps est dans la question posée lors de la construction, ce que mon court article rappelle en conclusion : on leur demande quoi ? En règle générale, l'idée est de ralentir l'ennemi avec un minimum de monde, le plus longtemps possible. On ne leur demande jamais (j'insiste sur le JAMAIS) de tenir indéfiniment. Donc la vraie question n'est pas tant de savoir pourquoi telle ou telle fortif a tenu plus ou moins longtemps, mais quelles idées ont prévalu à leur élaboration.

Pour ce qui est des services de renseignements, je ne suis pas vraiment spécialiste. Cependant en règle générale chacun sait à peu près ce qu'il y a en face, dans une mesure allant de 50 à 90 %. Les constructeurs en sont parfaitement conscients, ne nous leurons pas ! Là encore, l'idée quand on construit n'est pas de construire la base secrète du méchant dans James Bond, mais une bombe atomique : un élément dissuasif capable de canaliser l'attaque ennemie.

Une citation de notre ami Séré de Rivières (qui par ailleurs était loin d'être le génie que les auteurs français en font encore actuellement) me plaît beaucoup à cet égard. Il déclarait à la fin de sa vie : l'on m'a refusé des crédits pour fortifier la frontière du Nord, vous verrez, ils passeront par la Belgique.
Pas si visionnaire que ça : il sait que face à un point fort et un point faible, le choix est vite fait.


 

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Re: HM n°70

Nouveau message Post Numéro: 3  Nouveau message de alsa.se  Nouveau message 27 Fév 2011, 14:01

Tienno a écrit:Bonjour à tous !
J'ai survolé, mais je vais lire à l'aise le 70.
Il y a quand même une question à laquelle je ne trouve jamais de réponse : comment les Allemands ont-ils pu concevoir et réaliser un "mur", sachant très bien que ce concept pouvait être contourné, attaqué, détruit, puisqu'ils l'avaient fait eux-même… Aveuglement, au faîte de leur puissance ?

La question est posée…

Cordialement,
Tienno



Bonjour Tienno,

Voilà l'inconvénient de survoler ;) La réponse se trouve en partie dans l'exposé :mrgreen:

J'en profite au passage pour féliciter toute l'équipe pour ce nouveau numéro qui est merveilleusement bien fait, bien rédigé.
Les informations qu'il contient sont très interessantes. C'est un régal de lire ce numéro.
En tout cas j'y ai appris pas mal de choses... s'en est le but... ! 8) (en même temps mes connaissances sont loin d'être au top... :mrgreen: )
Merci pour votre boulot.

Eric
Nordwind : dernière offensive allemande, tentative désespérée de l'Allemagne pour renverser le destin.

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Re: HM n°70

Nouveau message Post Numéro: 4  Nouveau message de Signal  Nouveau message 27 Fév 2011, 14:08

Tienno a écrit:Bonjour à tous !
J'ai survolé, mais je vais lire à l'aise le 70.
Il y a quand même une question à laquelle je ne trouve jamais de réponse : comment les Allemands ont-ils pu concevoir et réaliser un "mur", sachant très bien que ce concept pouvait être contourné, attaqué, détruit, puisqu'ils l'avaient fait eux-même… Aveuglement, au faîte de leur puissance ?

La question est posée…

Cordialement,
Tienno


Pourquoi les Alliés s'amusent à ne débarquer qu'en Juin 44, en Normandie en plus, alors qu'ils auraient très bien pu débarquer mi-43 dans le Pas-de-Calais ?

Et comment les Allemands ont-ils fait pour maintenir un front immense à l'Est, alors qu'il y avait toute la côte occidentale de l'Europe à garder en même temps ?

On en revient à ce que j'ai dit plus haut : gagner du temps et des hommes. Rappelons qu'un homme sous le béton en vaut environs quarante à l'extérieur... Besoin de plus d'explications ?


 

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Re: HM n°70

Nouveau message Post Numéro: 5  Nouveau message de Cyril  Nouveau message 27 Fév 2011, 15:04

Juste pour dire bravo , pour la qualité, les documents le ton etc.

futures lectures....


 

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Re: HM n°70

Nouveau message Post Numéro: 6  Nouveau message de goliath  Nouveau message 27 Fév 2011, 17:34

Tout d'abord merci pour ce n° d'Histomag !
S'il m'est permi, j'aimerais réagir à quelques passages sur, vous le devinez, la Ligne Maginot ! Aucune critique de ma part, juste quelques simples remarques ! J'avais d'abord écrit ici :
http://www.histoquiz-contemporain.com/f ... 659#p48659
mais la politesse veut que je m'adresse directement à l'équipe d'Histomag' ! ;)

Citation:
On sait qu’à cause du gouffre financier qu’elle représentait,
elle n’a pas été établie selon les plans originaux
et que, par exemple, elle n’a pas été prolongée
jusqu’à la frontière belge, donc face au massif des Ardennes
là où a percé l’ennemi. Même si on a prétendu
plus tard que sa prolongation avait été jugée inutile
car officiellement, il était impossible de franchir cette
forêt dense !

Ce n'est qu'à moitié vrai, puisqu'on met -dans cette phrase- en parallèle deux faits qui n'avaient tout simplement PAS été prévus ! En effet, la Belgique n'a déclaré sa neutralité (en rompant donc son alliance militaire avec la France) qu'en ... 1936 ! Or les projets et travaux sur la Ligne ont débutés depuis déjà 4 voir 5 ans !! Les travaux débutent en 1929 dans les Alples et dans quelques secteurs du Nord-est, puis surtout à partir de 1930-31, où les chantiers connaissent une activité frénétique. Cette première tranche (celle de 1930 donc) prends ENCORE en compte l'alliance militaire belge comme élément défensif sur le flanc nord-ouest de la Ligne, d'où l'absence de chantiers au-delà de la limite du secteur de Crusnes ! La tranche initiale des travaux, classée prioritaire et qui fut essentiellement terminée comprenait la RF (Région Fortifiée) de Metz, Lauter, et les Alples. Ce n'est qu'APRES 1936 et la décision (à mon avis critiquable) de Léopold III de faire passer la Belgique neutre que la France, ayant perdue le "glacis belge", a été obligée de se pencher sur la fortification (très coûteuse) de sa frontière nord, avec les secteurs fortifiés courant le long de la frontière, dont seuls les secteurs fortifiés de Montmédy et éventuellement la SF de Maubeuge correspondent à un réel secteur fortifié (comportant de l'artillerie). Ces secteurs correspondent à un seconde tranche, celle dite de "1934-36" qui, en effet, ne furent que très partiellement réalisés faute de budgets et, SURTOUT, parce les tactiques ne furent pas les mêmes lors de la construction de fortifications : au lieu et en place de gros ouvrages, PO et casemates, les militaires firent appel à des blockhaus (type STG ou MOM par exemple, pour "Main d'Oeuvre Militaire) et petites casemates, faiblement armées mais plus nombreuses. La valeur défensive de ces constructions est toute relative, comme on s'en doute, ce ne sont que des pâles copies des travaux de la CORF quelques années auparavant !
D'un point de vue tactique ce fut une grosse erreur, puisque ce qui faisait la force de la Ligne principale (réalisée par la CORF durant les premières tranches) c'était la combinaison arrmes légères/artillerie, et SURTOUT, le fait que les ouvrages se défendent mutuellement, grâce à une étude très poussée du relief et de la cartographie ; ainsi, les casemates et PO du secteur de Rohrbach (réalisé à la hâte en 1934), dépourvus d'artillerie, purent compter sur l'artillerie des GO du secteur voisin des Vosges (Simserhof entre autre) .... alors que les secteurs dépourvus d'artillerie ne résistèrent pas aux attaques ennemies, comme ce fut le cas après la RF de Metz, le long de la frontière franco-belge ou dans la Sarre.



Citation:
Il laisse volontairement, faute de relève, des ouvrages
vides de tous défenseurs face à l’ennemi qui approche.

Pas des ouvrages ... les ouvrages abandonnés (PO surtout) l'ont été qu'après des durs combats, ainsi que les casemates d'intervalle dans les secteur du nord-est. Ce sont surtout les troupes d'intervalle , unités d'infanterie stationnant juste derrière la Ligne principale et renforçant les intervalles défensifs, qui, après ordres, entamèrent un repli, laissant les ouvrages "seuls". L'abandon de certains blockhaus d'intervalles et casemates isolées fut poussé certes par les ordres mais également par l'absence de tout soutien (artillerie ou même infanterie), ce qui, au vue de la durée de vie d'un blockhaus isolé lors de combats, n'apparaît pas comme une décision complètement incohérente !
Ce qu'oublie à mon avis un peu trop les gens (et l'article accessoirement) c'est que la Ligne principale (je parle RF de Metz et Lauter) a été prise à revers à partir de fin mai 1940 !! Avec le franchissement des Ardennes puis surtout de la Sarre par les troupes allemandes, les ouvrages n'ont pas été pris "de face" mais par "l'arrière" ; ceci sera confirmé par tous les témoignages des équipages ! Les blocs d'entrée des ouvrages, censés être à une certaine distance des blocs de combat et faisant face à l'arrière furent pris sous le feu de l'artillerie allemande alors que ça n'aurait jamais du être le cas.

Pour finir, il est juste de rappelé que la Ligne Maginot n'a jamais été créée dans l'objectif d'être un mur "infranchissable" ... la Ligne devait offrir un délai de quelques semaines à la France pour que la mobilisation puisse se faire (entre 2 et 3 semaines nécessaires), tout en évitant des pertes inutiles pour une nation à la démographie en santé précaire, surtout lorsqu'on la compare à la démographie allemande.
La Ligne a non seulement remplie son rôle (si ce n'est la percée de la Sarre, un secteur sous-fortifié) dans les RF et SF où la CORF a oeuvrée avec brio, mais ses équipages ont également été les derniers à se rendre !

Voilà, tout ceci pour apporter quelques précisions sur le rôle de la Ligne Maginot. Une dernier remarque sur son coût global (comprenant les fortifications STG/MOM également) de la Ligne : 5 milliards de Francs (anciens, ce qui fait dans les 2.8 milliards d'€) ce qui correspond à .... 1.6% du budget de l'état français en 1932, contredisant le mythe du coût exorbitant et injustifié de la Ligne !

Encore merci,


 

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Re: HM n°70

Nouveau message Post Numéro: 7  Nouveau message de Signal  Nouveau message 27 Fév 2011, 19:12

goliath a écrit:il est juste de rappeler que la Ligne Maginot n'a jamais été créée dans l'objectif d'être un mur "infranchissable" ... la Ligne devait offrir un délai de quelques semaines à la France pour que la mobilisation puisse se faire (entre 2 et 3 semaines nécessaires), tout en évitant des pertes inutiles pour une nation à la démographie en santé précaire, surtout lorsqu'on la compare à la démographie allemande.


Parfaitement exact, ce qui m'amène à mes considérations actuelles sur la Ligne Maginot : l'idée est bonne au départ : contrer le poids de la démographie allemande face à celle de la France, lourdement ponctionnée par la Première Guerre mondiale, par un durcissement du terrain face à la frontière. L'idée c'est que les troupes manquantes en métropoles seront remplacées par le sang "gratuit" des troupes coloniales. En attendant leur arrivée, il faut retenir une offensive brusquée allemande.

Le problème est la réalisation. Dès la fin du 19e siècle par l'autrichien von Sauer et par le Pionnier français préconisaient un ensemble de fortifications de temps de paix relativement légères, qui ne constituent que l'ossature de positions de temps de guerre réalisées à la mobilisation par les soldats eux-même. Les Allemands appellent à partir de 1905-1910 ce concept Armierung, ou mise en état de défense. Il présente l'avantage de la simplicité, de l'économie financière et surtout de l'adaptabilité aux formes de la guerres, un plan étant beaucoup moins difficile à modifier qu'une construction réelle. La Première Guerre mondiale a d'ailleurs montré qu'un front organisé en profondeur, tirant parti du terrain, et constitué de fortifications de campagne légères (barbelés, tranchées, abris, nids de mitrailleuses et positions d'artillerie à longue portée en arrière) était capable d'arrêter pour longtemps une offensive, et ce à peu de frais.

Les Allemands vont eux aussi se lancer dans la réalisation de fortifications de temps de paix lourdes, sur le Ostwall, à l'Est de Berlin. Hitler arrêtera les travaux dès 1936, suite à sa visite sur le chantier. Trois problèmes se posent : 1) pour un combattant, il faut vingt techniciens ; 2) les combattants sont spécialisés et incapables de sortir sur un champ de bataille classique ; 3) les armements sont spécifiques, donc perdus après que le front ait bougé dans un sens ou l'autre. La construction du Westwall correspond parfaitement à ces visées : des constructions relativement légères, dotées de matériels de campagne, dont la rusticité permet l'utilisation par n'importe quel soldat. Un calcul que les Allemands avaient fait dès 1895, lorsqu'ils ont fait le choix de l'embrasure minimale au détriment de l'éclipse pour leurs tourelles d'artillerie, après les avoir testées à Mutzig.

Côté français, la victoire en trompe-l'oeil de 1918 donne une légitimité aux concepts nationaux de fortifications de temps de paix. Le système Maginot reprend l'idée, obsolète à cette époque, de ligne fortifiée de temps de paix, équipée des meilleurs équipements et de troupes d'élite. Pour parer à un éventuel désarmement comme cela a été le cas sur la seconde ligne Séré de Rivières et la première ligne en 1914-15, les armements sont spécifiques et inutilisables en dehors de leur contexte fortifié. En conséquence, on engloutit sous le béton les meilleures troupes, en leur donnant les meilleurs équipements, pour... trois semaines ! Au-delà, l'armée de campagne étant mobilisée et capable de lancer une offensive en partant de la ligne fortifiée, les fortifications deviennent inutiles, la guerre étant menée en Allemagne. De plus, ses canons sont incapables de soutenir le début de cette offensive, leur porté de huit kilomètres au maximum ne leur permettant pas de tirer au-delà de la frontière. Dès la réalisation, la meilleure défense... est la défense, on flanque tout ce qui peut être flanqué, mais pour ce qui est d'interdire les accès à longue portée il y a une faille monumentale dans le système... Lorsqu'en 1940 les Allemands s'amuseront à tirer au 420 sur les ouvrages du nord de l'Alsace, ils pourront le faire sans coup férir, alors que l'obusier ne tire qu'à 9300 mètres ! A titre de comparaison, en 1914 les canons de 10 cm des Festen allemandes tirent à 1800 mètres, bien au-delà de la portée des obusiers lourds utilisés alors lors des sièges...

Conclusion : la Ligne Maginot est une construction logique, voire nécessaire pour la France au début des années 30. Mais sa réalisation porte dès le départ la défaite en elle-même. Conçue purement pour la défensive, elle va littéralement bétonner les esprits, y compris celui de l'Etat-Major. Au lieu de dresser de vigoureux plans offensifs, qui auraient parfaitement été possibles, même avec un certain manque de blindés et d'aviation, ils s'enferment dans des plans purement défensifs. Le plan Dyle lui-même, qui sera celui suivi en 1940, est basé sur l'attente d'une violation de la neutralité belge par l'Allemagne !

N'aurait-il pas été plus aventageux, étant donné les évolutions des fortifications depuis la fin du siècle précédent, et les enseignements pourtant très clairs de la Première Guerre, de construire face à la frontière un ensemble de casemates placées en profondeur en temps de paix, puis renforcées dès la mobilisation par des tranchées et positions ? Voir carrément faire du vrai Armierung, c'est-à-dire tout construire seulement à la déclaration de guerre ? Ce type de position, même face à une offensive brusquée, tient le temps nécessaire à la mobilisation, ne coûte pas cher et ne devient pas l'élément central d'une défense : il en est seulement l'un des éléments. C'est d'ailleurs de cette façon que se mènent les guerres modernes : mouvements et fortifications de campagne de circonstance quand le besoin s'en fait sentir. Pourrir le terrain plutôt que construire d'énormes fortifications en temps de paix.

Pour le reste, on peut retourner le problème dans le sens qu'on veut, une fois passé le 10 mai 40 la Ligne Maginot ne sert absolument plus à rien. Elle a protégé la mobilisation et canalisé l'offensive allemande. Les équipages ont eu beau se battre jusqu'au-delà de l'armistice, leur combat était sans intérêt et perdu d'avance. Leur décision d'y rester plutôt que de les abandonner est d'ailleurs emblématique : ils refusent de laisser leurs ouvrages à l'ennemi alors qu'ils auraient été plus utiles ailleurs... l'honneur a fait beaucoup de morts mais il n'a jamais sauvé personne, et encore moins permis à un pays de redresser une situation militaire bien compromise... Combien de ces hommes auraient pu se retrouver en Afrique du Nord ou à Londres si ils avaient quitté leurs ouvrages tant qu'il était encore temps au lieu de s'y laisser enfermer ? La question ne trouvera jamais de réponse, mais mérite d'être posée, ne serait-ce que pour sortir du réflexe conditionné du "la Ligne Maginot a servi la preuve ils sont restés au-delà de l'armistice"... pour partir dans une inutile captivité en Allemagne jusqu'en 45...


 

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Re: HM n°70

Nouveau message Post Numéro: 8  Nouveau message de Snakealx  Nouveau message 27 Fév 2011, 21:43

Remarquable analyse de Signal qui, à mon sens, a totalement résumé la problématique de la ligne Maginot.

Une construction imposée par les données géo-démographiques mais uniquement dans l'idée de ne servir que le temps de mobiliser.
Une débauche de moyens et une évolution des esprits qui fini par faire de la ligne le coeur de la pensée stratégique.
Un rôle totalement dérisoire dans les événements de 1940, si ce n'est celui d'avoir obligé les allemands à mettre en place une stratégie de contournement.

La perte du glacis belge est en partie une conséquence du manque de clarté de la politique française vis à vis de l'Allemagne qui a pu amener la Belgique à penser que la neutralité constituerait une meilleure protection qu'une alliance militaire avec la France et l'Angleterre.

Le taconnage réalisé après 1936 n'était clairement pas à la hauteur des travaux menés précédemment, mais il ne faut pas que l'arbre cache la forêt, et je reste par contre persuadé qu'aucun ouvrage, de quelque tranche qu'il fut, n'aurait résisté vraiment longtemps à une attaque allemande poussée avec artillerie lourde, aviation et troupes d'assaut.


 

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Re: HM n°70

Nouveau message Post Numéro: 9  Nouveau message de goliath  Nouveau message 28 Fév 2011, 00:05

frontière un ensemble de casemates placées en profondeur en temps de paix, puis renforcées dès la mobilisation par des tranchées et positions ?

A mon avis, ce système a largement prouvé son inefficacité, partielle du moins ; pour fonctionner et être utile, ce type de construction (blockhaus ou casemate) nécessite un appui d'artillerie et d'infanterie permanent ; or, bousculées par les forces mécanisées, les troupes d'intervalle se replient, tout en étant sensibles (comme toute fortification) aux attaques aériennes, la Ligne ayant quasiment aucune protection anti-aérienne, si ce n'est ... le béton !
En parlant de béton, les ouvrages isolés comme les blockhaus mentionnés sont loin d'être invulnérables, leur protection n'a rien à voir avec ceux des blocs des GO/PO (et même casemates CORF), il suffit d'une pièce bien placée, tirant en tir tendu, pour percer le béton armé. De même, les 88 et autres joyeusetés prendront la mauvaise habitude de viser embrasures et cloches GFM, entraînant les dégâts que l'on imagine ... sauf que pour un bloc de combat, protégé par le feu des blocs voisins, ce n'est pas irrémédiable .. pour un blockhaus isolé dans le nord de la France, dont le relief ne favorise en rien la défense (au contraire), c'est signer son arrêt de mort. A la limite la construction de fossés antichars et de réseaux minés/barbelés peut contribuer à ralentir un assaillant mais guère plus.
Ce que j'ai lu chez les grands auteurs de la Ligne Maginot c'est justement que les SF seulement fortifiés par des constructions de ce type ne purent offrirent une défense efficace, à l'inverse de la Ligne principale, construite en profondeur.

Pour le reste, on peut retourner le problème dans le sens qu'on veut, une fois passé le 10 mai 40 la Ligne Maginot ne sert absolument plus à rien.

Je ne pense pas ; à la mi-juin, la Ligne principale est toujours opérationelle et n'a que peu entamé ses réserves de munitions (les réserves d'un ouvrage lui permettent, en théorie, une autonomie totale de 2 mois environ, selon bien sur l'intensité des combats), et aucune unité allemande n'a traversée la frontière ... si les fortifications du Rhin et de la Sarre ont été franchies, y faire passer le ravitaillement pout toute une armée n'est pas forcément pratique. D'ailleurs jusqu'à la reddition des ouvrages, les forces allemandes vont s'acharner sur certains SF, en attaquant notamment les entrées des ouvrages, y compris par des attaques aériennes (en témoigne les paysages lunaires autour du Hochwald, du Schoenenbourg en Alsace par exemple). Ca reste une "épine", et contrairement à ce que vous dites, mobilise, au final, relativement peu d'hommes ... je n'ai plus le chiffre global en tête, mais avec une vingtaine de GO de 800-900 hommes chacun, une trentaine de PO de 200-300 hommes et les équipages de casemates, on arrive pas à un chiffre exorbitant, surtout que ces hommes appartiennent aux RIF ... non pas, bien sur, qu'ils ne peuvent pas se battre ailleurs que derrière un créneau ( :mrgreen: ), mais ces hommes ont tout de même reçus un entraînement spécifique quant au maniement d'armes en fortification ! D'ailleurs c'est ce qui fait la différence avec des fortifications de campagne ... les RIF ont des années d'entraînement derrière eux, et une cartographie d'une précision incroyable, à l'inverse de soldats occupant une nouvelle position défensive.


 

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Re: HM n°70

Nouveau message Post Numéro: 10  Nouveau message de goliath  Nouveau message 28 Fév 2011, 00:37

Un rôle totalement dérisoire dans les événements de 1940, si ce n'est celui d'avoir obligé les allemands à mettre en place une stratégie de contournement.

Dérisoire, ça ? :mrgreen:
Ce n'est juste que LE plan de l'Etat-major des Armées en cas de confrontation militaire entre la France et l'Allemagne ...
Il n'y a jamais eu de "surprise" dans les plans allemands, puisque c'est bien en Belgique que les armées françaises (une fois la neutralité belge violée bien sur) devaient arrêter l'offensive allemande. Certes, certains sont passés par les Ardennes, et ça, ça ne figurait pas sur le menu, mais pour autant, aucun soldat allemand n'a franchit la Ligne elle-même jusqu'à la reddition des ouvrages dans les RF de Metz et Lauter, les GO du secteur arrosant généreusement toute unité allemand s'y frottant un peu trop. La Ligne a non seulement tenue son rôle (permettre la mobilisation et obliger un contournement, puisque les allemands ne l'ont jamais attaquée de face), mais elle a fait encore plus, puisque bien qu'attaquée sur ses arrières (après le franchissement de la Sarre et du Rhin), elle a tenue le coup pendant un mois.
De plus un certain nombre d'unités allemandes ont été "fixées" par les ouvrages de la Ligne, alors que ces unités auraient été plus utiles ailleurs ; certes, peu ou pas d'unités mécanisées (le fer de lance de l'attaque allemande), mais en admettant que les choses ne se soient pas si mal déroulées pour les français, ça aurait pu jouer un rôle.

Le rôle n'est donc pas dérisoire ... je pense que le mot le plus approprié serait "capital", ou "primordial", au choix !
Non seulement elle a tenue ses engagements, obligé les allemands à faire ce que l'Etat-Major avait prévu qu'ils fassent, offert une résistance malgré un encerclement total. D'ailleurs, grâce à la résistance de certains ouvrages, les troupes d'intervalle purent se replier sans trop de dégâts, bien qu'à cette date, l'armée française est déjà virtuellement détruite.

La perte du glacis belge est en partie une conséquence du manque de clarté de la politique française vis à vis de l'Allemagne qui a pu amener la Belgique à penser que la neutralité constituerait une meilleure protection qu'une alliance militaire avec la France et l'Angleterre.

A voir, je ne suis pas forcément d'accord ... la déclaration de la neutralité de 1936 arrive au plus mauvais moment, c'est plus une déclaration de faiblesse (tant pour la Belgique que les Alliés) pour Hitler qu'autre chose, puisque personne n'est dupe sur les intentions allemandes si une guerre doit éclatée - les stratèges militaires Alliés en particulier ! Cela dit je ne connais pas les détails de cette histoire, toute précision est la bienvenue !

mais il ne faut pas que l'arbre cache la forêt, et je reste par contre persuadé qu'aucun ouvrage, de quelque tranche qu'il fut, n'aurait résisté vraiment longtemps à une attaque allemande poussée avec artillerie lourde, aviation et troupes d'assaut.

C'est vôtre opinion, le déroulement des opérations n'a pas pu donner réellement de réponse. Cependant, vu la résistance des ouvrages (attaqués sur leurs arrières) et les résultats encourageants obtenus par la Ligne lors d'assauts allemands, je ne serai pas aussi catégorique. Bien sur, je le répète, la Ligne n'a pas été conçue pour être infranchissable, obtenir la reddition d'un ouvrage n'aurait pas été chose impossible. Quelques précisions toutefois :
L'artillerie lourde tant voulue pour lutter contre cette maudite "Ligne Maginot" par les généraux allemands n'est pas ... prête en mai 1940. Aucune carapace de béton armé des blocs des ouvrages ne sera percée. Dans certains secteurs, en prenant les ouvrages dans leurs angles morts, et à force obus, des pièces allemandes tirant en tir tendu parviendront à percer le béton, ou la cuirasse de cloches GFM ou d'embrasure, mais guère plus. Les bombes aériennes n'ont pas fait de miracles, loin de là ; si impressionants, les dégâts causés lors des bombardements aériens sur les GO et PO sont minimes, attaquant le béton armé là où il est très épais, le toit ... L'ouvrage le plus bombardé, Schoenenbourg, en Alsace, ne subira aucun dégât majeur malgré des cratères gigantesques et des tonnes d'obus déversés !
Enfin, les troupes d'assaut ... nul doute qu'au bout du compte, elles auraient pu prendre un bloc, mais avec des pertes énormes vu les moyens déployés ... outre les mines, barbelés et mitrailleuses, les assaillants auraient (et l'ont été) subis des barrages d'artillerie d'enfer, les blocs se protegeant mutuellement (sans même parler des fossés, portes blindées et mitrailleuses intérieures défendant les blocs et les galeries). De face, la prise d'un GO de la Ligne Maginot aurait coûté beaucoup d'hommes aux assaillants, nul doute, surtout avec les réserves de munitions et vivres de l'ouvrage. Les ingénieurs de la CORF ont fait un boulot tout simplement remarquable, tant la défense apparaît comme efficace. ;)


 

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