Zut, désolée pour avoir tardé à répondre, je n'avais pas vu ce fil
bon , voici le début de la réponse, ça va être long, je vous préviens...
Les synthèses d'Yves, Nardu et Daniel sont parfaitement exactes, je vais essayer de les compléter un peu, en allant forcément un peu vite et schématiquement car la question est très vaste et elle démontre, s'il en était encore besoin, à quel point la SGM a influencé la construction du monde entier, y compris dans ses aspects "revers de médaille" les plus noirs.
Je reprends certains arguments de Dynamo :
S'il est vrai que les vainqueurs de cette guerre étaient intéressés par la "matière grise" de certains nazis, ce type de "recyclage" de cerveaux de haut niveau est quand même resté assez minime.
Il ne faut pas oublier que l'Allemagne était entièrement à reconstruire, et il était évident que les ingénieurs allemands et tous les cadres et ouvriers spécialisés, quoi qu'ayant été nazis, n'en demeuraient pas moins Allemands. Au lendemain de la guerre, la nouvelle Allemagne avait besoin d'eux. Beaucoup sont restés caché en Allemagne, en Autriche ou en Suisse en attendant qu'on fasse appel à leurs services. Ce qui ne tarda pas. Il faut essayer d'imaginer l'Allemagne au lendemain de la défaite : c'est un pays en ruines, occupé par les quatre puissances occidentales qui ont vaincu, dont les dernières ressources ont été englouties par la folie d'Hitler qui exhortait la population à continuer à croire en la victoire.
En plus de cette ruine économique, il y a le ressentiment de la population vaincue, humiliée, maltraitée, affamée. Ce qui explique que beaucoup de foyers du nazisme aient survécus. Certains Allemands ont vécu la victoire comme une libération, mais pour beaucoup, la défaite a pris des allures d'occupation et de pillage.
On ne peut donc pas s'étonner que les anciens nazis aient été sollicités pour la reconstruction. Qu'ils n'aient pas été dénoncés par des gens qui étaient toujours persuadés du bien fondé des aspirations d'Hitler. Le partage de l'Allemagne ne faisait que renforcer ces sentiments pro-Allemands. Et n'oublie pas que la propagande avait bien fonctionné : les anciens soldats, y compris SS, étaient considérés comme les protecteurs de leur pays qui n'avaient fait que leur devoir. Ce qui explique assez bien le voile de silence qui les a enveloppés pendant plus de 60 ans : la génération qui a connu la guerre reconnaît toujours ces hommes comme étant des héros. Il faudra attendre la génération suivante, à qui on a martelé dès le jardin d'enfants qu'ils appartiennent à un pays d'assassins, pour que devenus jeunes adultes, ils cherchent à faire la lumière sur le passé de l'Allemagne.
Pour ce qui concerne les "dignitaires", c'est une autre affaire. Et ce qui explique qu'ils aient pu s'abriter puis reprendre une vie normale tient en un mot : le communisme, et son corollaire, l'anti-communisme.
Il faut remonter à la première guerre mondiale et à la révolution bolchévique. Tout l'occident tremble à l'idée que cette nouvelle doctrine venue de l'Est fasse tache d'huile.
Pendant la première guerre mondiale, Lénine et Trostky ont passé de nombreuses années en exil en Angleterre notamment, à préparer leur retour dans la mère patrie et à fomenter cette révolution. Et ils ont fait des émules dans les milieux ouvriers, non seulement en Grande Bretagne mais également sur le continent.
Les puissances européennes voient d'un très mauvais œil le système monarchique et féodal s'effondrer en Russie. Et dès la fin de cette première guerre, le souci commun à toutes les nations dominantes est de contrer, PAR TOUS LES MOYENS, le communisme.
Je laisse le soin à Roger Lénevette et à Daniel de faire un historique du communisme et des différents mouvements ouvriers qui émergent en Europe après la première guerre.
Mais tout est lié, car le communisme, c'est un nouvel ordre mondial qui se profile, un nouveau partage du monde. Et cette révolution, les pays européens, comme les Etats Unis, n'en veulent pas, les empires économiques et politiques comme la Grande Bretagne ou la France ont tout à y perdre.
Dès les années 20, des organisations, des réseaux, vont se mettre en place pour enrayer la progression des idées "Rouges". Des millions de dollars vont être consacrés à monter ces réseaux pour infiltrer le mouvement communiste et le faire voler en éclat. Sans succès mais, pour ne citer que le cas du Vatican, état riche et puissant, il ne ménage pas sa peine pour contrer la doctrine, car, s'il y a bien un ennemi de la religion, c'est le communisme. A côté, même le régime national-socialiste d'Hitler apparaît comme un mouvement qui peut s'opposer à l'avancée du communisme. Ce qui explique que dans plusieurs pays, il y aura des négociations plus ou moins secrètes avec Hitler avant et pendant la deuxième guerre mondiale.
Des alliances vont se nouer entre Hitler et certains pays, comme l'Espagne de Franco qui a écrasé les Républicains et qui restera "neutre" ou des pays d'Amérique Latine comme le Chili, la Bolivie ou l'Argentine, où des communautés allemandes très importantes existent. En Argentine, un homme politique populiste, Juan Peron prendra le pouvoir à la fin de la deuxième guerre.
Pour le cas du Vatican, s'il condamne très vivement le nazisme (notamment PIE XI qui meurt en 39), il est pendant la guerre dirigé par des ecclésiastiques plutôt à droite (voire à l'extrême droite pour certains) qui ont plus peur du communisme que du nazisme.
Dans les années 30, le Vatican aurait consacré entre 10 et 30 millions de dollars (!) à combattre le communisme. Là, on parle de gros sous et d'une épreuve de force pour l'Eglise romaine menacée de disparaître si Staline étend son pouvoir à l'Ouest. Et cette Eglise, si elle condamne d'un côté le nazisme (qui réfute lui aussi le pouvoir de l'Eglise) voit aussi qu'Hilter est peut-être le seul moyen de contrer la menace. C'est également une excellente opportunité pour ramener dans son giron les Orthodoxes et renforcer le pouvoir de l'Eglise Catholique Apostolique et Romaine. C'est peut-être ce qui justifiera sa cécité sur les méfaits de régimes comme celui de l'Oustacha contre les Serbes en Yougoslavie, "convertis" par la force ou massacrés.
Vous verrez tout ça plus en détail dans le prochain épisode de l'enquête dans le Mag.
mais vous pouvez déjà vous étriper avec les curés en attendant la suite qui arrive tout à l'heure...
laverdure, spécialiste des feuilletons