Comme promis, la suite du feuilleton… "les nazis sont de retour, et ils ne sont pas contents !"
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le retour de la revanche des nazis – 2"
Pour revenir à nos nazis en fuite, au lendemain de la guerre ils ne sont donc pas les ennemis de tout le monde. Quand ça tourne fortement au roussi et que l'ombre des potences de Nuremberg se profile, ils ont tout un tas d'adresses où se réfugier.
Car désormais, avec la disparition du IIIè Reich, la "menace rouge" se précise. Et ils feront de précieux alliés.
A l'est, les Gestapistes et les membres de l'Abwehr seront d'excellentes recrues pour tous les services secrets qui se lancent dans la guerre froide.
Car au lendemain de la guerre, les services secrets de tous les pays sont à reconstruire entièrement. Et ça ne se fait pas en partant de rien. Donc tous les sans-grades mais néanmoins entraînés nazis, purs produits de la propagande, seront d'excellentes recrues : elles connaissent les méthodes, ont des contacts et des réseaux en Europe de l'Est, bref offrent une infrastructure qui fait défaut aux tous nouveaux services tels que la CIA. D'où le recrutement de types comme Barbie et les filières croates dont Draganovic et Petranovic sont les chevilles ouvrières.
Plus surprenant, certains seront "retournés" et recrutés par le KGB. Mais ce sont parfois des agents doubles, voire triples si ce n'est plus…
Bon nombre de ces sbires vont aussi migrer discrètement vers le Moyen Orient, dans des pays tels que l'Egypte ou la Syrie. Là où des régimes pas franchement démocratiques se mettent en place. Là, leur antisémitisme sera très utile et, comme le souligne Yves, il existe une véritable entraide entre les anciens nazis. Ils se sentent victimes, ils sont obligés de fuir leur pays alors autant dire qu'ils sont motivés pour mettre le plus possible de bâtons dans les roues de l'Etat d'Israël nouvellement créé.
C'est cette même entraide qui va en rassembler un joli paquet dans les pays Baltes.
Ce ne sont plus des Allemands mais des Lithuaniens, des Lettons, qui ont activement collaboré avec les nazis et qui conservent toujours cette optique identique que les Slaves sont à repousser, voire à exterminer. Même si l'occupation de ces pays par l'URSS ne va pas rendre les choses aisées. Mais ils aideront à exacerber les nationalismes opprimés.
Enfin, l'Amérique Latine. Et là, désolée de décevoir Audie et Joachim mais ces pays d'Amérique Latine n'ont pas eu à être forcés pour les accueillir : au contraire, certains, comme l'Argentine pour le cas le plus connu, vont même dépenser des millions de dollars pour leur permettre de fuir. Parce que c'est un échange de bons procédés : des gens comme Carlos Fuldner sont partis en Argentine, via l'Espagne, avec un solide butin.
Cet argent, les PERON en ont besoin pour leur "révolution populaire" mais toute aide sera la bienvenue pour Juan Peron qui devient au fil des ans de plus en plus dictatorial.
Pour tous les dictateurs en herbe latinos-américains, la machine nazie est plus ou moins un exemple (si l'on excepte l'extermination) : populisme, antisémitisme ou xénophobie (rappelons que dans beaucoup de ces pays, ce sont des personnes d'origine européenne qui gouvernent des pays majoritairement indiens), modèles d'embrigadement etc.
Le IIIè Reich a fait des émules en matière de politique et beaucoup ont envie de reproduire un modèle du même genre, en version politiquement correcte.
Et surtout, tous ces nazis ne sont pas encore les vieux messieurs qu'on découvrira plus tard : ils sont dans la force de l'âge, la défaite de l'Allemagne les a stoppés en plein élan, et ils rêvent plus ou moins d'en découdre à nouveau et de reconquérir leur pays, d'une façon différente cette fois. En Amérique Latine ils trouvent donc des communautés allemandes solidement établies, où on leur fait une place de choix : ils vont diriger des compagnies pétrolières, maritimes, des armées, acheter des armes, former les bataillons d'élite, bref, ils connaissent bien les rouages du métier. Les fameux sans-grades font de magnifiques instructeurs eux qui ont soif de revanche et qui se sentent injustement persécutés. De plus, ceux qui ont été éxécutés à Nuremberg étaient leurs chefs, et ils veulent les venger, d'une manière ou d'une autre, voire les réhabiliter, car il ne faut pas oublier que les plus endoctrinés ne comprennent même pas pourquoi on les a jugés. Quoi de mieux que d'aider des dictateurs à truster un continent ?
Bref, ce que les pays alliés vivent comme une victoire n'est pour eux qu'un aléa. Car ils savent bien que tôt ou tard, l'ennemi de tout le monde sera le communisme et qu'on sera moins regardant quand il s'agira de le combattre. Et ils ne se sont pas trompés puisque la CIA, le MI6 et la Sûreté Nationale feront appel à certains d'entre eux.
Narduccio a raison quand il dit que pour eux, il s'agit seulement de continuer la lutte.
Car depuis le début, le communisme est la cible du nazisme. Même si certaines tromperies ont pu faire croire un moment que les régimes avaient des intérêts communs. Ils en avaient surtout un : ne pas s'affronter directement car Hitler savait que face à l'URSS, même ses meilleures troupes ne pouvaient faire face à l'échelle d'un pays qui est un véritable continent. La guerre froide va leur donner l'occasion d'exercer leurs talents.
Pour revenir à l'intérêt présenté par ces milliers de nazis qui ont trouvé refuge en Amérique du Sud, l'explication est finalement assez simple : il est plus facile pour un dictateur de charger des "mercenaires" entraînés de faire le sale boulot et de former des brigades spéciales que de convaincre une armée entière régulière que tous les moyens sont bons pour les maintenir au pouvoir. Et, pour revenir à ce que disait Daniel, ils n'arrivent pas par hasard dans des pays où de fortes communautés germanophones sont implantées dès avant la guerre. Il ne faut pas oublier que ces mêmes communautés ont, pendant la guerre, aidé du mieux qu'elles le pouvaient. Elles résidaient dans des pays neutres, contrôlaient des richesses naturelles et étaient relativement voisines des USA.
Et elles occupaient aussi des positions géographiques stratégiques entre l'Atlantique et le Pacifique.
Car dès que le IIIè Reich a commencé à décliner (ce que peu d'entre eux ont admis), les cadres ont commencer à réfléchir au IV° Reich… Ce ne sont pas seulement des nostalgiques de l'époque hitlérienne, ce sont des gens qui sont convaincus qu'ils peuvent conquérir le monde et prouver qu'ils ont raison. N'oublions pas ce qu'était le IIIè Reich d'Hitler : un ordre nouveau. Ce ne sont pas que des mots, c'est tout un concept.
Ils se sont donc préparés, si ce n'est à faire le voyage en sens inverse, du moins à tout mettre en œuvre pour la revanche.
Et là où ils arrivent, ils trouvent des personnes toutes disposées à les écouter et à les aider.
Comme par hasard, effectivement, tous les pays qui les accueillirent étaient ou devinrent des dictatures (n'en déplaise à Savinien
) . Lien de cause à effet ou simple coïncidence ? Je ne crois pas aux coïncidences. Disons plutôt magnifique concours de circonstances. Tout dictateur potentiel ayant une fâcheuse tendance à l'autoritarisme, un petit peu d'aide et de conseil venus de personnages expérimentés ne peut pas nuire.
Si ces chefs d'état complaisants n'avaient pas, par nature, eu une tendance naturelle à vouloir régner à tout prix, ils n'auraient certainement pas tendu une oreille compatissante (et une main généreuse) à tous ces "réfugiés".
De plus, et Yves fait bien de le rappeler, même après le judéocide, l'antisémitisme, l'anticommunisme et la lutte contre les francs-maçons restent des valeurs communes à bien des pays. C'est également cet anticommunisme qui poussera les USA à supporter des régimes dictatoriaux comme celui de Pinochet au Chili (je maintiens, c'était une dictature !!!) pour ne citer que cet exemple. Car la menace communiste s'est rapprochée des USA avec Castro à Cuba.
Et pour répondre à la dernière question de Dynamo (dont je sais que ce n'est pas Draganovic déguisé
), la plus-value, la cerise sur le gâteau, c'est que tous ces braves nazis sont des européens, "aryens" qui plus est, et ils vont tous obtenir la nationalité des pays qui les abritent. Donc voter. Je ne sais pas pourquoi, mais on a tendance à voter pour ceux qui nous ont aidé… Enfin normalement c'est comme ça. De même qu'on ne refuse jamais de donner un coup de main. Financier par exemple.
Le schéma est donc assez simple, imaginons 5 mn que je sois un dictateur (une dictatrice, ça se dit ?) mais dans un pays où le droit de vote existe encore, je m'appuie sur l'armée mais j'ai besoin de l'encadrer, de la fortifier dans l'idée que je suis la seule cheftaine possible, ceci afin de pouvoir mener mon coup d'état à bien.
J'engage donc quelques nazis au chômage mais dotés d'une solide expérience et qui n'ont pas froid aux yeux et rien à perdre. En rétribution des services rendus, je leur offre la direction de mines par exemple, d'exploitations forestières (des milliards d'hectares, on n'est pas en Europe, le continent est vaste), bref, tout ce qui a de la valeur dans mon pays, je le mets entre leurs mains car ils ne me trahiront pas (mes sujets étant pour eux plus ou moins des sous-hommes exploitables à merci). Et de plus, ils ont gardé des contacts précieux en Europe. Je sais aussi qu'en cas de souci avec ma propre armée, ils n'auront pas trop d'hésitation. En cas de petit problème financier, ils me renverront l'ascenseur. Encadrée de cette façon, je suis tranquille et nous vivons en parfaite intelligence dans le meilleur des mondes.
Je vais extrapoler un peu plus loin. Dans mes bataillons de nazis, qui ne se reproduisent qu'entre eux, il y en a qui rêvent d'un IV° Reich, de reconquérir l'Allemagne et, allons-y gaiement, pourquoi pas l'Europe toute entière ? (un formidable débouché pour mes produits). Aussi, lorsque les fils ou petits-fils de certains d'entre eux entretiennent au pays des amitiés étroites avec des adeptes du nazisme, je ferme les yeux et à l'occasion, je les aide à regagner ce pays à qui ils vouent un amour inconditionnel.
De temps à autres, j'entends parler de groupuscules néo-nazis en Allemagne, aux Pays Bas, en Autriche, en Belgique, en Ecosse. Et je constate avec un sourire en coin que certains partis extrémistes sont organisés selon un schéma qui me rappelle quelque chose : des jeunes endoctrinés dès le plus jeune âge, élevé au lait de la haine du Juif, de l'Etranger et de l'homosexuel et, pour contenir toute cette ardente jeunesse, des cadres un peu plus âgés, au discours parfaitement rôdé et qui les maintiennent dans les limites de l'acceptable. Tous ces gentils membres d'organisations plus ou moins discrètes reçoivent bien entendu des leçons de discipline quasi militaire et on leur inculque des valeurs anciennes et la certitude qu'ils sont des surhommes d'une race supérieure.
Dans chaque pays, ces partis ayant plus ou moins pignon sur rue, vont exacerber les nationalismes et ressortir les mêmes vieux principes qui ont fait leurs preuves par le passé. Tôt ou tard, toutes ces nations seront grignotées par ces idées et je ne doute pas un seul instant qu'elles parviendront alors à se réunir en une internationale. De quelle obédience ? Le mot reste à inventer, mais que diriez-vous de Nationale-occidentale ?
Mais bien sûr, tout ceci n'est que fiction. Et si des coïncidences se sont glissées dans mon extrapolation, elles sont bien entendu tout à fait fortuites.