Post Numéro: 140 de Vincent Dupont 30 Oct 2009, 00:03
Bonsoir à tous !
J'arrive après la bataille... mais le boulot est plus fort. J'ai néanmoins pu lire tout ce que vous avez écrit et j'ai raté quelque chose...
Pour avoir vuce qu'en pensaient Prioux, Langlois et surtout du Vigier, je rejoins l'avis de Bruno : La mort de Billotte a grandement contribué au repli général sur Dunkerque. C'était le seul à pouvoir conserver la cohésion du Groupe d'armées et qui aurait pu tenir les anglais dans une offensive vers le sud d'Arras. Son décès à provoqué le retrait des unités britanniques sur Dunkerque, parfois même sans en avertir les Français...
Quand à ce qui est du rembarquement, dans la même veine que le 6e Cuirassiers fournit par Judex, je vous apporte le 2e Cuirassiers (version rédigée dans le mémoire de votre serviteur sur du Vigier) :
« Dans la soirée le lieutenant-colonel Du Vigier arrive pour donner des précisions sur la situation. Comme chacun sait, elle est tragique, l’ordre est donné de constituer un détachement comprenant : les officiers, les équipages de chars, et les spécialistes en vue d’un embarquement probable à Dunkerque. Les capitaines désignent sur l’heure les éléments indispensables pour la reconstitution de leur unité et c’est avec joie que le travail est fait ». Le moral est donc toujours bon au 2ème Cuirassiers prêt à reprendre la lutte. Le 28, le régiment reçoit l’ordre de se rendre à Zuydcoote où les images du film d’Henri Verneuil correspondent hélas au récit du Lt Vié : « Le canal est rempli de matériel anglais dont le personnel déjà commence à embarquer. Partout, dans les fossés, dans tous les champs, du matériel détruit systématiquement, faute de pouvoir l’embarquer, gît lamentablement. L’impression est très désagréable : des brûlots d’effets, d’archives, de denrées, finissent de se consumer en produisant une fumée âcre qui prend à la gorge. » Le 2ème Cuirassiers est prêt à embarquer et stationne lui aussi dans les dunes de Bray-Dunes. Les détachements de spécialistes formés dans les régiments afin d’avoir des cadres pour la réorganisation prochaine doivent être embarqués de toute urgence. Du Vigier et son supérieur le général de La Font, maintenant à la tête de la division, s’emploient donc de toute leur énergie à sauver ce qui peut l’être de cette poche qui chaque jour se rétrécit un peu plus. De La Font écrit lui-même au commandant de la défense du port de Dunkerque, l’amiral Abrial, pour le prévenir de l’arrivée du Corps de Cavalerie et de sa place prioritaire dans les opérations d’évacuation, conformément aux ordres du général Weygand. Les éléments du 2ème Cuirassiers dont du Vigier reste très proche s’acheminent vers les quais de Dunkerque . Le ciel leur est « favorable », puisque la pluie en a chassé les avions allemands. Tous les détachements de spécialistes pourront donc embarquer dans le calme. Le chaos régnant sur le chemin marque cependant tous les esprits, et le spectacle des maisons bombardées provoque une sensation pénible en chacun : « […] chacun jusqu’à ce jour avait vécu un peu égoïstement et n’avait pas eu le temps ou plutôt le courage, de songer à ceux qu’ils avaient laissés derrière eux ; une rapide association d’idées les ramenait chez eux, et ils refoulaient bien vite la vision de l’intérieur qui leur était cher et qu’ils n’osaient entrevoir dévasté. »
Après cet épisode difficile pour chaque soldat qui s’achemine vers Dunkerque, les détachements peuvent embarquer. Le carnet de Touzet du Vigier nous indique qu’il embarque à bord du « Cerons » .
Grâce au croisement des autres témoignages, nous pouvons continuer de suivre du Vigier à bord du bâtiment sur lequel il a embarqué. L’Etat-major du 2ème Cuirassiers ainsi que les éléments des 3e et 4e escadrons embarquent également sur le « Cerons » , l’escadron hors-rang, le 1er et le 2e escadron embarquant sur le « Douaisien ». Le retour vers la France ne va pas se faire sans encombre cependant. L’embarquement, comme nous l’avons vu, se passe sans problème, à la faveur de la nuit, le temps aidant. Les conditions étant idéales, aucune panique ne se répand parmi les cuirassiers n’ayant pas vraiment le pied marin mais étant exténués par le début de leur campagne . La traversée ne leur épargne pas les péripéties. Une vedette lance-torpille croisant dans les parages, les champs de mines à éviter, quelques explosions malgré tout et un échouage sur un des nombreux bans de sable séparant la France de l’Angleterre viennent rythmer l’évacuation. Sans nouvelles du « Douaisien », qui transportait l’autre partie du 2ème Cuirassiers et qui eut lui aussi une traversée mouvementée et des blessés, le « Cerons » longe les côtes anglaises puis met seul le cap sur Cherbourg, une avarie ayant ralenti son allure. « Enfin les côtes françaises se dessinent. Une joie immense se reflète, sur tous les visages. LA FRANCE !...... »
En vous souhaitant une bonne nuit à tous !
Bien Amicalement
Vincent
"L'ignorance du passé ne se borne pas à nuire à la connaissance du présent ; elle compromet, dans le présent, l'action même."
Marc Bloch
Fusillé par l'occupant le 16 juin 1944