Réflexions sur la « précision » des bombardements alliés sur l’Allemagne

6 août 1944 – Keroman
Le lieutenant d'aviation Thomas Clifford Iveson a largué un Tallboy, la bombe n'a pas réussi à pénétrer dans la base.

Mais les dégâts "superficiels", générés par cette grosse "bombinette", eux, sont toujours visibles sur le toit de la base sous-marine.
Au tout début des années 60, il y avait, à Pleumeur, le grand cimetière municipale lorientais ; à l'époque, il était de règle d'effectuer régulièrement (une à deux fois par an minimum), sur la tombe, une "visite" familiale respectueuse - je sais, j'ai donné! -. Bref, depuis ce cimetière, qui, à l'époque, marquait, également, la limite de circulation des transports urbains, et était très légèrement surélevé, par le biais des caprices du terrain, on voyait très bien, à deux bornes de là, la "Base sous-marine", comme il était de règle de la désigner, chez les civils ! Sa localisation officielle "Keroman" était, elle, arrivée bien après, chez le "vulgum pecus", chez qui, elle évoquait systématiquement la destruction de la cité ; çà peut paraitre bizarre, mais c'est strictement vrai; à la fin des années 50/début des années 60, alors qu'il était de règle pour un lorientais de bien distinguer tous les quartiers de la ville, "Kéroman", sauf chez les matafs et le personnel du Génie Maritime, qui y travaillaient, n'était pas en usage!

Je ne l'ai, moi-même, découvert que bien plus tard... à la louche, +/- 30 ans plus tard, mais j'ai une excuse, ayant servi dans l'Aéronavale, car Lorient correspondait à la BAN Lann-Bihoué et, au mieux, à l'Ecole des Fusiliers-Marins! Je vais surement passer pour un vieux schnock, mais, en 1950-début 60, "Keroman" semblait avoir été, manifestement, banni, du vocabulaire civil lorientais. Bizarrement, tout gamin, j'avais appris, sauf celui-là, tous les noms des faubourgs de Lorient et des patelins environnants, limité à l'approche maritime (!), y compris l'Abri Côtier, proche de Larmor, que, dans mon imagination de gamin, je confondait allègrement, avec la présence d'un supposé "abricotier"! -.

[coyote]

Après une petite recherche il semble bien que le raid de la RAF sur la base Brest se soit déroulé à basse altitude (laquelle j'ignore précisement) mais si on juge par cette photo prise lors de l'impact, on est pas très haut !

Vue aérienne de reconnaissance photographique montrant les dommages causés aux abris en béton à Brest, à la suite de deux raids de jour du Bomber Command : le premier par dix Avro Lancasters du No. 617 Squadron RAF le 12 août 1944 ; le deuxième le lendemain par treize Lancaster du 617e Escadron, rejoints par quatorze autres du No. 9 Squadron RAF.

La cible a été attaquée à deux reprises à l'aide de bombes à pénétration profonde « Tallboy » de 6 tonnes, qui ont gravement endommagé la structure du toit et l'ont perforée à au moins deux endroits.

[Dog Red]

Comme à Lorient des raids "de précision" sur une Festung.
Les Anglais pensaient en avoir fini avec les bases sous-marines de l'Atlantique par la ruée de la Third US Army en Bretagne mais les ports se ferment comme des huîtres et on voit que le Bomber Command est envoyé au turbin pour neutraliser par les airs ce qui ne peut l'être par voie de terre.

En ce qui concerne Lorient, l'évacuation de la ville et des huit communes proches avait été décrétée le 10 février 1943. La population lorientaise avait, alors, été contrainte de devoir migrer dans ses familles proches, dans les terres morbihannaises, où dans le Finistère sud, en fonction de leurs employeurs et de leurs succursales. Ma grand-mère et ma mère, qui, elle, bossait pour une conserverie, s'étaient retrouvées à Riec-sur-Belon - célèbre cité huitrière, à l'époque occupée par 3000 habitants! - où le gros conserveur lorientais, pour qui bossait ma "Môman", disposait d'une unité de production. Certains "migrants" forcés avaient, ainsi, eu la chance de pouvoir récupérer leur poste, mais c'était très loin d'être le cas de tous et celui de Môman, qui, en avait, fort heureusement, fait parti, est beaucoup trop compliqué à expliquer!

A dater de mars-avril 1943, les seuls rapports existants sur la situation lorientaise sont exclusivement militaires et se résument à la seule exploitation des rapports allemands! D'où la détresse, mais elle était plus ou moins générale, quand la population lorientaise avait découvert et constaté l'état de la cité, après la Libération de la Poche, en mai 1945!

La République française, à poil financièrement, avait du, alors, procéder de nécessaires et très lourdes dévaluations du franc, qui avaient abouti, au final, en 1946, à des remboursements de dommages-de-guerre "ridicules"! La valeur de baraque citadine détruite avait tout juste permis à ma Môman et ma grand-mère, nantie, elle, d'une pension de veuve de guerre 14-18, de se transporter au Maroc... à Fedala, où le conserveur déjà évoqué, disposait d'une succursale marocaine!

Entre temps, j'avais foutu un peu-beaucoup la m..., car, alors que ma Môman transitait vers le Maroc, j'avais décidé, avec plus de 15 jours d'avance, de faire mon apparition, en plein transit voyageur, à Boulogne-Billancourt... où je suis très officiellement né! Une fois que le "lardon de m.." - votre serviteur! - avait achevé son cycle enquiquinements post-natals... Hop, direction le Maroc!

Il s'agit, là, d'une époque très compliquée, où, comparée à la situation métropolitaine française existante, il était essentiel de pouvoir bénéficier de relations solides, qui, elles-mêmes, étaient implantées dans notre ex- "Empire Colonial". L'air de rien, ses retombées économiques avaient, alors, permis, à la Métropole de parvenir à se refaire une santé!