Pour ouvrir ce fil, ci-dessous un article intéressant sur le système de comptage allemand...
Source: http://deuxiemeguerremondia.forumactif. ... -luftwaffe
Le système de comptage allemand (points/victoires)
La différence principale entre les méthodes allemande et alliée de compter les victoires était que les pilotes de la Luftwaffe n’étaient pas autorisés à partager les victoires. La règle principale était : “un pilote-une victoire”. A l’inverse, si deux pilotes alliés participaient à la destruction d’un ennemi, chacun était crédité d’une demi-victoire. Cela paraît absurde si on pense qu’un pilote allié peut atteindre le statut d’as (5 victoires) sans avoir jamais abattu un avion lui-même ! Le système de la Luftwaffe d’attribution des victoires était impartial, inflexible, et du coup beaucoup moins sujet aux erreurs que les méthodes US ou britanniques (je vous ferai un post dessus si ça vous intéresse). Cela ne veut bien entendu pas dire qu’aucune erreur n’était commise : ainsi, pendant la Bataille d’Angleterre, chaque camp a revendiqué deux fois plus de victoires qu’il n’avait abattu d’appareils ennemis !
Les victoires allemandes rentraient dans trois catégories: Abschuss (destruction), Herausschuss (Séparation : l’appareil pris pour cible n’est pas détruit mais suffisamment endommagé pour devoir quitter sa formation) et Endgültige Vernichtung (destruction finale : destruction d’un appareil déjà endommagé). Ces trois catégories étaient utilisés pour attribuer des points qui donnaient droit à des décorations. Il faut cependant différencier les notions de « victoire » et de « point ». Seul une « Abschuss » comptait pour le nombre de victoires du pilote. Un pilote qui abattait un appareil dans la catégorie « Herausschuss » n’obtenait pas de victoire mais seulement des points. Le nombre de points variait en fonction du type d’appareil abattu selon la liste suivante :
Chasseur monomoteur:
- Abschuss : 1 point
- Herausschuss : 0 point
- Endgültige Vernichtung: 0 point
Bombardier bimoteur:
- Abschuss : 2 points
- Herausschuss : 1 point
- Endgültige Vernichtung : ½ point
Bombardier quadrimoteur :
- Abschuss : 3 points
- Herausschuss : 2 points
- Endgültige Vernichtung : 1 point
Comme vous ne manquerez pas de le remarquer, le système reconnaissait le fait qu’un Herausschuss (càd faire quitter à un bombardier son « Box » (ou « Pulk » comme disaient les Allemands)) était plus difficile à obtenir que la destruction d’un appareil endommagé. De plus, le nombre de points obtenus pour la destruction d’un bombardier est supérieur à celui obtenu pour un chasseur : cela est bien entendu dû au fait que c’est plus difficile, mais également au fait que les efforts des pilotes allemands devaient se porter sur la destruction des bombardiers : ils devaient si possible éviter le combat en dogfight avec les chasseurs.
Les décorations étaient attribuées dès qu’un nombre de points était atteint, selon la liste suivante :
- Croix de fer 2nde Classe : 1 point
- Croix de fer 1e classe : 3 points
- Croix allemande : 20 points
- Croix de Chevalier : 40 points
Le système de points n’existait que pour la remise de décorations. En revanche, une décoration pouvait être décernée avant que le pilote n’atteigne le nombre de points nécessaires, selon la décision du chef d’unité. Les procédures de vérification de revendication de victoire étaient inchangées (nous les verrons plus bas) : seul le RLM (Reichsluftfahrtministerium) pouvait confirmer une victoire, et cette procédure pouvait durer plus d’une année (la confirmation arrivant même parfois après le décès du pilote…).
Les « Herausschüsse » ont été abandonnées en 1944, et beaucoup de revendications de « séparation » ont été confirmées en victoires (Abschüsse). Du coup, d’autres pilotes (ceux qui ont finalement abattu l’appareil) pouvaient être crédités d’une victoire sur le même avion. Ce nouveau système a mené à une augmentation du nombre de victoires confirmées d’un facteur 2.
Les attributions de victoires
Comme noté plus haut, les “victoires” et les “points” étaient bien distincts. Quand un “Abschuss” était revendiqué, une procédure stricte était suivie avant la confirmation. Tout d’abord, suivant le principe du “un pilote-une victoire”, les autorités devaient s’assurer que le pilote était seul responsable de la destruction de l’appareil ennemi. Chaque “Abschuss” devait être authentifiée par un témoin (observateur au sol ou ailier), à moins que l’avion ne soit équipé d’une cinémitrailleuse et que la destruction de l’avion ou l’éjection du pilote aient été enregistrées. Un autre cas possible était que le pilote de l’avion ennemi ou bien son épave soient retrouvés. Du coup : pas de témoin ou de preuves certaines – pas de victoire.
Chaque “Abschuss” devait être confirmée par l’Oberbefehlshaber der Luftwaffe (Commandant en Chef de la Luftwaffe). Les pilotes de chasse étaient tenus de connaître à chaque instant leur position ainsi que le nombre d’avions de la formation ennemie engagée. En plus de ces informations, le pilote devait noter l’heure exacte de sa victoire, le tout bien entendu en continuant le combat et en observant ses ailiers pour pouvoir être le témoin de leurs propres victoires ! Après l’atterrissage, le pilote préparait un "Abschussmeldung"(rapport de victoire) et le remettait à son commandant. Celui-ci pouvait décider de rejeter ou d’appuyer la demande. Si elle était acceptée, le rapport partait au Geschwaderstab (Etat-Major d’Escadre) qui faisait lui-même un rapport. Les deux étaient ensuite envoyés au RLM. Après examen, la confirmation était envoyée à l’unité. Cette procédure était très longue. En 1944, une autre autorité fur créée : l’ « Abschusskommission », qui recevait tous les rapports sur les épaves retrouvées. Elle gérait alors les conflits entre les batteries de DCA et les pilotes, attribuant la victoire à l’un ou à l’autre, après examen. Ceci permettait d’être certain qu’il n’y aurait pas davantage de victoires attribuées que d’épaves trouvées.
Les système allemand de confirmation de victoires aériennes était assez efficaces pour garder les erreurs humaines dans des limites acceptables. En dépit de cela, l’OKL (Oberkommando der Luftwafe) a considéré que les très nombreuses revendications de victoires lors de la première phase de Barbarossa ne pouvaient être vraies. L’OKL a ainsi très souvent accusé les Kommodore (Commandants d’Escadres) d’exagérer le nombre de victoires.
Enfin, lorsqu’un pilote allemand abattait un ennemi, il crait “Horrido” à la radio. Cette annonce de victoire permettait de prévenir ses ailiers de regarder autour d’eux pour voir un crash ou un avion en flammes (et donc d’être témoins), mais servait aussi à prévenir les unités au sol qui aidaient souvent les pilotes à confirmer leurs victoires. Pour l’anecdote, « Horrido » vient du nom de Saint Horridus, patron des chasseurs et par extension des pilotes de chasse !