Réplic’Air s’attaque au Dewoitine D551, le chasseur qui n’a jamais volé.
12 décembre 2013 | Aviation Générale
Gonflés par le succès du vol du centenaire de la première traversée de la Méditerranée, Jérémy Caussade et son équipe Réplic’Air se lancent dans la construction d’une réplique du Dewoitine D551, le chasseur français de la seconde guerre, qui aurait du affronter le Me-109. L’armistice de juin 1940 a été signé avant que le D551 n’effectue son premier vol.
Jérémy Caussade veut reprendre le programme D551, là où ses ainés ont été obligés de l’abandonner, le 10 juin 1944, c’est à dire à la veille du premier vol. Celui qui a su commémorer de la plus belle des manières le centenaire de l’exploit de Roland Garros, s’est mis en tête de faire voler l’avion d’arme qui aurait du incarner le chasseur français de deuxième génération dans les combats aériens de la Seconde guerre mondiale.
Le prototype du Dewoitine D551, début 1940
© DR
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Un défi que le jeune ingénieur toulousain relativise : « le projet n’est pas démesuré. Il y a certes un gros travail à faire sur la partie motorisation, mais l’avion est de construction alu relativement simple. Il avait été conçu pour être produit en série. Il existe de plus une incroyable documentation technique aux Archives départementales de la Haute-Garonne qui nous sera très utile ».
Le D551, le chasseur français de deuxième génération qui aura attendu plus de trois quarts de siècle avant d’espérer un premier vol
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Pour Réplic’Air, cette fois-ci, il ne s’agit pas de réaliser une réplique, mais de reconstruire un avion sur plan d’origine en respectant la quasi-totalité des process d’époque (design, montage, traitement, cockpit, etc…). Il ne s’agit pas, non plus, de substituer un moteur moderne à la motorisation d’origine : le Dewoitine D551 de Réplic’Air sera propulsé par un Hispano-Suiza 12Y51, avec ses douze cylindres en V.
Jérémy Caussade rêve de comparer en vol les performances du D551 avec celles du P-51D et du Spitfire Mk XII
© Collection Airbus, cliché SNCAM, Archives départementales de Haute-Garonne
« Il y aura un important travail à réaliser sur la partie motorisation - et c’est un autre bon point pour satisfaire les ingénieurs de l’équipe - pour ré acquérir la compétence sur ce moteur », reconnaît toutefois l’animateur de Réplic’Air qui a repéré qu’avec son Morane 406, Daniel Koblet est le seul pilote au monde à voler régulièrement avec un moteur Hispano-Suiza 12Y51. « Il possède également la compétence d’entretien ». Jérémy Caussade compte s’appuyer sur l’expérience du collectionneur suisse.
© Collection Airbus, cliché SNCAM, Archives départementales de Haute-Garonne
Le chasseur Dewoitine D551 est extrapolé de l’avion de course D550. D’une masse maximale au décollage de 1,7 tonnes, il développait 1.000 ch. Sur le papier, il pouvait atteindre la vitesse de 650 km/h. L’armistice, signé le 10 juin 1940, a empêché de vérifier ces performances. Le prototype était prêt pour le premier vol. Dans les faits, deux prototypes avaient été construits en même temps. Une dizaine d’appareils de présérie était en cours de réalisation. Un D551 est resté en exposition statique jusqu’en 1950 avant d’être détruit.
© Replic'Air
Pour Jérémy Caussade, il s’agit de reprendre le programme, là où les ingénieurs de Dewoitine ont été contraints de l’abandonner. Intellectuellement, le défi est évidemment passionnant. Achever un travail resté trois quarts de siècle en sommeil est un incroyable pied de nez à l’histoire. L’objectif est de faire voler le nouveau D551 en juin 2017 au plus tard. La construction devrait débuter en 2015. Réplic’Air a lancé la recherche d’un moteur Hispano-Suiza 12Y51. Si vous en possédez un dans votre grenier, faites-le savoir à Aerobuzz.fr qui transmettra…
Gil Roy
Source: http://www.aerobuzz.fr/spip.php?article4464