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Re: Les bombes en bois.

Nouveau messagePosté: 18 Nov 2010, 21:40
de Audie Murphy
On raconte que des soldats en manque de chaleur humaine auraient déclaré: «Contrairement aux bombes, nous ne sommes pas faits en bois...» :!: Je connais la sortie :arrow:

Re: Les bombes en bois.

Nouveau messagePosté: 28 Avr 2012, 11:26
de Aviantic
Aldebert a écrit:
juin1944 a écrit:Juste une petite précision qui me semble avoir son importance : ces bombes en bois ont existé, avec une certitude absolue. Lorsque je lis que les alliés n'avaient aucune connaissance des aérodromes factices allemands, comment ont ils fait pour bombarder celui de Carpiquet (ou se trouvaient justement des avions factices construits par des artisans Caennais) avec des bombes en bois et ce au cours du mois de juin 1944 ? Ce serait quand même un sacré concours de circonstances. Au moins l'un de ces projectiles a été récupéré et nous est parvenu, j'ai même eu l'occasion de le voir chez un collectionneur dont la bonne foi est reconnue dans les arcanes locales.

Zut...! Je n'ai pas remarqué la contribution de Juin44.



Au sujet des bombes en bois.

Il est sans doute vraisemblable (et vrai) que les anglais aient largué des bombes en bois sur des terrains factices tracés dans la campagne sans défense autour (cela correspond à leur forme d'humour). Des photos mises sur ce forum sont là pour le prouver. Mais en aucun cas sur un aérodrome militaire dument répertorié et objectif des alliés préparant Overlord. Il y eut, certes, sur le terrain de Carpiquet des avions en bois fabriqués par la menuiserie Doré (emplacement actuel du Conservatoire régional de Musique) av. Albert Sorel à Caen, mais en aucun cas les alliés se sont amusés à savoir s'ils étaient réels ou pas. Il fallait annihiler les installations militaires et Carpiquet en était une avec ses postes de DCA et tout l'arsenal militaire de défense. Un pilote et un équipage, un avion, c'était extrêmement précieux en ce temps là et il est totalement exclu de penser que l'Etat-major allié puisse autoriser des chefs d'unité à se livrer à ce genre de plaisanterie
Maintenant il ne faut pas oublier que si les avions de combat allemands avaient déserté les lieux depuis l'automne 43, il restait (je parle pour Carpiquet, mais c'es également valable pour maupertus et Lessay) à Carpiquet une école de pilotage (sans avion) et d'entraînement au bombardement qui utilisait quelques avions obsolètes ou plus "bons de guerre" (Ju 88 premières versions) et s'entraînait au largage des bombes avec des projectiles factices. De nombreuses bombes en ciment ont été retrouvées autour du terrain et j'en ai vu personnellement il n'y a pas si longtemps (1994) chez un maraîcher riverain du terrain.
Certains dirent que c'étaient des bombes anglaises destinées à caser le béton de la piste. Pourquoi, alors, ces bombes ont elles la forme d'une bombe allemande et les mêmes empennages ? je n'ai vu, ni entendu un témoin disant qu'il y eut des bombes en bois à Carpiquet mais pourquoi pas pourvu que ce soit des bombes d'exercice allemande. Par contre j'ai lu le témoignage d'un ancien soldat de la Luftwaffe en poste à Carpiquet (mécanicien à la Lufthansa après la guerre) qui confirme bien que les allemands utilisaient des bombes factices en ciment pour les entraînements (qu'ils ne larguaient pas bien sûr sur la piste).
En ce qui concerne les collectionneurs qui prétendent détenir des objets dont ils connaissent exactement la provenance, il faut se méfier car, pour avoir été très longtemps un collectionneur, je peux dire qu'on se fait très facilement abuser. De mon expérience, je pourrais développer des centaines d'anecdotes prouvant le peu de fiabilité de ce monde (même des musées se font abuser). Mais ce serait trop long à exposer ici. Juste un exemple : je porte parfois un blouson A2 qui paraît absolument authentique (aspect, cuir de cheval, pressions au col, marquages interieurs, étiquettes, doublure, même les stencils à l'encre y sont) et pourtant sa fabrication date des années 80....Comment on peut se rendre compte de la supercherie ? tout simplement en regardant son état par rapport à ceux d'origine. Le cuir est une matière vivante et comme tout ce qui est vivant, il y a une naissance et une mort....

Re: Les bombes en bois.

Nouveau messagePosté: 01 Mai 2012, 17:49
de mermoz07
Bonjour à tous,
Les Allemands utilisaient pour leurs exercices d'entrainement des bombes en béton. Les anglais avaient des bombes en bois dont l'ogive était en bois massif avec une petite pointe métallique, le corps du projectile était en bois lamellé collé et contenait du sable. A l'arrière l'empennage était en métal avec un dispositif fumigène. Les américains utilisaient quand à eux des bombinettes en bois de deux modèles (33cm et 50 cm) qui contenaient également un dispositif fumigène. L'ogive était en acier et les ailerons en laiton. Il est clair qu'il n'y a jamais eu de missions commandées de largage de bombes en bois sur des leurres allemands. Par contre de très nombreux témoignages (d'employés de terrains, de résistants, de pilotes alliés ET d'Allemands!) rapportent qu'à l'occasion d'une mission d'attaque sur des cibles actives (avec des bombes bien en fer celles-là) lors du survol des aires fictives (batteries, aérodromes, usines...) qui elles n'étaient jamais protégées par la Flak (et pour cause) des bombes en bois étaient larguées "au passage"...
Amitiés à tous les passionnés
PA Courouble

Re: Les bombes en bois.

Nouveau messagePosté: 01 Mai 2012, 19:16
de Tri martolod
Bonsoir,

Il me semble que les bombes en bois ou en béton étaient destinées à l'entrainement des pilotes, béton ou bois plus lest de sable permettant d'obtenir un poids identique aux bombes réelles.

A+,

Pierre

Re: Les bombes en bois.

Nouveau messagePosté: 01 Mai 2012, 19:27
de brehon
Bonjour,
mermoz07 a écrit:Il est clair qu'il n'y a jamais eu de missions commandées de largage de bombes en bois sur des leurres allemands. Par contre de très nombreux témoignages (d'employés de terrains, de résistants, de pilotes alliés ET d'Allemands!) rapportent qu'à l'occasion d'une mission d'attaque sur des cibles actives (avec des bombes bien en fer celles-là) lors du survol des aires fictives (batteries, aérodromes, usines...) qui elles n'étaient jamais protégées par la Flak (et pour cause) des bombes en bois étaient larguées "au passage"...
Un peu étonnant!! Il fallait bien que ces bombes soient chargées avant la mission, et forcément à la place de bombes réelles. Ou, si la mission ne nécessitait pas un chargement complet (?), au détriment du poids de l'appareil. Ces bombes d'exercice n'étaient quand même pas embarquées en douce?

Re: Les bombes en bois.

Nouveau messagePosté: 01 Mai 2012, 20:43
de Aviantic
un chargement de bombes n'était pas fait par de joyeux lurons en goguette et en mal de plaisanteries. Il y avait dans toutes les unités des équipes d'armuriers qui étaient tous (ou la plupart) des appelés du contingent soumis à une discipline rigoureuse (que celui qui a fait son service militaire dans un service militaire vienne me dire le contraire) et je ne connais pas de témoignages de pilotes qui pour je ne sais quelle gloriole ou esprit rigolard auraient accepté de mettre leur vie en danger pour larguer des bombes en bois, surtout que de l'autre côté ils n'envoyaient des obus de flak en bois ! je pense, pour avoir lu maints témoignages, que si cette coutume avait eu lieu, c'était digne de la cour martiale; Quant à mélanger des bombes d'exercice avec des vraies, il faut savoir que tous ces lots étaient répertoriés et scrupuleusement noté par l'administration des unités.et si cela s'est fait ce ne peut être que des cas (très, très isolés) dont je ne retrouve aucune trace de témoignages. Si, par hasard, j'en trouvais (d'époque) je n'hésiterais pas à faire mon mea culpa

Re: Les bombes en bois.

Nouveau messagePosté: 01 Mai 2012, 21:37
de Aviantic
Heu… j'ai fait mon service militaire dans un service militaire (sic…), et la discipline rigoureuse ne l'était pas toujours.
Bon, de là à charger des munitions en bois… il faut quand même rappeler que certaines actions consistaient à aller lâcher des bombes de papier, communément appelées tracts !
Le jour où on lira le récit d'un pilote qui reconnaitra l'avoir fait… ça changera la donne ?

Cdt,
Tienno[/quote]

Nous l'avons donc pas fait dans la même arme... De plus, c'était en temps de guerre. Quant au largage de bombes en papier (Leaflet) les war diaries des unités en regorgent. Jeter des tracts est une mission hautement recommandée (démoralisation de l'ennemi et surtout des populations civiles). je ne pense pas que lancer des bombes en bois sur l'adversaire eût été une action démoralisatrice bien au contraire. Lire sur un papier que c'est foutu pour eux et qu'ils seront bientôt vaincus, c'est autre chose : la preuve c'était "Streng Verboten" de les lire et assimilable à une action de résistance.

Re: Les bombes en bois.

Nouveau messagePosté: 01 Mai 2012, 22:07
de Aldebert
Bonsoir,
Comme le souligne pertinemment Brehon, si des bombes en bois ont été larguées (mêmes rarement) elles ont forcément été chargées à dessein. Un dessein, animé ;) par le souci de se moquer des allemands.
Notre ami aviatic ne peut pas, ne doit pas être aussi affirmatif. Pour l'instant sans témoignage nous supputons et nous continuons nous renseigner.
Il est possible d'ailleurs qu'une bombe en bois ait pu être lancée à partir d'un avion léger du genre chasseur, ce qui pourrait expliquer l'indépendance qu'aurait pu avoir le pilote par rapport à sa hiérarchie pour rigoler un bon coup.
Cordialement
Albert

Re: Les bombes en bois.

Nouveau messagePosté: 01 Mai 2012, 23:21
de mermoz07
Salut à tous,

Il y a eu souvent des largages isolés de bombes fumigènes en bois (de conception américaine) par des avions de reconnaissances et d'appui au sol. La chose est désormais prouvée sur plusieurs sites, dans le Pas-de-Calais et en Normandie notamment. C'est d'ailleurs l'une de ces bombes qui est exposée au musée de Sainte-Mère Eglise.

Je reviens de Bayeux où j'ai pu filmer le témoignage du Dr Jean-Pierre Benamou qui rapporte précisément celui d'un canadien qui menait des opérations de guerre psychologique pour le compte du SOE. Parmi celles-ci, il y avait le largage de tracts ET au passage de woodenbombs sur des leurres allemands. Je mettrai prochainement sur Youtube son témoignage (faut que je trouve le temps).

Il n'y avait pratiquement aucune défense antiaérienne sur les sites leurres allemands, surtout à partir de 42-43. Le risque était donc nul pour les Alliés. Par contre, pour avoir rencontré et filmé de nombreux témoins de cette affaire (dont des Allemands), je puis vous dire que l'impact psychologique sur l'ennemi ainsi qu'auprès des populations occupées, était immédiat et très efficace.

Concernant le côté discipline militaire des pilotes qui avaient pour la plupart à peine 20 ans, je vous laisse méditer une dernière anecdote, particulièrement savoureuse, qui bénéficie cette fois de preuves photographiques et même d’un film vidéo qui avait été réalisé en vol lors du largage d’une étrange « bombe ». En octobre 1965, en pleine guerre du Vietnam, le pilote Clarence W. Stoddard, va procéder aux commandes d’un Skyraider, au largage d’une bombe spéciale sur une cible du Vietnam du Nord en commémoration de la six millionième livre d’explosif larguée sur l’ennemi. Cette bombe était unique en son genre puisqu’il s’agissait... d’une cuvette de WC!

Le capitaine Clint Johnson, qui effectua le vol en compagnie de Stoddard raconta ensuite comment son ailier, le lieutenant Robin Bacon avait filmé le largage en vol et comment « l’opération » avait été menée.
« Le commandant Clarence W. Stoddard volait sur un A-1H Skyraider, le n° 572 "Tigre de papier II" de la VA-25 qui était embarqué sur le porte-avions USS Midway. La mission consistait en une attaque au sol dans la région du delta. Quand on arriva sur l’objectif, Stoddard donna lecture au service d’appui aérien au sol de la liste des munitions qui allaient être larguées. Il termina sa liste par « et un nom de code Sani-flush (sanitaire-chasse d’eau) ».
L’appui aérien n’y croyait pas et sortit pour le voir. Le largage s’effectua à l’occasion d’une plongée de l’appareil alors que le lieutenant Bacon le suivait en formation serrée pour bien filmer la scène. Quand le WC se détacha, il se retourna face au vent et faillit frapper l’avion. L’appui au sol signala qu’il siffla tout au long de sa chute.

« La cuvette de toilette était une cuvette endommagée qui devait être jetée à la mer. Un de nos pilotes l’avait récupérée et des armuriers avaient confectionné un support pour le fixer sur le rack. Lorsque l’avion roula doucement jusqu’à la catapulte, nos contrôleurs s’arrangèrent pour masquer le champ de vision du patron (de l’escadrille) et du capitaine (du navire). Juste au moment où l’appareil fut catapulté, un message nous fut transmis du pont : « Par tous les diables ! Qu’est ce que le 572 a sous son aile droite ?! » Il y eut de nombreux éclats de rire avec les services de renseignements à propos de cette bombe bactériologique ! »

Il est heureux que cette audacieuse opération ait pu être immortalisée par des photos et un film car quarante ans plus tard, il se serait trouvé des spécialistes de l’aéronautique pour qualifier l’anecdote de techniquement impossible, militairement impensable et moralement injustifiable.

Ce témoignage merveilleux est d’une grande richesse d’enseignements pour le sujet des bombes en bois. Il nous enseigne quatre choses importantes qui pourront tenir lieu de morale en guise de conclusion.

Une morale digne de La Fontaine:

1/ Pendant la guerre, alors qu’il risque sa vie quotidiennement, un pilote peut avoir recours à l’humour comme exutoire lors d’une opération commandée.

2/ Par moquerie de l’adversaire, de la mort ou de la guerre tout court, ce pilote peut prendre une initiative risquée avec comme unique ressort : le goût du défi.

3/ Dans le cadre d’une mission militaire officielle, ce même pilote peut mener une action parallèle incongrue et interdite, et ce à l’insu complet de sa hiérarchie.

4/ Celui qui racontera plus tard avoir reçu sur la tête une cuvette de WC passera toujours pour un fou…

Il s’est passé plus de chose dans l’histoire que ne peuvent l’imaginer les historiens et même les romanciers. Les hommes aiment la vérité lorsqu’elle sert l’histoire mais ils lui préfèrent souvent la légende lorsqu’elle sert la vie. Est-il dès lors étonnant que des pilotes aient eu la tentation d’écrire l’histoire aux portes de la légende ?

Cordialement

PA Courouble

Re: Les bombes en bois.

Nouveau messagePosté: 01 Mai 2012, 23:29
de dynamo
E X C E L L E N T E ! l'histoire du sani-flush ::alatienne::