Voici ce qu'en dit P Closterman
Extrait :
Alexandre Jaeg 3GMD 2004 -05
Projet Personnel en Humanités
Sur les traces du livre du Grand Cirque,
Rencontre avec un Français Libre
-Vous savez, un combat dure quelques secondes. Les gens ne se rendent pas compte. (...) Cela se passe très vite, toujours (de manière) inattendue. Cela demande une attention permanente.
Cela peut arriver d’une fraction de seconde à l’autre et cela pendant des jours et des jours et des semaines. Il pouvait se passer un semaine sans qu’il ne se passe rien et le lundi d’après on se retrouve dans ... un cafouillis. Il ne faut pas oublier que les avions se croisaient à des vitesses cumulées de plus de mille kilomètres à l’heure. Ca fait très vite ! Ca n’en a pas l’air mais cela demande des réflexes très étudies, enfin façon de parler. Il faut beaucoup de chance.
J’en ai eu (une) énorme. J’ai eu énormément de chance pendant cette guerre, d’en sortir vivant. J’ai juste attrapé cette balle dans la jambe, et... c’est tout ! Alors vous vous rendez compte. Presque trois ans de combat aérien sans rien. C’est inexplicable. (...)
- Mais que ressentiez vous quand vous rentriez de mission ? Vous étiez fatigués, las ?
- Oui, épuisé !
- Moralement ?
- Nerveusement. c’est nerveux, tout est nerveux.
Tout passait par les réflexes. On finissait par ne plus réfléchir. On n’arrivais pas à réfléchir assez vite. Les nerfs réagissaient plus vite que le raisonnement.
-Quand vous partiez, Aviez vous une certaine assurance ? Voyez vous ça comme une fatalité ?
-Un de mes camarades, le général Andrieu(...), disait : « Le pire dans la guillotine, c’est la veille... ». Comprenez, il n’avait pas tort.
Quand on rentrait, on était là : « Ah m... il faute recommencer demain matin .
Que diable suis je venu foutre dans cette ...».
Et oui après, on prenait une douche, on allait au mess, on buvait une bière, on racontait les grands coups aux camarades. On retombait dans un univers normal.
Tant que nous opérions depuis l’Angleterre, avant le débarquement de Normandie, le soir, on se retrouvait dans une vie normale.
Comme nous étions les seuls à faire la guerre, nous nous retrouvions dans un univers de gens qui travaillaient dans les usines, qui travaillaient dans les bureau, qui étaient dans l’armée, en uniforme qui était là comme... le héron de Buzzati.
Tous ces gens qui allaient au restaurant, au cinéma ou boire un verre le soir... Nous nous retrouvions au milieu de ces gens là.
C’était une douche écossaise terrible.
Se retrouver dans un univers normal après avoir été dans un univers de fou pendant une heure ou deux, c’était ce qui était le plus dur pour le système nerveux et pour la fatigue.