Post Numéro: 13 de Tex Hill 02 Avr 2008, 02:40
Puisque qu'on parle de Galland et de "Meier", voici un extrait tiré du livre d’Albert Speer « Au Cœur du Troisième Reich », Librairie Arthème Fayard, Paris 1971. Cet extrait est également reproduit dans "Les Premiers et les Derniers".
A la même époque, je (Speer) fus témoin d’une scène orageuse entre Göring et Galland, le général de la chasse allemande. Ce jour-là, Galland avait annoncé à Hitler que plusieurs chasseurs américains, qui escortaient des formations de bombardiers, avaient été abattus non loin d’Aix-la-Chapelle. Il avait ajouté qu’à son avis nous allions être exposés à un grave danger si les Américains réussissaient dans un avenir proche à doter leurs avions de chasse de réservoirs supplémentaires plus grands : la chasse américaine pourrait alors escorter les formations de bombardiers beaucoup plus loin à l’intérieur du territoire allemand. Göring, à qui Hitler avait fait part des inquiétudes de Galland, se disposait à partir pour la lande de Rominten. Au moment où il allait monter dans son train spécial, Galland arriva pour prendre congé de lui :
- "Qu’est-ce qui vous prend", lui demanda Göring d’un ton hargneux, "de raconter au Führer que des chasseurs américains ont survolé le territoire du Reich ?"
- "Monsieur le Reichsmarschall, bientôt ils iront encore plus loin", répliqua Galland, parfaitement calme.
Göring s’emporta : "Enfin, Galland, ça n’a pas de sens, comment pouvez-vous raconter de pareilles inventions, c’est une histoire à dormir debout !"
Galland hocha la tête : "C’est la réalité, Monsieur le Reichsmarschall." Avec sa casquette légèrement inclinée, son long cigare entre les dents, il avait une attitude volontairement désinvolte : "Des chasseurs américains ont été abattus près d’Aix-la-Chapelle. Cela ne fait aucun doute !"
Göring, obstiné, ne voulait pas céder : "Ce n’est pas vrai, Galland, c’est tout bonnement impossible."
Galland rétorqua avec une pointe d’ironie : "Vous pouvez toujours faire faire des recherches pour savoir si des chasseurs américains ne sont pas tombés à côté d’Aix-la-Chapelle, Monsieur le Reichsmarschall."
Göring essaya de se montrer conciliant : "Allons, Galland, dites-vous bien ceci : moi aussi je suis un pilote expérimenté. Je sais ce qui est possible et ce qui ne l’est pas. Avouez-le : vous vous êtes trompé".
Pour toute réponse Galland hocha la tête en signe de dénégation, jusqu’à ce que Göring déclare : "Il n’y a qu’une possibilité, c’est qu’ils avaient été touchés beaucoup plus loin à l’ouest. Je veux dire que s’ils volaient très haut, au moment où ils ont été touchés, ils ont pu parcourir une bonne distance en vol plané."
Impassible, Galland demanda : "Vers l’est, Monsieur le Reichsmarschall ? Moi, si je suis touché…"
Cette fois Göring usa d’autorité pour clore la discussion : "Monsieur Galland, je vous ordonne formellement d’admettre que les chasseurs américains ne sont pas arrivés jusqu’à Aix-la-Chapelle".
Le général tenta une dernière fois de le contredire : "Pourtant ils y étaient, Monsieur le Reichsmarschall."
Alors, Göring explosa : "Je vous ordonne formellement d’admettre qu’ils n’y étaient pas. Avez-vous compris ? Les chasseurs américains ne sont pas venus jusqu’à Aix-la-Chapelle, c’est compris ? Je raconterai cela au Führer !" Et Göring planta là le général Galland et partit. Il se retourna encore une fois menaçant : "C’est un ordre".
Avec un sourire inoubliable, Galland répondit : "A vos ordres, Monsieur le Reichsmarchall !"