Forum Le Monde en Guerre

Dog Red a écrit:A choisir, j'aurais aimé avoir le courage de m'opposer à l'un comme à l'autre si j'avais été italien ou allemand à cette époque.

Bien sûr, mais ça n'était pas la question...

Durant la RSI, une espèce de 'constitution' appelé Manifeste de Vérone avait été faite à la hâte durant le congrès de Vérone auquel Mussolini n'avait pas voulu assister. Un de ses points, certainement écrit par Giovanni Preziosi, stipulait que les juifs étaient considérés comme étrangers et donc ennemis. Preziosi avait été un des plus fervents signataire du Manifeste de la race. Antisémite obsessionnel il était détesté même par les autres fascistes (sauf Farinacci et Pavolini), il se donna la mort avec sa femme en se jetant d'un immeuble de Milan à la fin de la guerre.

La biographie de G. Preziosi souligne le caractère exceptionnel de son antisémitisme au sein du fascisme italien.

http://it.wikipedia.org/wiki/Giovanni_Preziosi

Il a été Inspecteur pour la Démographie et la Race de la République de Salò, avec un programme très radical ; mais apparemment, de façon très italienne, ses opposants politiques
avaient réussi à le neutraliser par diverses manoeuvres et combinaisons .....

iffig a écrit:Bruno Roy-Henry a écrit :

Nazisme modéré ou pas, c'est du fascisme, n'est-ce pas ?

C'est précisément la thèse que je trouve fausse.
Pour moi, il y a entre nazisme et fascisme une différence non pas de degré, mais de nature.

Ne trouves-tu pas que, dans un premier temps (celui de la montée au pouvoir jusqu'aux lois raciales), la part nationaliste du nazisme ne lui confère-t-elle pas un aspect fasciste (à dessein ou pas forcément?) avant de révéler de plus en plus ouvertement son caractère purement raciste ?

Je pense que cette évolution dans les formes, de la république de Weimar jusqu'aux lois raciales, n'entretienne confusion entre fascisme et nazisme ?

La plupart des dictatures (comme on disait à l'époque) des années 20 et 30 étaient nationalistes (même le tranquille Portugal ....).

C'est une des raisons qui entretiennent la confusion entre nazisme et fascisme, tu as raison, mais probablement pas la seule.
Je pense à : économie dirigée, parti unique, élimination physique ou politique des opposants , contrôle de la presse, mainmise sur les syndicats, embrigadement de la jeunesse, etc.

Le fascisme est un totalitarisme au service de la bourgeoisie. Pas d'opposition, pas d'organisation concurrente au parti unique. Toutefois, dans le cas italien, la monarchie est respectée en apparence, ainsi que l'Eglise.

Le nazisme se sert de la bourgeoisie, mais s'en défait très vite. La monarchie n'est pas rétablie et l'Eglise (voire les églises) est comprimée pour ne pas dire persécutée. La finalité, c'est la suprématie des Aryens (ou prétendus tels). Les juifs étant censés y faire obstacle, il convient de les éliminer purement et simplement. C'est ce qui fait la spécificité du nazisme.

Oui, ça c'est une approche intéressante.
Quelles sont les forces sociales derrière ces mouvements ?

Guérin, auquel j'ai fait allusion, était très clair (et très simpliste !) :

SA = expression politique des petits industriels et des artisans.
SS= expression politiques de la grande industrie ....

C'est sûrement un peu plus compliqué.

Cette dyarchie Roi/président du conseil reposait sur le respect de la Constitution qui a pu rendre possible les événements du 25 juillet 1943 et la destitution de Mussolini.

Pour une meilleure compréhension, j'avais décris les rouages de la mécanique qui avait enclenché la destitution de Mussolini par le roi Victor-Emmanuel III dans Histomag 85 (les 45 jours de Badoglio 1ere partie : la conspiration), je reprends très brièvement:
Dino Grandi, hiérarque fasciste avec Bottai et Federzoni entreprennent de remettre le commandement des armées au roi, pour cela il faut réunir le Grand Conseil Fasciste. Pour que la motion soit adoptée, il faut que le vote soit majoritaire, d'autres fascistes y apposent la signature comme Ciano.
Constitutionnellement, le vote est nul car le Grand Conseil n'a qu'un rôle consultatif. Mussolini connait le contenu de la motion, il peut envoyer la Milice et faire arrêter les conspirateurs, il préfèrera les affronter lors des débats du 24/25 juillet 1943. Grandi est conscient que politiquement, lui et ses complices sont 'morts' politiquement, mais anglophile, grâce à son réseau de connaissances, il espère faire sortir l'Italie de la guerre dignement.
Comme on le sait, la motion est adoptée, Mussolini doit en parler au roi. C'est ce qu'attendait Victor Emmanuel III, un prétexte pour le destituer. Le duce se présente à Villa Savoia où le roi lui apprend sa destitution et la nomination de Badoglio.
En sortant, il est arrêté sur le perron par des carabinieri fidèles au roi et envoyé dans une caserne de carabinieri avant son transfert sur l'ile de Ponza.

Voilà schématiquement comment se sont déroulés les évènements, il ya double conspiration : les hiérarques d'un côté, de l'autre les militaires et royalistes.
A aucun moment, le roi compte faire appel aux antifascistes d'avant-guerre.