Forum Le Monde en Guerre

Le fascisme exalte le culte de la nation, le nazisme le culte de la race.
Le franquisme n'est pas fasciste, Franco ne s'appuie pas sur les masses pour gouverner mais sur l'armée; la bourgeoisie et l'Eglise.

Donc la différence de fond entre ces 2 dictatures serait l'une qui met la patrie en avant et l'autre la race? Car dans la manière de gouverner, il n'y a pas de grosses différences. Pas de parlement, pas d'opposition, pas de syndicat, belle police d'état et petits meurtres entre amis...

Dans la manière de gouverner, il n'y a pas de grosses différences car nazisme et fascisme sont tous deux totalitaires.

A l'opposé du spectre idéologique, le stalinisme emploie les mêmes méthodes d’exaltation du peuple (de la nation) et de la personnalité par le chef unique d'un parti unique sans parlement démocratique, sans opposition avec police d'état, système concentrationnaire des opposants et petits meurtres entre amis. Le stalinisme est tout aussi totalitaire sans être ni fasciste et ni nazi.

Bonjour,

Alfa1965 a parlé de nation, pas de patrie et ce n'est pas tout à fait la même chose.

* Je pense que, peut-être, il aurait été plus éclairant de poser la question sous la forme : "Quelle est la différence entre le nazisme et les fascismes ?".
En effet, il y a eu qu'un seul nazisme, allemand et clairement organisé idéologiquement autour de la notion de race.
En revanche, il y a eu différentes sortes de régimes autoritaires : franquisme, salazarisme, etc. dont certaines sont très proches du fascisme.
Le franquisme des années qui ont suivi la GCE était à peu près indiscernable du fascisme à l'italienne, avec des organisations de jeunesse, un syndicat unique, etc. Mais le franquisme a duré bien plus longtemps que les autres régimes (et en outre l'Espagne a adhéré à l'OTAN en 1953 !) de telle sorte que le régime a de plus en plus évolué vers une dictature au sens "banal" du terme. Nous parlons de réalités susceptibles d'évoluer, pas d'essences intemporelles. Donc il vaut mieux chercher des ressemblances de famille plutôt que des caractéristiques invariables.

* Quant au nazisme lui-même, il a certainement évolué aussi ; je me souviens avoir lu, du temps lointain de mes études le livre de Daniel Guérin intitulé "Fascisme et grand capital". Il interprétait, de façon assez convaincante, l'élimination politique (et physique dans certains cas) des dirigeants de la SA comme le remplacement d'une composante prolétarienne ("plébéienne" selon ses propres termes ; c'était un peu ridicule en un sens ; Guérin réservait le terme "prolétaire" aux travailleurs conscients et organisés, mais c'était aussi une façon intéressante d'identifier ce que nous appellerions aujourd'hui le populisme ) du NSDAP par une composante petite bourgeoise (bien qu'anarchiste, il était un peu mécanique dans son usage de telles catégories !).

* Enfin je pense qu'il faut distinguer : parlons nous d'idéologie ou de pratiques (organisation de la société, politique étrangère, traitement des opposants, etc.) ?

iffig a écrit:* Enfin je pense qu'il faut distinguer : parlons nous d'idéologie ou de pratiques (organisation de la société, politique étrangère, traitement des opposants, etc.) ?

La question est complexe et le distinguo que tu proposes est dès lors utile pour cerner les différences et ne pas s'égarer dans les similitudes.

Grosso modo, mais bien sûr il faut affiner, les pratiques de régimes autoritaires tendent à se ressembler, pas forcément leur idéologie.

Par ailleurs, le concept de "totalitarisme" a lui-même bougé :

- pendant la guerre froide, il était marqué à droite (ceux qui l'utilisaient tendaient à assimiler fascisme et communisme au motif que les deux régimes allaient dans le sens d'une mobilisation de la société dans sa totalité).
- au tournant des années 80, il est redevenu fréquentable (L'affaire des Boat People vietnamiens a ouvert les yeux de certains naïfs et Raymond Aron est redevenu un nice guy).
- aujourd'hui, la plupart des politistes l'utilisent avec des pincettes (au motif qu'il n'est pas capable de saisir les différences dans leurs grain fin).

Les notions ou les concepts pour penser l'histoire ont eux-mêmes leur histoire !

Dans les "grandes démocraties" en ...isme, il y a aussi le Maoïsme...mais là on s'écarte du sujet initial...

Oui, on s'écarte ...
En plus, les maoïstes chinois n'ont jamais prétendu promouvoir une "grande démocratie" (même entre guillemets-pincettes) mais une "nouvelle démocratie" (guillemets pour indiquer que c'est le terme employé par eux, ou du moins la traduction admise). C'est la théorie du bloc des quatre classes autour du parti communiste : ouvriers, paysans, petits bourgeois (artisans et petits commerçants) et bourgeois patriotes. Il s'agissait de passer directement du féodalisme à la dictature du prolétariat puis au socialisme (ce qui rattache les maoïstes chinois au marxisme-léninisme) . Bien entendu, ce n'est pas une démocratie du tout selon des critères minimalement raisonnables .....

D'où mes guillemets... mais revenons dans l'Europe des années 40.

Pas seulement l'Europe, au demeurant : le justicialisme de Juan Perón en Argentine comporte des éléments nationalistes et populistes qui l'apparentent aux fascismes.