Post Numéro: 9 de pierma 05 Mai 2014, 15:56
alfa1965 a écrit:Il aurait pu s'auto-proclamer maréchal pour être au-dessus (il l'était au sens propre déjà) de ses généraux, comme l'avaient fait Staline et Tito.
Non, pour De Gaulle sa mission à partir du 18 juin est d'ordre politique : restaurer la souveraineté française. Bien sûr ça passe aussi par les armes, mais pour lui (et pour la république) le gouvernement - fût-il provisoire - a la primauté sur le militaire : les militaires doivent obéissance au gouvernement. Son propre grade n'a donc aucune importance : il n'est pas le générallissime de la France Libre, il en est la direction politique. (appuyé dès que ce sera possible par une assemblée représentative - autant que possible vu les circonstances - et un gouvernement civil. (qui prend au début la forme d'un Comité Français de Libération Nationale, dont les ministres s'appellent des commissaires, jusqu'à ce que l'ensemble se désigne comme GPRF, gouvernement provisoire de la République, à la veille du débarquement.)
Se coiffer d'un képi de maréchal aurait été ridicule -prétentieux d'une part, et donnant une impression de concurrence de grade avec Pétain, d'autre part - mais surtout aurait pu donner aux Français comme aux alliés l'impression qu'il visait le pouvoir personnel. Or ce qui a porté De Gaulle du début à la fin est la légitimité de son entreprise : rétablir une république française souveraine. Aurait-il eu un autre projet politique qu'il n'aurait pas obtenu le soutien officiel de la Résistance, des partis et des personnalités politiques républicaines, sans parler de ses démêlées avec les alliés, qui ont déjà été bien laborieuses.
Non, De Gaulle a su éviter cet écueil, y compris après son départ du pouvoir en 46 : à la question posée par Edmond Michelet, ministre des armées du gouvernement, il a répondu que la seule solution sensée et sans ridicule consistait à laisser les choses en l'état. De mémoire :" L'histoire se chargera de régler le problème, si tant est qu'il y en ait un." Il est donc resté inscrit sur les rôles comme général à titre - éternellement - provisoire, et donc le titre de général n'étant pas officialisé selon l'usage par le journal officiel, il touchait une retraite de colonel, son seul grade officiel.