Bonjour !
Le 39e RI était une unité de la 5e division d'infanterie motorisée (5e DIM), ce qui est différent d'une division blindée. Elle ne possède pas d'unité de chars organiques, mais des chars peuvent lui être affectés (comme à une autre division d'infanterie) temporairement par un échelon supérieur (corps d'armée, armée...). Mais la 5e DIM a été attaquée par la 5e division blindée allemande (5. Panzer-Division, von Hartlieb), peut-être avez vous confondu avec ça ? Le 39e RI a également été attaquée par la 7e division blindée (7. PzD, Rommel).
Le 39e RI est un régiment d'infanterie : il ne possède donc que des armes d'infanterie. Pour faire simple (j'espère) le mélange des unités de différentes armes (infanterie, chars, artillerie...) se passe en général à cet époque là au niveau de la division. La division les combine alors sur le terrain. Si la 5e DIM ne possédait pas de chars, elles avaient effectivement des automitrailleuses (le 1er GRDI = groupe de reconnaissance de division d'infanterie).
Comme expliqué dans le post précédent pour la motorisation du régiment il s'agit de véhicules non pas pour se déplacer au combat mais seulement à l'arrière du front (à noter que les DIM ne sont pas entièrement motorisés, mais en grande partie). La division d'infanterie motorisée pour l'armée française de 1940 n'avait donc pas beaucoup plus d'intérêt sur le plan tactique qu'une division d'infanterie normale, la doctrine française de l'époque étant la défense statique (« sans esprit de recul »), si offensive il devait y avoir elle devait être méthodique, avec une certaine lenteur donc la vitesse dé déplacement au combat n'avait pas beaucoup d'intérêt.
En revanche, comme la DIM est rapide elle peut se porter rapidement si elle est gardée en arrière du front vers un secteur menacé de ce dernier, ou alors en avant de l'ennemi lorsque le front n'a pas encore été créé, pour le mettre en place justement. Le plan Dyle-Breda qu'applique les Franco-Britanniques en 1940 prévoit qu'en cas d'invasion de la Belgique par les Allemands on se porte sur une ligne qui repose notamment sur la Meuse au sud de Namur (et comprend donc Dinant) où doit être établi le front qui devra arrêter les Allemands. Pour réaliser cette mission on a besoin d'aller vite sachant que les Allemands tenteront sûrement d'arriver rapidement sur cette ligne. Les divisions motorisées de l'armée française sont donc en grande partie engagées dans cette mission en Belgique. C'est ainsi le cas de la 5e DIM. Le Haut commandement français craignait effectivement que les Allemands attaquent au sud de Namur, et menacent à revers la position de Gembloux - Dyle plus au nord, un plan allemand tombé entre leurs mains en janvier 1940 (voir sur Wikipédia : incident de Mechelen) allait dans ce sens. La 5e DIM devait entrer en Belgique dès que les Allemands l'envahissent (la Belgique étant neutre, on ne pouvait qu'y entrer après que les Allemands l'attaquent) et défendre la Meuse entre Namur et l'écluse de Houx, un peu au nord de Dinant.
Néanmoins en mai 40 l'attaque se fit un peu plus au sud que prévu, bien plus forte que prévu, et visait d'autres objectifs. Si la 5e DIM était à peu près en place, ce n'était pas le cas de sa voisine au sud, la 22e DI, qui elle n'était pas motorisée et avait à se déplacer, même si c'était sur une moins grande distance... les Français pensaient avoir le temps. Les Allemands misaient sur ça pour la réussite de leur offensive en général et contre la Meuse en particulier : attaquer bien avant que les Français ne s'y attendaient, sans qu'ils aient pu mettre le dispositif en place. Ainsi je le disais, la 22e DI n'était pas bien en place et c'est ainsi il me semble (je ne suis plus très sûr) qu'une partie du 39e RI (le II/39e RI : IIe bataillon du régiment) s'est vu alors affecter une position de la 22e DI (au sud de l'écluse de Houx) en attendant sa mise en place puisque les Allemands approchaient alors rapidement. Bref, gros cafouillage au moment de l'attaque allemande. Je pense que vous avez une idée de la suite...
Comme vous devez vous en douter je m'intéresse pas mal à cet épisode et si vous avez des détails ou mieux encore un témoignage sur ce qui c'est passé pour votre grand père je suis amateur
.
Concernant « la 75eme » je ne vois pas trop, il faudrait voir. Il n'y avait pas de 75e compagnie au 39e RI (je ne sais pas combien exactement, mais quelque chose comme une grosse dizaine je pense : on est donc bien loin de 75). Il s'agit peut-être d'une photo antérieure au moment où votre grand père aurait été dans une autre unité.
J'espère avoir été clair, ne pas avoir fait (trop) d'erreurs et avoir pu vous donner une idée un peu du sens et du contexte de cette bataille. Cordialement,