Re: Hitler et les communistes
Posté: 16 Avr 2011, 22:54
Pour ceux qui voudraient l'avis de spécialistes concernant l'antisémitisme d'Hitler, j'avais proposé cette question à Ian Kershaw quand l'Histomag avait eu la chance de l'interviewer:
HistoMag : À partir de quand exactement pensez-vous que l'antisémitisme d'Adolf Hitler s'est transformé en haine viscérale contre le peuple juif ?
Ian Kershaw : Quand Hitler a-t-il développé sa paranoïa ? Il y a deux étapes essentielles. La première est à Vienne, nous en savons peu car nous manquons de témoins de ce moment, pas plus que nous en savons du temps des tranchées de la 1° guerre mondiale. Nous n’avons donc guère d’informations s’agissant de son antisémitisme. Mais nous savons, qu’à cette époque, il a lu de la littérature antisémite des deux personnes qu’il admirait le plus, Georg Schönerer le politicien autrichien et Karl Lueger le bourgmestre de Vienne. Tous deux connus comme fanatiques de l’antisémitisme. Hitler fût influencé par ce climat Viennois, il en fit l’expérience quotidienne en des temps lors desquels sa bonne fortune le fuyait et qu’il devenait plus ou moins un clochard. Mais, à Vienne, si mon interprétation est correcte, il est encore loin de l’Hitler que nous verrons en 1920. Ce qui le transforme, en l’Hitler que nous connaissons mieux, c’est le sort de l’Allemagne à l’issue de la guerre. De 1916 à 1918, Hitler comme beaucoup commencent à blâmer les juifs concernant le sort de la guerre, et particulièrement en 1919, lorsqu’on les accuse d’avoir perdu la guerre. La défaite, l’humiliation, la révolution sont, selon Hitler, les conséquences de leurs œuvres. Dans cette période de 1916 à 1918, Hitler commence non seulement à détester les juifs, mais à croire qu’ils sont la cause de la perte de la guerre. L’étape finale de tout cela est, lorsqu’il était au sein de l’armée, son adhésion à l’anti-bolchevisme. Les deux combinés, le conduisent à la haine de juifs, non seulement du point de vue de l’Allemagne mais les associant au Bolchevisme de Moscou et au capitalisme de Wall Street et de Londres. Pour lui l’Allemagne ne pourra être renouvelée, revitalisée que par la destruction des juifs. La conséquence est qu’Hitler pensant que la défaite de la première guerre est du fait des juifs, une autre guerre doit être menée pour défaire ça et prendre une revanche sur les gens qu’il considère être une calamité pour l’Allemagne. C’est vraiment dans cette période, 1918 - 1920, que l’antisémitisme d’Hitler devient une idéologie.
Cette entrevue est disponible dans l'Histomag #56 Octobre-Novembre 2008.
HistoMag : À partir de quand exactement pensez-vous que l'antisémitisme d'Adolf Hitler s'est transformé en haine viscérale contre le peuple juif ?
Ian Kershaw : Quand Hitler a-t-il développé sa paranoïa ? Il y a deux étapes essentielles. La première est à Vienne, nous en savons peu car nous manquons de témoins de ce moment, pas plus que nous en savons du temps des tranchées de la 1° guerre mondiale. Nous n’avons donc guère d’informations s’agissant de son antisémitisme. Mais nous savons, qu’à cette époque, il a lu de la littérature antisémite des deux personnes qu’il admirait le plus, Georg Schönerer le politicien autrichien et Karl Lueger le bourgmestre de Vienne. Tous deux connus comme fanatiques de l’antisémitisme. Hitler fût influencé par ce climat Viennois, il en fit l’expérience quotidienne en des temps lors desquels sa bonne fortune le fuyait et qu’il devenait plus ou moins un clochard. Mais, à Vienne, si mon interprétation est correcte, il est encore loin de l’Hitler que nous verrons en 1920. Ce qui le transforme, en l’Hitler que nous connaissons mieux, c’est le sort de l’Allemagne à l’issue de la guerre. De 1916 à 1918, Hitler comme beaucoup commencent à blâmer les juifs concernant le sort de la guerre, et particulièrement en 1919, lorsqu’on les accuse d’avoir perdu la guerre. La défaite, l’humiliation, la révolution sont, selon Hitler, les conséquences de leurs œuvres. Dans cette période de 1916 à 1918, Hitler commence non seulement à détester les juifs, mais à croire qu’ils sont la cause de la perte de la guerre. L’étape finale de tout cela est, lorsqu’il était au sein de l’armée, son adhésion à l’anti-bolchevisme. Les deux combinés, le conduisent à la haine de juifs, non seulement du point de vue de l’Allemagne mais les associant au Bolchevisme de Moscou et au capitalisme de Wall Street et de Londres. Pour lui l’Allemagne ne pourra être renouvelée, revitalisée que par la destruction des juifs. La conséquence est qu’Hitler pensant que la défaite de la première guerre est du fait des juifs, une autre guerre doit être menée pour défaire ça et prendre une revanche sur les gens qu’il considère être une calamité pour l’Allemagne. C’est vraiment dans cette période, 1918 - 1920, que l’antisémitisme d’Hitler devient une idéologie.
Cette entrevue est disponible dans l'Histomag #56 Octobre-Novembre 2008.