Post Numéro: 5 de Daniel Laurent 08 Sep 2010, 06:22
Bonjour,
Une citation :
Munich ou la drole de Paix, Henri Nogueres, Rober Laffont, 1963, page 397
Les Tchécoslovaques, de leur côté, représentaient, en Europe centrale, une force militaire appréciable. C'est encore Daladier qui a pris la responsabilité de cette évaluation :
« L'Armée tchèque mobilisée représentait une force sérieuse, bien équipée, et bien encadrée, de 35 divisions. Ses fortifications étaient en partie tournées par l'annexion de l'Autriche. Mais la résistance tchèque était estimée, malgré cela, par le 2e bureau, au moins à un mois, « à condition qu'elle ne soit aux prises qu'avec la seule Allemagne. »
Les dispositions nécessaires avaient été prises, d'ailleurs, aussitôt après l'Anschluss, pour remanier le dispositif tchécoslovaque en tenant compte de cette situation nouvelle.
« La densité des forces tchécoslovaques, note le général Fau¬cher, était plus forte en Slovaquie qu'en Bohême, même en temps de paix. I1 est bien certain que tout en n'abandonnant pas la Bohême, on prenait bien garde de ne pas s'y laisser encercler. D'ailleurs, les fortifications très importantes, très solides, du nord de la Moravie, avaient justement pour objet de permettre l'écoulement de l'ouest vers l'est. »
Quant à l'aviation tchécoslovaque - « excellente », à en croire Daladier -, elle était, d'après les indications données par le chef de la mission militaire française, assez remarquablement puissante :
« Cela pouvait représenter de 1 000 à 1500 avions. Les Tchécoslovaques étaient assez bien équipés en avions de chasse ; ils avaient de très bons pilotes qui se sont admirablement conduits pendant la guerre. En France, en 1939-1940, nous avions près de 1 000 aviateurs tchécoslovaques, dont une très grosse majorité de pilotes, qui se sont très bien battus. Le matériel n'était pas mauvais non plus. Il y avait quelques avions de bombardement moyen d'origine russe, les meilleurs de l'époque, ce qui avait motivé une commande faite à la Russie.
Les Tchécoslovaques avaient une industrie d'aviation très développée, mais qui était en retard en ce qui concerne le bombardement ; ils cherchaient un avion de bombardement moyen, et l'avaient trouvé en Russie. »
On comprend que le général Faucher ait pu ajouter, non sans une légitime fierté, car il avait été un des principaux artisans de cette réussite :
« La Tchécoslovaquie a fait un effort continu pour sa défense nationale ; cet effort a été exceptionnel, remarquable, de 1933 à 1938. La Tchécoslovaquie s'était loyalement préparée à tenir sa place aux côtés de ses alliés en cas de guerre. Elle a été loyale dans la préparation de sa défense nationale comme dans sa politique, il n'en a pas été de même partout. »
Sur le théàtre d'opérations oriental, en cas d'attaque de la Tchécoslovaquie et avant toute intervention russe, l'Allemagne disposait d'une certaine supériorité avec plus de quarante divisions comportant une assez forte proportion d'unités blindées.
Cette supériorité n'était pas suffisante, toutefois, pour que l'on puisse prendre au sérieux les « quatre jours » de résistance accordées par Hitler à l'armée tchécoslovaque. Et même le mois envisagé par le 2è bureau français était loin de correspondre aux prévisions pessimistes du haut état-major allemand. Ainsi le chef de l'OKW, Keitel, devait déclarer :
- Nous avions toujours estimé que nos moyens d'attaque contre les fortifications de la frontière tchèque étaient insuffisants. D'un point de vue purement militaire, nous ne possédions pas les moyens nécessaires pour lancer une attaque qui nous eût permis de percer les défenses.
Von Manstein, qui n'appartenait pas à la même coterie, a confirmé :
- Il est hors de doute que si la Tchécoslovaquie avait résisté, nous aurions été arrêtés par ses fortifications, car nous n'avions pas les moyens de les percer. »
-
Et Hitler lui-même a reconnu :
- Après Munich, ce que nous avons pu voir de la puissance militaire tchécoslovaque nous troubla à la pensée du péril encouru ... »