Aujourdhui encore le travail accompli par le CICR pendant la SGM est largement occulté. Une des raions, mais ce n’est pas la seule, est que l’on a beaucoup reproché le fait que les dirigeants, alors au courant de l’Holocauste, n’aient pas alerté les médias ni même mis au courant son propre personnel. Il est clair qu’en faisant abstraction des risques de représailles à l’encontre des délégués ainsi qu’au risque de dégradation de l’apport vital aux prisonnniers occidentaux *, on peut en effet penser que les dirigeant auraient dû claironner l’horreur apprise.
Seulement voilà, en Suisse on en est resté encore au mythe que l’on pouvait traiter avec Hitler comme avec n’importe quel autre chef d’Etat. Or pour les dirigeants du CICR il n’existait qu’une puissance capable de tenir tête à Hitler : les Alliés. Ainsi ils ont averti uniquement les Alliés afin de préserver les envois de nourriture et les visites des délégués. Bien sûr que l’échec a été celui du refus absolu des nazis aux visites des camps de concentration, mais le CICR a toujours essayé d’y parvenir.
En 1923 déjà le CICR avait averti le monde du danger que risquaient les civils dans les guerres
http://www.livresdeguerre.net/forum/con ... ndex=43462* selon le témoignage d'un prisonnier anglais, sans les paquets du CICR, il y aurait eu beaucoup de prisonniers qui seraient morts de faim
Face à cette polémique l’historien Jean-Claude Favez a écrit
Mission impossibleMalheureusement aujourd’hui encore le travail accompli par les délégués du CICR reste inconnu, malgré souvent des comportements héroïques et de nombreuses vies sauvées.
Je ne connais qu’un témoignage celui du Dr Junod. Livre remarquable
http://www.livresdeguerre.net/forum/suj ... sujet=1175L'oeuvre du CICR pendant la guerre.
Un premier bilan officiel de la Croix-Rouge- internationale
p. 365
Un regard sur l'ensemble des activités du CICR s'impose, au moment de conclure l'histoire de ce chapitre particulier qu'ont été la protection et l'assistance aux déportés et aux détenus politiques et raciaux dans les camps de concentration.
Pour nous aider à dresser ce bilan, voici quelques chiffres établis au début de l'année 1946 par le Bureau du délégué du Conseil fédéral aux œuvres d'entraide internationale, à partir des indications du CICR. Ces chiffres, pour l'essentiel, seront confirmés par à la XVIIe Conférence internationale de la Croix-Rouge, tenue à Stockholm en 1948. Max Huber et Car1.J. Burckhardt donneront leur accord au document ci-dessous qui, répétons-le, émane non du Comité international lui-même, mais de l'autorité fédérale.
L'œuvre de la Croix-Rouge accomplie sur le plan international au cours du deuxième conflit mondial s'inscrit également pour une large part à l'actif de la neutralité suisse. Conformément à une tradition qui remonte à près d'un siècle, c'est la Suisse qui a fourni les cadres et le personnel du Comité international. Consciente du privilège d'avoir donné le jour à cette institution et de la conserver sur son sol, elle lui a en outre assuré les moyens nécessaires à l'accomplissement, en pleine indépendance, de tâches auxquelles l'extension de la guerre et son intensification ont donné des proportions gigantesques.
Sans doute les gouvernements belligérants et neutres de même que les sociétés nationales de la Croix-Rouge ont-ils largement accordé leur concours au Comité, mais c'est à ce dernier que revient le mérite d'innombrables démarches, d'initiatives souvent audacieuses et d'un labeur écrasant. II en rendra compte lui-même mais on comprendra que le Gouvernement suisse veuille, dans le cadre de cet exposé, illustrer les considérations qui précèdent au moyen de quelques chiffres.
Parallèlement aux Puissances protectrices, le Comité s'est occupé de 7 millions de prisonniers de guerre et de 175’000 internés civils, auxquels i/ a fait plus de 5000 visites au moyen de ses délégués, dont le nombre s'est élevé à 173.
L'agence centrale des prisonniers de guerre a compté jusqu'à 3700 collaborateurs.
Le Comité a répondu à 600’000 demandes d'enquêtes concernant des prisonniers et internés civils ; il a établi 50 millions de fiches et 3 millions de photocopies de listes de prisonniers de guerre. Son courrier a atteint 100 millions de plis.
Pour les civils privés de toute communication du fait qu'ils habitaient des pays ennemis, le Comité a créé les « messages civils », dont 23 millions furent transmis par l'agence ; dans 500’ 000 cas, on recourut à la voie télégraphique en raison de la lenteur des communications postales.
Indépendamment de l'œuvre accomplie par le Comité universel de l'Union chrétienne de jeunes gens (Y.M.C.A.), dont le siège est également en Suisse, le Comité international de la Croix-Rouge a fait parvenir dans les camps de prisonniers] 300’ 000 livres, 500 jeux, 15’ 000 partitions de musique et 2’ 000’ 000 d'objets divers pour les artisans, les techniciens et les artistes.
Plus de 33 millions de colis destinés aux prisonniers de guerre ont été acheminés par les soins du Comité. Ils représentent un poids total de 400’000 tonnes et une valeur de 3 milliards de francs suisses. De plus, du 12 novembre 1943 au 8 mai 1945, 750’ 000 colis représentant 2’600 tonnes furent adressés aux déportés dans des camps de concentration.
Les bateaux affrétés par le Comité et naviguant sous pavillon neutre (suisse dans plusieurs cas) ont transporté 410’000 tonnes de marchandises. Des secours confiés au Comité ont aussi été fréquemment transportés à bord des bateaux affrétés par la Suisse pour son ravitaillement ; de même, des trains entiers dé wagons de marchandises ont été mis par les chemins de fer suisses à la disposition. du Comité pour l'acheminement de secours.
Pour venir en aide aux populations civiles des pays occupés, en particulier aux femmes et aux enfants, le Comité s'associa avec la Ligue des sociétés nationale de la Croix-Rouge, dont les bureaux avaient été accueillis par la Suisse au début de la guerre. La « Commission Mixte de Secours » de la Croix-Rouge internationale, créée à cet effet, assura la distribution de plusieurs dizaines de milliers de tonnes de produits représentant une valeur de quelque 150 millions de francs suisses.
Le Comité collabora encore, toujours au moyen de personnel suisse, au recensement des prisonniers de guerre grands blessés et malades et à leur rapatriement. De plus il entreprit encore d'autres tâches médicales spéciales dans divers pays d'Europe.
Du 1er septembre 1939 au 30 septembre 1945, le total des dons mis à la libre disposition du Comité pour ses frais d'organisation, ses interventions et ses missions à l'étranger s'est élevé à 33'500’000 francs, couvrant pendant la même période 33 millions de dépenses effectives. Les dons de provenance suisse représentent 18'500’ 000 francs, soit 55 % des sommes perçues. A ces montants s'ajoute un crédit de 5 millions que le Parlement suisse a alloué le 19 décembre 1945 au Comité international à titre d'avance pour lui permettre de résoudre le problème financier urgent résultant de la poursuite de ses activités pendant la période consécutive à la cessation des hostilités.